Suivant l’avis de la Commission Environnement, santé publique et sûreté alimentaire, les eurodéputés réunis en plénière, mercredi 11 février, se sont prononcés en faveur d’un étiquetage obligatoire du pays d’origine de la viande utilisées dans des aliments transformés. Adoptée par une large majorité (460 voix pour, 204 contre, 33 abstentions), la résolution – non contraignante – appelle la Commission européenne à légiférer en étendant l’obligation d’étiquetage du pays d’origine – déjà d’application sur la viande bovine fraîche – aux plats préparés tels que les lasagnes.
« Neuf consommateurs sur dix veulent savoir d’où provient la viande de leur burger ou de leur tranche de jambon. Alors que l’origine de la viande fraîche sera bientôt étiquetée, nous ne voyons pas pourquoi, pour les produits transformés, cette origine devrait passer à la moulinette en même temps que la viande», a commenté Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des consommateurs (BEUC).
« Après le scandale de la viande de cheval, il nous appartient de restaurer la confiance des consommateurs », s’est félicité, à l’issue du vote, Giovanni La Via (PPE, Italie), président de la Commission « Environnement » du PE. « Nous devons cependant veiller à ce que cela n’entraîne pas de charges supplémentaires pour les petites et moyennes entreprises, qui sont nombreuses dans le secteur », s’est-il néanmoins inquiété.
Et c’est bien la question du coût de la mesure et de sa répercussion sur les prix qui continuent à faire débat. Dans un rapport commandé par l’exécutif européen, au lendemain du scandale de la viande de cheval qui avait éclaté en février 2013, cette hausse des prix est évaluée entre 15 à 50 %. Pour de nombreux parlementaires, l’estimation a été volontairement gonflée par les lobbies du secteur pour éviter toute nouvelle législation contraignante. « Ce sujet a été caricaturé par les industries agro-alimentaires qui ont mis la pression sur les eurodéputés », a souligné Angélique Delahaye (PPE, France). « Les groupes des consommateurs sont défavorisés parce qu’ils ne peuvent faire face au poids des lobbies ! », a également regretté Glenis Willmott (S&D, Royaume-Uni).
Une autre étude publiée par l’association française UFC – Que Choisir obtient des résultats très différents. L’organisation de défense des consommateurs table, elle, sur une augmentation du prix de seulement 0,67 %. « L’argument du coût ne tient pas une seconde : pour un hachis parmentier surgelé, le coût passerait de 3,14 euros à 3,16 euros. Une paille ! Il est donc urgent d’agir dans l’intérêt des consommateurs », ont dénoncé les socialistes français Gilles Pargneaux et Eric Andrieu.
La balle est désormais dans le camp de la Commission européenne qui, dans ce cas de figure, n’est pas contrainte de suivre l’avis du Parlement. Les États membres auront, eux aussi, un rôle à jouer. Très mobilisée sur ce dossier, la France pourra s’appuyer sur la résolution du PE pour faire valoir la légitimité de la requête et convaincre ses homologues européens. « L’indication de l’origine de la viande doit être appréhendée comme un dispositif de valorisation des produits européens et non comme un élément visant à déstabiliser le marché intérieur », a indiqué le ministère de l’Agriculture français à l’issue du vote au PE. Stéphane Le Foll s’est d’ailleurs engagé à « mobiliser ses partenaires pour exiger de la Commission une telle initiative législative au plus vite ». Pour le ministre français de l’Agriculture, la mesure n’est pas seulement réclamée par les consommateurs mais aussi par les professionnels de la viande.
K. L., à Bruxelles
Pour aller plus loin :
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Pour prolonger :
– Marquage d’origine de la viande : les plats préparés dans le collimateur des eurodéputés
– Bœuf ou cheval ? Et si vous en parliez à “Rita” ?