Un processus d’imagerie optique pour la détection du cancer, des bio-produits fabriqués avec des insectes, une main bionique imprimée en 3D. Une nouvelle fois, encore, les technologies présentées lors du palmarès 2015 de l’édition française du concours Innovators Under 35 se veulent révolutionnaires. L’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT) a récompensé 10 innovateurs français de moins de 35 ans lors d’une cérémonie organisée, le 15 avril, à Paris dans les locaux de l’Atelier BNP Paribas.
Fondée en 1899, la revue MIT Technology Review fait office d’autorité à l’échelle planétaire sur l’avenir des technologies de l’information et des télécommunications (TIC), de l’énergie, de la biomédecine et d’Internet. Son objectif est de promouvoir et soutenir la connaissance et le développement des technologies émergentes dans les pays et d’en analyser les implications commerciales, politiques et sociales. À travers sa revue, le MIT récompense chaque année de jeunes entrepreneurs et chercheurs internationaux qui combinent technologie, innovation et création. Créée outre-Atlantique en 1999, la communauté Innovators Under 35 s’est internationalisée à partir de 2007, faisant escale en Europe (Italie, Espagne, Allemagne) –la Belgique et la Pologne ont rejoint la communauté européenne cette année– et en Asie (Chine, Singapour) afin de repérer une nouvelle génération de talents. Celle-ci a rejoint à son tour la communauté des innovateurs américains de moins de 35 ans pour donner naissance à une communauté internationale de jeunes innovateurs. La France accueille ce palmarès pour la troisième fois cette année.
Dix Français ont ainsi été récompensés pour leurs technologies qui vont bouleverser le quotidien de millions de personnes dans le monde. Les lauréats de l’édition 2015 « Innovators Under 35 France »sont :
1. Anaïs Barut, 22 ans (Revin, Champagne-Ardenne), co-fondatrice de DAMAE Medical, société conceptrice d’un dispositif médical permettant au dermatologue au sein même de son cabinet d’acquérir des images de l’anomalie cutanée en profondeur, directement à la surface de la peau, de manière non invasive. Anaïs Barut est récompensée pour avoir développé un processus d’imagerie optique pour la détection rapide et non-invasive du cancer de la peau.
2. David Cohen-Tanugi, 28 ans (Paris). Ce jeune doctorant a développé, avec son directeur de thèse, au sein du MIT –qu’il a intégré en 2010, après un bachelor en physique à l’université américaine de Princeton– une membrane de graphène nano-poreux capable de dessaler l’eau plus efficacement que toutes les autres méthodes basées sur les polymères. Un système beaucoup plus propre en termes d’énergie.
3. Xavier Duportet, 27 ans (Lyon), fondateur d’Eligo Bioscience. Son projet se base sur le développement des techniques d’édition génétique avancée pour créer des antibiotiques capables d’éliminer certaines bactéries tout en laissant le reste de la flore bactérienne intacte. Une innovation qui lui vaut de recevoir une reconnaissance additionnelle. Le jeune innovateur a ainsi été nommé Innovateur de l’Année.
4. Antoine Hubert, 31 ans (Paris) est le créateur d’Ynsect, la première bio-raffinerie d’insectes mondiale. Utiliser les farines d’insectes comme source d’alimentation animale, c’est l’idée de la start-up de biotech francilienne Ynsect (« the insect company »), fondée en 2011 par quatre associés, dont Antoine Hubert. À partir de larves de scarabées, la start-up produit notamment des poudres de protéines et des huiles, destinées à la nutrition animale, en particulier l’aquaculture. Mais le développement d’Ynsect ne se limitera pas à la seule alimentation animale. Des débouchés existent dans d’autres domaines de la chimie verte, comme les cosmétiques, la pharmacie, ou même dans le bioplastique.
5. Nicolas Huchet, 31 ans (Niort), est le créateur du projet Bionico Hand, une main bionique en open source et imprimée en 3D. A la suite d’un accident du travail, en avril 2002, Nicolas Huchet, alors mécanicien industriel, est amputé d’une main. Appareillé d’une prothèse myoélectrique il se reconvertit dans le dessin industriel, puis part vivre en Irlande et y devient ingénieur du son. En 2012, après 10 ans d’utilisation, la prothèse atteint ses limites. Nicolas Huchet apprend alors l’existence des prothèses polydigitales, qui permettent notamment de bouger les doigts. « J’ai découvert, en même temps, que ce n’était pas remboursé par la Sécurité sociale. À l’époque cela coûtait 30 000 euros ». Inaccessible donc pour la plupart des personnes handicapées. Nicolas Huchet travaille alors à fabriquer une prothèse à partir d’une main robot, en l’imprimant en 3D, qu’il développe au sein du FabLab de Rennes. Ce projet lui a également valu d’être nommé Innovateur Social.
6. Romain Lacombe, 31 ans (Paris), diplômé de l’École polytechnique et du MIT, est le fondateur de Plume Labs. Cette start-up a développé les premiers capteurs portables et personnels permettant de mesurer la pollution de l’air. L’objectif de Plume Labs est de mieux informer les gens en temps réel sur l’air qu’ils respirent, là où ils se trouvent. Le tout grâce à un objet connecté, appartenant à la famille du quantified self, pratique de la « mesure de soi » consistant à recueillir un maximum de données pour améliorer son bien-être et sa santé, et qui mesure les principaux polluants de l’air en intérieur et en extérieur auxquels sont exposés les êtres humains.
7. Séverin Marcombes, 27 ans (Paris) est le P-dg et cofondateur de Lima, une solution sécurisée pour le stockage de fichiers sur plusieurs appareils. Les utilisateurs doivent préalablement brancher l’adaptateur Lima à un disque dur et à leur box Internet, puis télécharger l’application sur tous leurs appareils (ordinateurs, tablettes, smartphones) dont ils souhaitent unifier la mémoire. Lima va collecter tous les fichiers existants de ces appareils et les copier automatiquement au sein d’un seul lieu de stockage : le disque dur du foyer.
8. Mathieu Nebra, 29 ans (Montpellier), co-fondateur d’OpenClassrooms, a créé la première plateforme française d’e-éducation. Openclassrooms recense 2,7 millions de membres qui viennent se former sur la plateforme tous les mois et a créé une communauté d’un million de membres qui ont un compte sur le site et qui ont créé un peu plus de 1 000 cours.
9. Julie de Pimodan, 31 ans (Paris), créatrice de Fluicity. Elle encourage l’engagement civique grâce à une plateforme qui connecte les citoyens et les gouvernements locaux. Fluicity part d’un constat simple : la communication entre élus et citoyens est uniquement à sens unique. Son ambition : renouer le contact entre les maires et les citoyens de leur ville, en leur permettant, par la récolte de données, de mieux identifier leurs attentes et leurs besoins.
10. Pierre Valade, 28 ans (Paris), co-fondateur de Sunrise, une application qui permet aux utilisateurs de gagner du temps en leur rassemblant tous leurs calendriers sur une seule plateforme. L’utilisateur peut connecter ses réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn, Twitter) ainsi que ses applications de productivité (Asana, Todoist, Evernote…) et ses comptes d’événements (Eventbrite, Meetup…) pour tout retrouver sur l’application Sunrise.
Pour renforcer la communauté mondiale, MIT Technology Review a lancé le 14 janvier 2015 l’initiative européenne Innovator under 35 Europe avec la collaboration de BNP Paribas et de L’Atelier BNP Paribas. Six pays ont pris part à ce projet : la France, la Belgique, la Pologne, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. Les gagnants de ces six éditions se rencontreront lors du Summit Europe, en novembre prochain, qui aura lieu au siège de la Commission européenne, pour partager leurs connaissances et leurs expériences.
Venice Affre
Pour prolonger :
– www.innovatorsunder35.com/innovators-under-35
– Découvrez le portrait et le parcours des lauréats de l’édition 2015 au lien suivant : www.gouvernement.fr/10-francais-qui-innovent-distingues-par-le-mit-innovation-fiersdelafrance