Après le Moyen-Orient et les Bric
(Brésil-Russie-Inde-Chine), le Comité Colbert,
qui rassemble 75 maisons françaises de
luxe et 13 institutions culturelles, a décidé d’attaquer la Turquie en
2013. « Certes, ce pays n’a
contribué qu’à 2 % du chiffre d’affaires des membres de l’association, qui
s’élevait à 31 milliards d’euros en 2011, mais cette part est en forte
progression et la Turquie attire depuis deux ans de nombreux hommes d’affaires
du Golfe et de l’ex-URSS », a justifié la déléguée générale du comité, Élisabeth Ponsolle des Portes, lors d’un
petit-déjeuner de presse, le 11 décembre, au Musée Nissim de Camondo, à Paris.
Pour promouvoir le luxe français,
plusieurs opérations à vocation culturelle et économique seront menées à
Istanbul, du 16 au 22 janvier. A savoir, une exposition sur le thème de la
modernité et de la diversité présentant des artistes turcs et français, dont
l’association tricolore sera le mécène. Et le Festival Colbert qui permettra
aux maisons du comité d’organiser des évènements (présentation de collections,
créations spéciales…) dans leurs boutiques dans le quartier huppé d’Istinye
Park ou la rue Nisantasi,
équivalent turc de l’avenue Montaigne.
« Au portage, nous préférons
le mot solidarité, mais nous sommes bien dans cette idée. C’est ainsi que les
gros hébergeront de plus petits et que les moyens hébergeront des tout
petits », a indiqué Élisabeth Ponsolle des Portes, l’objectif étant de
donner une image complète et positive de l’art de vivre à la française. Ainsi,
Louis Vuitton accueillera Baccarat (arts de la table), Ercuis (orfèvrerie) et
Christian Liaigre (mobilier). Autre exemple, Christofle (orfèvrerie), Hédiard
(épicerie fine) et Perrier-Jouët (champagne) engageront des collaborations.
« Au total, 25 présidents
des maisons prestigieuses de luxe de l’Hexagone feront le déplacement, ce qui
leur permettra d’affiner leur connaissance du marché et de rencontrer leurs
distributeurs », se félicite Élisabeth Ponsolle des Portes. Nicole Bricq
accompagnera la délégation des patrons. La ministre du Commerce extérieur
pourra ainsi aborder les dossiers qui fâchent, comme l’accès au marché et le
respect de la propriété intellectuelle.
De façon concrète, les produits
de luxe sont soumis à une taxe spéciale à la consommation (ÖTV) de 20 %, à
laquelle s’ajoute une taxe à la valeur ajoutée (TVA) dont le calcul est
complexe. Ainsi, toutes taxes comprises, les cosmétiques subissent une
fiscalité de 41,6 %. Les vins et spiritueux ne sont pas mieux lotis. En
l’occurrence, au champagne sont appliqués un droit de douane de 50 %, puis des
taxes à la consommation de 275 % et, cerise sur le gâteau, la TVA de 18 %.
« En matière de contrefaçon, nous
souhaitons une tolérance zéro », souligne Élisabeth Ponsolle des Portes,
qui demande que « l’Administration turque mène des actions de fermeture
des magasins qui vendent des produits contrefaits » et que « le
système judiciaire punisse de façon efficace les contrefacteurs, notamment en
cas de récidive ».
La levée des barrières non
tarifaires comme l’éradication de la contrefaçon sont d’autant plus importantes
pour la France, que son image de marque et sa présences sont très fortes,
« supérieures à celle de l’Italie », selon la déléguée générale du
Comité Colbert. Quant à la concurrence locale, elle est limitée à quelques
secteurs comme le textile (Haremlique), l’hôtellerie (Pera) ou la joaillerie
(Gilan).
Dans un pays où la distribution
est très concentrée, les maisons françaises ont généralement noué des
partenariats. Par exemple, le groupe turc Demsa, qui détient 100 magasins dans
le luxe, la mode et l’immobilier, opère avec Pierre Balmain ou encore Pierre
Hardy. Demsa sera également le partenaire des Galeries Lafayette, qui
s’implantent sur place.
Dior est, pour sa part,
représenté par Beymen, propriété de la famille Boyner, qui
a fait fortune dans le textile. Au total, environ 40 membres du Comité Colbert
sont présents en Turquie, soit en partenariat avec des distributeurs, soit dans
des magasins multimarques, soit en direct.Un nouveau mall ouvrira en
2013 sur la rive européenne d’Istanbul et un second en 2015 sur la côté
asiatique. Autant de nouvelles opportunités offertes au made in France.
François Pargny
Pour en savoir plus:
Consulter
- 1 La fiche pays du MOCI sur la Turquie
- 2 Le GPS Business du MOCI sur la Libye, en tapant «
Turquie » dans l’onglet « Où », qui présente des actualités
et des dossiers d’informations, des appels d’offres, des textes
règlementaires, des listes de salons, des sites de référence et des noms
d’experts membres du Moci Club. - 3 Le dossier Turquie : Business, mode d’emploi
- 4 Le fichier joint sur l’accès aux marchés du luxe en Turquie