Le ministre des Affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, devrait se rendre au Koweït fin janvier 2015. La France est un fournisseur modeste de cet émirat du Golfe, avec des exportations inférieures à 307 millions pour les neuf premiers mois de l’année 2014. Alors que le Koweït va devoir se lancer dans la modernisation de son économie, il n’est ainsi que le 75e client de l’Hexagone, juste devant le Venezuela et derrière l’Irak. Selon l’ambassadeur de France Christian Nakhlé (notre photo), la part de marché de la France y serait de l’ordre de 2,5 %, inférieure à celles de l’Allemagne et « de l’Italie cette année ».
« C’est le pays de la région qui a fait le moins pour sa diversification économique », expliquait, le 8 décembre à Paris, Jacques de Lajugie, chef du Service économique régional (SER) au Proche et au Moyen-Orient, lors d’un atelier d’information sur la Jordanie, le Koweït et Oman. Le Koweït n’est pas menacé par un effondrement du cours du baril de pétrole. « C’est une économie solide, bien gérée par des professionnels », selon Jacques de Lajugie, qui rappelle que l’équilibre du budget kowétien est établi sur un prix du baril de brut à 58 dollars. Or, si le cours de l’or noir, déjà en baisse, devait encore tomber, « même à 65 dollars le baril, la situation serait telle qu’il pourrait beaucoup plus facilement la gérer que d’autres pays producteurs », comme « l’Arabie Saoudite, Oman, Bahreïn ou l’Irak dont le prix d’équilibre du baril est supérieur à 100 dollars ».
Secteur privé : « des négociateurs prudents, compétents, doués en affaires »
En revanche, la part des hydrocarbures dans le produit intérieur brut (PIB) est plus importante au Koweït qu’en Arabie Saoudite, au Qatar et aux Émirats Arabes Unis. Peu de grands projets d’infrastructures et de développement ont, en effet, abouti entre les années 2000-2010 pour des raisons politiques : lutte d’influence au sein de la famille régnante, opposition entre le gouvernement et le Parlement. Même l’exploitation des champs de pétrole du nord, qui devrait permettre de porter la production de 2,5 millions à 4 millions de barils par jour (bj), est devenue un serpent de mer.
«Aujourd’hui, ils vont, pourtant, devoir le faire. De même, pour la modernisation de Koweït Airways », juge le chef du SER, qui observe que le Koweït a aussi « pris un train de retard en matière d’infrastructures aéroportuaires ».
Cette nation du Golfe ayant accumulé des excédents financiers considérables, représentant de l’ordre de 20 à 30 % du PIB, et les seuls avoirs de Koweït Investment Authority étant estimés à 350 milliards de dollars fin juin -deux ans de PIB !-, « l’État a les moyens de s’engager dans des chantiers du futur », observe Christian Nakhlé. En outre, remarque-t-il, « les flux d’affaires viennent autant des contrats par l’État que par la Chambre de commerce et le secteur privé koweïtiens qui sont puissants ».
Ubifrance : un bureau le 1er février 2015
Selon lui, « les grandes familles sont bien organisées, informées, structurées » et « ce sont des négociateurs prudents, compétents, doués en affaires », recherchant, « par confort, des partenariats à long terme », ce qui a un avantage, « la fidélité ». Revers de la médaille : « il faut, pour gagner et supplanter une concurrence déjà installée, trouver des créneaux dans lesquels on présente des innovations par lesquelles on est capable de montrer qu’on est meilleur ».
D’où la décision pour accompagner les PME de l’Hexagone de doter Ubifrance d’un bureau qui serait ouvert à Koweït City « le 1er février 2015 », précise François Sporrer, directeur de l’agence publique pour le Proche et le Moyen-Orient.
Le maître mot, insiste Christian Nakhlé, c’est « professionnalisme ». De façon générale, le secteur privé est très au fait de l’offre européenne, en particulier française, ce qui implique pour les PME tricolores d’être bien préparées et bien orientées, de connaître parfaitement leurs produits et d’être compétitives. Comme il y a de nombreux partenaires potentiels, il faut bien choisir, d’autant qu’en cas de changement ou de retrait, précise l’ambassadeur de France au Koweït, « il faut que ce soit bien compris, car tout se sait dans ce pays ».
François Pargny
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