Le groupe breton Olmix spécialisé dans les additifs naturels à base d’algues, d’argile et d’oligo-éléments destinés à la nutrition animale et humaine ainsi qu’à l’agriculture, a présenté le 26 février, en marge du dernier Salon international de l’agriculture (SIA), son projet d’usine de produits alimentaires pour animaux, à base de concentrés d’algues bretonnes et de protéines locales dans la zone franche de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire.
Le projet semble avoir tout le soutien des autorités ivoiriennes puisque la présentation s’est déroulée en présence de l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France, Charles Providence Gomis (à droite sur la photo), qui représentait le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques retenu à Abidjan pour accueillir le roi Mohamed VI.
C’est que le projet – qui comprendra à terme un laboratoire de santé animale et d’analyse des mycotoxines près d’Abidjan ainsi que plusieurs biotechs dans la région – vise à accompagner les progrès et le développement de l’agriculture ivoirienne. « Ce laboratoire, a informé Hervé Balusson, P-dg d’Olmix (à gauche sur la photo), sera le premier laboratoire d’Afrique de l’Ouest ! »
Une ouverture sur l’Afrique de l’Ouest
Le continent africain, en raison de son climat, est confronté à des mycotoxines présentes dans les matières premières (cacao, café, bananes, céréales) destinées à la nutrition humaine et animale. Les mycotoxines sont des composés toxiques produits par des champignons et qui ont des répercussions sur la santé humaine et animale.
En Côte d’Ivoire, l’agriculture contribue pour 35 % au PIB total et représente 70 % des recettes totales des exportations. Quant à l’élevage, il contribue pour 4,5 % du PIB agricole de la Côte d’Ivoire.
Le future laboratoire constituera un hub pour Olmix en Afrique de l’Ouest où le groupe envisage de répondre aux besoins des autres pays de la région (Cameroun, Sénégal, Ghana, Congo). « L’Afrique, est un continent qu’on observe de très près », commente Hervé Balusson. Olmix commercialise déjà ses produits dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Mali) via des réseaux de distributeurs spécialisés et a ouvert en 2012 un bureau de représentation commerciale à Abidjan. « Nous sommes également présents en Afrique de l’Est », prévient le P-dg dont les produits sont distribués au Kenya ou en Ethiopie.
Moins de deux ans de préparation pour intégrer le projet dans le C2D ivoirien
Originaire du Morbihan, cette entreprise de 250 salariés a réalisé un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros en 2013, dont 80 % à l’export dans près de 70 pays. Le groupe Olmix avait rencontré en septembre 2012 le gouvernement ivoirien en Bretagne à l’occasion d’un symposium de scientifiques au cours duquel l’équipe de R&D d’Olmix avait présenté ses dernières découvertes sur les algues et leurs propriétés.
Puis la société bretonne a fait partie de la délégation de PME et ETI ayant accompagné le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici lors de son déplacement en Côte d’Ivoire le 1er décembre 2012pour signer un Contrat de développement et de désendettement (C2D) sur la période 2012-2015 avec le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, un programme qui va justement permettre le financement de l’usine d’Olmix. Début février 2014, Olmix rencontrait le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, pour les derniers détails.
Pour mémoire, le C2D est un mécanisme d’annulation des créances d’aide publique au développement, à travers un refinancement par dons, des échéances de la dette remboursée par la Côte d’Ivoire à la France.
D’un montant de 630 millions d’euros (413 milliards de FCFA), la première tranche de ce C2D doit permettre le financement de divers projets dans les secteurs de l’éducation, formation, emploi, la santé, l’agriculture, développement rural et biodiversité, le développement urbain, l’eau potable, les infrastructures de transport et la justice.
Le projet de laboratoire et d’usine de production à Abidjan fait donc partie des projets qui seront financés dans la seconde tranche du programme. Son dossier doit être traité en avril 2014. « C’est la Côte d’Ivoire, a tenu à préciser le P-dg, qui décide de la priorité accordée au dossier.»
Nourrir 9 milliards d’hommes en 2050
C’est un succès non négligeable pour ce groupe breton, dont l’équipe de R&D travaille sur ce projet d’innovation technologique depuis deux ans. Le nouveau procédé s’appuie sur la technique du craking qui permet d’extraire les principes actifs des algues pour les intégrer dans les produits finaux. Les protéines ainsi extraites se substituent aux protéines animales dans l’alimentation des animaux et l’élevage aquacole.
« Nous arrivons aujourd’hui à réduire de 50 % la mortalité chez les poulets », indique Hervé Balusson (résultats d’essai SeaLyt-Searup spark 2013). Ce projet vise à rendre les animaux ruminants, en particulier les plus jeunes, résistants aux maladies en stimulant leur système immunitaire, et les sols plus fertiles pour améliorer les rendements. En fin de chaîne alimentaire, cela doit permettre de nourrir l’homme.
Olmix a basé son développement sur la recherche d’alternatives naturelles aux antibiotiques, engrais et pesticides. Nourrir 9 milliards d’hommes demain, en 2050, tel est le défi relevé par Olmix.
« Cela fait dix ans que nous sommes en Asie, mais l’Afrique sera le prochain grand continent », relève Hervé Balusson. « Si on veut être en Afrique dans 10 ans, il faut y être maintenant », assure-t-il.
Venice Affre