La France doit se tourner vers les pays d’Europe de l’Est pour croître à l’international, sur le modèle
allemand, a
préconisé le Medef lors d’un séminaire organisé le 10 mai sur cette zone géographique. L’Europe
de l’Est se révèle être un marché à fort potentiel pour des PME françaises «
persévérantes » et volontaires, a notamment témoigné Jacques Guyot, président de la PME familiale
Geb SAS, spécialiste de produits de second œuvre pour le
bâtiment qui a une filiale en Allemagne et en Pologne. « Pour les PME et PMI, le champ
d’action dans cette zone est très important » a rappelé de son côté Jean-Louis Schilansky, président du
Medef Paris.
Cette région est faite de pays très divers dotés
d’une caractéristique commune : « leur volonté de travailler et de croître.
Géographiquement l’Allemagne a un tropisme fort vers ces pays mais rien
n’est joué. Il faut entrer en action et que les entreprises françaises
saisissent les opportunités de ce marché », estime Jean-Louis Schilansky. Pour
Oliver Lenormand, P-dg de la société SVP qui accompagne les sociétés françaises
dans leur développement à l’international, « on peut s’implanter autrement
qu’en ouvrant une usine sur place : les partenariats, joint-venture ou
sous-traitant » sont des moyens à envisager. « Les pays de l’Est sont
demandeurs et sont dotés de compétences techniques et technologiques qui
n’existent parfois plus en France !» assure-t-il.
« Les opportunités sont encore considérables dans ces pays» affirme l’économiste Nicolas Bouzou,
directeur du cabinet d’analyse économique Asterès. « Pas la peine
d’aller jusqu’en Asie pour trouver des économies à forte croissance ! On peut
faire l’aller retour dans la journée et sans décalage horaire. » Il attire
cependant l’attention sur les taux de change car tous les pays ne sont pas en
zone euro. L’inflation est par exemple actuellement élevée en Roumanie, en Russie
et en Ukraine. Mais ajoute Nicolas Bouzou, ces pays jouissent d’une fiscalité «attractive
et simple, avec un taux d’imposition unique et un taux de prélèvement
obligatoire relativement faible pour les entreprises».
Les
prévisions d’investissement en Europe de l’Est sont positives : la région est
forte d’une « activité robuste, surtout avec la zone euro, et les projets
d’infrastructures sont nombreux, notamment grâce aux financements européens. Il
faut y aller maintenant, car les exportations pourraient être affectées par
l’affaiblissement de la croissance en zone euro.»
Cette
zone low-cost à l’échelle européenne dispose également d’un grand savoir-faire industriel et d’une main d’œuvre qualifiée. La
tendance actuelle, constatée par Maryline Bertheau, P-dg de Logos qui
accompagne les entreprises françaises sur les pays d’Europe centrale et orientale
(Peco), est le retour d’entreprises qui veulent sous-traiter dans les Peco
après être allés en Asie. En Europe de l’Est, les canaux de distribution sont
identiques à ceux de la France,
« sauf qu’ils sont moins bien structurés et il est plus difficile de trouver
des informations fiables ». Maryline Bertheau recommande de parler anglais
et si possible une langue slave, comme le russe, et de prendre garde aux normes
techniques et homologations propres à chaque pays. « Il faut une certaine
ténacité pour convaincre une entreprise et surtout être proactif, relancer,
venir régulièrement ».
Pour
Maryline Bertheau, le pays phare est la Pologne, celui qu’elle conseille pour commencer.
Avec une croissance à 3,7 % en 2010 et des prévisions à 4 % pour 2011, cet Etat
a le vent en poupe. Plus gros marché de la zone, suivi de la Hongrie, de la République tchèque et de la Roumanie, la
Pologne a une industrie très diversifiée, où « tous les
secteurs sont porteurs ». Et son ultime conseil est de prendre des décisions
rapidement car la zone est très concurrencée par la Hollande ou l’Allemagne.
Alix
Cauchoix