Dix jours à peine après la levée des sanctions, l’Iran sort donc de son isolement pour se tourner vers l’Europe. C’est à Rome que Hassan Rohani a débuté le 25 janvier sa tournée européenne et son grand retour sur la scène économique internationale, avant de se rendre à Paris, non sans un crochet remarqué au Vatican. « Le marché iranien s’offre aux investisseurs italiens et européens pour leur permettre de s’implanter ensuite dans toute la région », commentait le Président iranien.
17 milliards de contrats pour l’Italie
Accompagné de plusieurs ministres et d’une centaine d’acteurs économiques, Hassan Rohani souhaitait ainsi marquer la reprise des affaires et le dégel des relations diplomatiques. Un pari tenu en Italie. Selon des sources gouvernementales italiennes, le montant total des contrats signés en 48h entre les entreprises des deux pays, s’élève à environ 17 milliards d’euros. L’Italie tient d’ailleurs une bonne place dans la concurrence que se livrent certains Etats membres de l’UE pour rafler sa part du gâteau. Ses exportations vers l’Iran devraient presque tripler au cours de cinq prochaines années pour passer de 1,1 milliards en 2014 à 3 milliards en 2018, estime-t-on à Rome.
A l’instar de la France ou de l’Allemagne, le pays de Matteo Renzi avait anticipé la levée des sanctions. En novembre 2015 une délégation de quelque 378 personnes issus de 12 banques et de 178 entreprises – la plus importante depuis le dégel des relations – avait fait le voyage jusqu’à Téhéran.
Le président iranien veut attirer les investisseurs
La France n’a pas été en reste ces derniers mois* et elle devrait elle aussi parvenir à placer ses pions sur le très convoité marché iranien. Arrivé le 27 janvier à Paris, Hassan Rohani devrait notamment confirmer la commande d’un minimum de 114 Airbus. «Des contrats importants seront probablement signés aussi bien avec Peugeot qu’avec Renault », avait annoncé le président iranien avant sont départ pour l’Europe. Son principal objectif : trouver des grandes firmes susceptibles d’investir massivement dans l’industrie du pétrole et du gaz ainsi que dans son secteur automobile, indiquent des sources iraniennes citées par le quotidien en ligne politico.eu.
La tâche pourrait être difficile car les besoins se chiffrent à plusieurs milliards de dollars. Des financements qui exigeront des garanties solides, or l’avenir de l’accord scellé sur le nucléaire reste très incertain à ce stade. Les élections prévues cette année en Iran et aux Etats-Unis représentent un autre facteur d’instabilité. L’issue des deux scrutins en faveur des conservateurs pourrait en effet remettre en cause le difficile compromis obtenu après de longs mois de négociations.
« Plusieurs capitales en Europe restent vigilantes quant aux positions de Téhéran sur la scène internationale, notamment en Syrie et au Yémen », explique un membre du service européen d’action extérieure. Même si la question ne prime pas sur les intérêts économiques, les diplomates à Bruxelles voudraient profiter de la reprise du dialogue pour mettre sur la table la question des droits de l’homme ou celle des relations de plus en plus tendues avec l’Arabie Saoudite. « La confiance doit se construire. C’est comme en amour, seules les preuves sont importantes », commentait un diplomate français cité par l’agence Reuters.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire notamment sur notre site : Iran/Commerce extérieur : Business France jette toutes ses forces pour y relancer la France et notre dernier Dossier Iran 2015