A l’approche du sommet du G20, qui se déroulera les 3 et 4
novembre à Cannes sous présidence française, le Medef a mis à l’honneur le B20
(Business 20) pour son université d’été. Ce sommet du B20, prévu du 1er au 3
novembre à Cannes, réunira les présidents des organisations patronales et chefs
d’entreprises des 20 pays* les plus développés.
Il représentera toutes les entreprises, aussi bien les PME
que les grands groupes, précise Frédéric Sanchez, président de la Commission
internationale du Medef. « Nous demandons l’opinion du terrain pour régler
les difficultés », précise-t-il.
Qualifié de « cénacle » par Pierre Lellouche,
secrétaire d’Etat au commerce extérieur, le B20 regroupe les voix des grands
patrons internationaux. Il permet d’entendre leurs préoccupations et leur
volonté de modifications. Dans un contexte de changement de donne, « où
l’Asie et l’Afrique concentrent trois quart des ressources humaines, tandis que l’Europe
et les Etats-Unis de moins en moins », il est important de connaître la
voix des émergents. La production aussi a changé de camp, « les cinq BRICS
concentrent 45 % de la croissance mondiale », précise Pierre Lellouche.
Les entreprises doivent donc s’intégrer dans le
questionnement international sur les 11 thématiques du B20, liées à l’ordre du
jour officiel du G20: coordination des politiques économiques, régulation
financière, réforme du système monétaire international, accès aux matières
premières, développement, emploi, lutte contre la corruption, commerce,
innovation, gouvernance mondiale et énergie.
« Les entreprises feront des recommandations aux chefs
d’Etat qui devront prendre des engagements en retour », explique Pierre
Lellouche. Selon lui, « les PME doivent être mises dans la boucle des
grands groupes. Le commerce extérieur est un secteur emblématique des problèmes
économiques français ». Et d’ajouter que « Les Français n’ont pas
compris qu’outre la dette, notre pays a un problème de déficit commercial qui
va se creuser cette année ! Le premier semestre 2011 a été très mauvais à
cause de l’explosion du prix des matières premières et de problèmes structurels.
Nous produisons moins, donc nous vendons moins ». Le secrétaire d’ Etat compte
sur le B20 pour répondre à divers enjeux qui menacent la France : la
surdépendance par rapport au marché européen et aux grands groupes et
l’insuffisant tissu industriel.
Hans-Peter Keitel, président du Bundesverband der Deutschen
Industrie (Association des industries allemandes), souligne, pour sa part, que
le B20 n’est pas un enfant de la crise. « Le B8 avait été créé en 2007
sous la présidence allemande de l’Union européenne, pour ramener l’industrie
sur le devant de la scène au moment du G8. » Aujourd’hui, avec l’explosion
de la globalisation, cela se justifie encore plus. Le dialogue entre le G20 et
les entreprises industrielles est d’autant plus important.
Frédéric Sanchez assure que ce B20 s’inscrira dans la durée,
« il va s’institutionnaliser, car il représente légitimement les
entreprises ». Il permettra de régler des problèmes courants auxquels sont
confrontées les entreprises, tels que la corruption. Cette stratégie devrait
aider à « lutter en amont et en aval et d’identifier les risques qui menacent
les entreprises », espère-t-il. Sylvie Matelly, directrice de recherche à
l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) se réjouit de
l’émergence de ce business mondial. « Enfin on entend les entreprises, principaux
acteurs de la mondialisation ! »
Le B20 est « force de proposition », estime
Maurice Lévy, P-dg de Publicis Groupe. Il va servir à montrer les
préoccupations des entreprises et voir ce qu’on préconise. Le B20 permet de
mettre en œuvre un nouveau modèle économique face à l’actuel qui « ne
colle plus à la réalité ».
Alix Cauchoix
* Les 20 pays :
Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Canada, Etats-Unis, Mexique, Arabie
Saoudite, Chine, Corée, Inde, Indonésie, Japon, Australie, Russie, Turquie,
Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Union européenne.