A force de ne s’inquiéter que de la désindustrialisation de l’Hexagone pour cause de compétitivité insuffisante, on en oublierait presque que la France possède encore un outil industriel digne de ce nom. En l’occurrence, avec un chiffre d’affaires global de 121,8 milliards d’euros (Mds EUR) en 2015, en progression de + 1,2 % par rapport à 2014, l’industrie mécanique française a conservé son 6ème rang mondial l’an dernier (derrière la Chine, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et l’Italie), selon les chiffres livrés le 10 mars par la Fédération des industries mécaniques (FIM), lors d’une conférence de presse organisée, pour la première fois, dans les locaux d’une PME industrielle, Magafor.
Composées de nombreux sous-traitants de diverses filières (composants, engins et machines pour la construction, l’agriculture, l’aéronautique, l’automobile, désormais la forge et la fonderie…), cette industrie diverses est en outre très exportatrice : 48,3 Mds EUR facturés à l’expor soit 39,65 % du chiffre d’affaires global.
Conjoncture : bonnes performances grâce à l’Union européenne
La conjoncture 2015 a été contrastée selon les secteurs, dans un contexte plus favorable en fin d’année, avec le coup de pouce du suramortissement des investissements sur le marché intérieur, et une reprise à l’export. « Après un premier semestre faible, dû principalement à un recul de leur activité à l’international, les industries mécaniques françaises ont vu leurs prises de commandes s’améliorer notamment au 4ème trimestre grâce à l’effet du suramortissement, commente ainsi la FIM. Cette amélioration globale de l’activité a été enregistrée tant en France, qu’à l’international ».
De fait, alors que les ventes en France ont faiblement augmenté (+0,5%), les exportations ont progressé de 2,1 %, principalement tirées par les marchés européens.
Selon les chiffres de la FIM, les exportations vers l’Union européenne (UE) ont progressé de 3,6 % en 2015, représentant près de 55 % du total des exportations, tirées par le Royaume-Uni et le rebond des pays d’Europe du Sud notamment l’Espagne (+ 12 %), l’Allemagne restant cependant le premier client (15 % du total).
En revanche, le contrecoup des crises que traversent certains pays émergents et en transition se fait durement sentir : les exportations vers l’Europe hors UE ont connu un nouveau repli, ne représentent plus que 7,5 % du total (8,14 % en 2014), tirées vers le bas par « l’effondrement du marché russe », mais aussi « l’affaiblissement de la Turquie ». Même évolution sur l’Amérique du sud « pénalisée par le Brésil », dont la part passe de 2,8 à 2,5 %. Vers l’Asie-Océanie également, est ressenti un certain essoufflement lié au ralentissement chinois (la part de cette zone est passée de 13,9 à 13,3 % du total, dont 4,5 % pour la seule Chine et 1 % pour l’Inde).
Du coup, la part de l’Amérique du nord est passée de 9 ,3 à 10,1 % et celle de l’Afrique a légèrement augmenté de 8,3 à 8,4 %.
L’investissement repart, la FIM demande la prolongation du suramortissement
Si les secteurs liés à la construction et à l’agriculture souffrent tant en France qu’à l’international, les filières aéronautique et automobile ont été « particulièrement dynamiques ». Ainsi, le CA de la transformation des métaux (à laquelle est intégrée la fonderie) a progressé de 0,1 % sur 2015 « avec des sous-secteurs globalement en retrait, à l’exception de la sous-traitance, lié à la bonne santé de ses secteurs clients », celui de l’équipement mécanique a augmenté de + 2,6 % et celui de la mécanique de précision de + 0,4 %, après de fortes progressions les années précédentes.
Pour 2016, la FIM est prudente mais optimiste : elle mise sur une croissance de 1,5 % à la faveur de plusieurs moteurs de compétitivité que sont l’euro faible, des prix du pétrole bas de même que ceux des principales matières premières (minerais de fer, zinc, cuivre…). Mais pour elle, à l’instar d’autre fédérations telles que le GFI, « la priorité aujourd’hui est à la modernisation de l’outil industriel » surtout dans la perspective de « construire l’Usine du Futur ».
A cet égard, un des indicateurs de la bonne santé des industries mécaniques est à nouveau bien orienté : les investissements sont timidement mais nettement repartis l’an dernier en progressant de 1 % après trois années successives de baisse. Un signal positif alors que cette industrie n’a pas encore retrouvé, globalement, le niveau d’activité d’avant-crise (122,4 milliards d’euros en 2008) et affiche une sous-utilisation de ses capacités (80 % selon la FIM) tout en continuant à réduire ses effectifs (629000 salariés, soit 21 % de l’emploi industriel, en baisse de 1,7 %). De quoi justifier une demande insistante pour la prolongation « au-delà du 15 avril prochain » du dispositif de suramortissement. Pour l’heure, la réponse du gouvernement, qui attend des résultats en termes d’embauches, se fait attendre…
Christine Gilguy
*Ces chiffres intègrent pour la première fois les chiffres de la Fédération Forge Fonderie. A périmètre comparable, la progression serait de 1,3 %.
Pour prolonger :
Commerce extérieur : les secteurs et pays qui ont rebondi à l’export en 2015
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