« La Chine est en phase de transition économique », explique d’emblée Nadia Chen, chef de pôle NTIC, aéronautique et services chez Ubifrance en Chine, lors d’une présentation du marché chinois des technologies de l’information et de la communication (TIC) organisée le 15 juillet par Syntec Numérique.
La Chine est passée d’un modèle basé sur l’investissement et les exportations à un modèle où la consommation domestique, soutenue par le gouvernement, prime. « Le pays, observe Nadia Chen, est passé du made in China au made by China.»
Des besoins dans les services informatiques et logiciels d’entreprises
La Chine importe à hauteur de 20 % de ses besoins dans le secteur des TIC, mais elle est aussi le premier exportateur mondial d’ordinateurs portables, de téléphones mobiles et de logiciels. Le pays est très fort dans le domaine du hardware (matériel informatique) avec de très gros budgets nationaux qui sont alloués aux logiciels et services informatiques, le « New Generation Information Technology » faisant partie de l’un des sept secteurs stratégiques nationaux du 12ème plan quinquennal chinois. Le gouvernement n’hésite donc pas à recourir aux recrutements d’experts internationaux pour stimuler la filière.
Cependant, au sein des entreprises un sous-équipement en termes de logiciels et de services informatiques demeure. « Il y a un véritable contraste entre les champions nationaux comme Tencent et les entreprises qui sont sous-équipées sur le plan informatique », souligne Nadia Chen. « Les logiciels, les services informatiques et le conseil ont été négligés », ajoute-elle. Seules 20 % à 22 % des entreprises sont dotées d’une direction informatique et le gouvernement pousse désormais les entreprises chinoises à se doter de tels services en interne.
Internet : des opportunités pour les sociétés françaises
S’agissant d’Internet, la Chine est le premier marché mondial avec 580 millions d’internautes, un chiffre qui ne représente pourtant que 43 % de sa population. Parallèlement, les Chinois soumis à la censure sur Internet sont très actifs sur les réseaux sociaux au premier rang desquels figure Weibo, l’équivalent de Twitter. En moyenne, les Chinois possèdent cinq comptes sur les réseaux sociaux, et sont très actifs sur le web, avec plus d’un million de blogs recensés.
À cela d’ajouter que 45 % des internautes achètent en ligne. « La Chine, prévient Nadia Chen, passera devant les États-Unis et sera le premier marché mondial du e-commerce à horizon 2015. »
L’Empire du Milieu constitue également le premier marché mondial pour les smartphones – les ventes ont bondi de 137 % en 2012 –, ainsi que pour les PC et les tablettes. La Chine est aujourd’hui le 2ème marché d’Apple après les États-Unis et le 2ème marché également en nombre d’applications iPhone téléchargées.
À noter également, une montée en puissance du cloud computing porté par, un marché estimé à 20 milliards de dollars et des investissements massifs. La Chine a investi 3 milliards de dollars dans des infrastructures de cloud computing.
Autre constat, 65 % des logiciels utilisés sont étrangers, le marché est dominé par les Américains Microsoft, Oracle ou encore Cisco. « Il y a relativement peu de barrières à l’entrée car ce sont des secteurs encouragés », souligne Nadia Chen.
Plus largement, la Chine devient un terrain de R&D : environ 25 % des entreprises européennes déclarent faire de la R&D en Chine. Le centre R&D de Alcatel-Lucent à Shanghai est ainsi le centre de l’équipementier télécoms français dans le monde qui dépose le plus de brevets. En 2012, selon l’Office européen des brevets, la plus forte croissance de dépôts de brevets dans le monde est venue de Chine (+11,1 %), suivie de la Corée du Sud (+9,3 %) et du Japon (+9,1 %). De plus, les dépenses chinoises de R&D, en volume, ont progressé de 20 % par an sur la période 2002-2007, de quoi contrarier les idées reçues.
De manière générale, le marché chinois des TIC est assez fragmenté. « On recense 18 000 éditeurs de logiciels en Chine », avertit la responsable du bureau Ubifrance Chine, ce qui représente des possibilités d’acquisition pour les entreprises tricolores.
Les principales opportunités pour les entreprises françaises souhaitant percer le marché chinois des TIC résident dans le développement des applications et jeux pour smartphone et tablette, marché pour lequel il y a une forte demande des opérateurs de télécoms. « Typiquement, les Chinois veulent faire la même chose que l’App store (boutique en ligne d’Apple dédiée à la vente d’applications pour l’iPhone) », résume Nadia Chen.
Des opportunités existent également pour les fournisseurs de services dans les technologies de l’information (IT), il y a, en effet, peu de sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) domestiques de qualité, le marché du conseil est encore sous-développé. Les secteurs bancaires et de la santé cherchent notamment à upgrader leurs systèmes.
Des barrières à l’entrée
Avant d’attaquer le marché chinois, il faut savoir que le pays présente quelques contraintes de type administrative et réglementaire.
Il y a d’abord des contraintes d’enregistrement pour les entreprises qui doivent enregistrer leur logiciel auprès de la Software Industry Association. L’enregistrement des logiciels est impératif avant de pouvoir être commercialisé en Chine. « 40 % des logiciels en Chine, rappelle Nadia Chen, sont piratés, et 90 % des procès pour contrefaçon se font entre entreprises chinoises.»
Les entreprises étrangères doivent prendre en compte le piratage et la protection de la propriété intellectuelle avant de se lancer sur ce marché. « Il faut protéger son copyright », conseille-t-elle.
Une autre contrainte concerne la conformité aux standards nationaux chinois. À noter, par ailleurs, que la plupart des logiciels se situent dans la catégorie des « industries encouragées » et bénéficient d’une exemption fiscale.
Mais ces contraintes ne sont pas insurmontables : sur les quelque 2 000 implantations françaises en Chine, 200 le sont dans les TIC.
Venice Affre
Pratique :
Une mission TIC en novembre
Ubifrance organise une Mission French Tech Tour Chine 2013 : « Vendre à des grands comptes des TIC chinois » du 4 au 8 novembre 2013, à Pékin, Shanghai, Shenzhen
Inscription jusqu’au 31 juillet 2013 en cliquant ici
Pour en savoir plus sur l’événement : http://frenchtechtourchina.ubifrance-events.com/
Contact :
Ubifrance, Shanghai
Nadia Chen
[email protected]
+86 21 6135 2014