Décembre et janvier sont, traditionnellement, les mois où abondent les prévisions économiques destinées à éclaircir l’horizon des entreprises. Cette fois-ci, c’est l’incertitude qui prédomine, jusque dans la zone euro, où le spectre d’une sortie de la Grèce a assombri les perspectives positives liées à la reprise de la croissance dans la zone – certes modérée – avant les législatives du 25 janvier. La rédaction du Moci a pour sa part sélectionnée les trois grands indicateurs économiques et financiers à suivre cette année, car ils seront, dans un contexte de volatilité des marchés financiers et des matières premières, les stars qui feront la pluie et le beau temps sur les équilibres économiques de bien des pays, voire certaines tensions géopolitiques.
1/ Les perspectives de croissance
L’année 2015 est une année de légère accélération de la croissance mondiale, grâce, notamment, aux bonnes perspectives de croissance outre-Atlantique et à la reprise économique attendue en Europe, qui stimuleront les économies des pays en développement et émergents. La Chine, elle, doit continuer à ralentir. Le tableau ci-dessous, issu des prévisions économiques du FMI à octobre 2014, fournit une bonne vision globale des tendances. Des ajustements étaient attendus courant janvier 2015.*
2/ Les cours du pétrole : gagnants, perdants
Le cabinet d’analyse économique Thierry Apoteker Consultants (TAC) avait vu juste lorsqu’il indiquait dès le 19 décembre 2014, dans son bulletin « Flash Comment #82 », « qu’un mouvement à court terme vers les 40 USD par baril ne pouvait être écarté ». Il est passé en dessous des 50 USD le 5 janvier à New-York et affiche une chute de 50 % en moins d’un an ! Cet effondrement, dû à une production maintenue excédentaire sous l’impulsion des États-Unis et de l’Arabie Saoudite, pourrait ne pas durer : une remontée à 70/75 USD, voire plus, est attendue d’ici au printemps prochain selon la plupart des prévisions*. Mais la nouvelle est bonne pour les pays importateurs, mauvaise pour les pays producteurs trop dépendants de leurs ressources pétrolières… Parmi les plus fragilisés, citons la Russie, le Kazakhstan, l’Algérie, l’Angola, le Nigeria, l’Iran, le Venezuela… Les pays producteurs du Moyen-Orient, eux, sont jugés plus solides car disposant d’énormes réserves financières.
3/ Le cours EUR/USD : un plus pour les exportateurs de la zone euro
La fin de la politique accommodante de la Réserve fédérale américaine (FED) a donné le signal de la remontée des taux d’intérêt aux États-Unis, synonyme de remontée du cours du dollar. Les économistes s’attendent à une remontée progressive mais constante des taux américains (de 0,25 à 2 % fin 2015 pour les Fed funds, par exemple). Si elle peut faire souffrir certaines économies émergentes déstabilisées par les mouvements de capitaux vers les États-Unis, c’est plutôt un ballon d’oxygène pour la compétitivité des produits de la zone euro, donc des exportateurs. Mais attention à la volatilité des taux de change, qui rend difficile toute prévision. Pour n’en citer que deux, Société Générale prévoit prudemment un taux de change EUR/USD moyen de 1,2 sur l’ensemble de l’année 2015, le Crédit Agricole précise qu’après 1,24 en décembre, il pourrait terminer à 1,2 à la fin de 2015*.
Christine Gilguy
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* Sources : FMI (Perspectives de l’économie mondiale : nuages et incertitudes de l’après-crise-Octobre 2014) ; TAC (Flash Comment #82) ; Société Générale (Scenarioeco n° 17, décembre 2014) ; Crédit Agricole (Perspectives Macro n° 147, 1er trimestre 2015) ; COE-Rexecode (La Lettre, 1er janvier 2015).