La PME française Total
Immersion, leader mondial de la réalité augmentée, a pris pied il y a deux ans
à Hong Kong. Objectif : renforcer sa présence en Asie, un marché en pleine
expansion.
Dans le
bureau blanc immaculé qu’il loue à la Chambre française de commerce et d’industrie
à Hong Kong Philippe de Passorio, directeur régional de Total Immersion pour l’Asie
et le Pacifique, s’amuse : « Il
y a deux ans pour faire une démonstration de notre technologie, il fallait
transporter deux tours de PC et beaucoup de câbles, maintenant un portable ou
un smartphone suffisent ». Ainsi qu’un… morceau de carton. Ou plutôt l’emballage
d’une boîte de jouet. Présenté à la caméra d’un ordinateur portable sur lequel
est installé le logiciel développé par Total Immersion, il déclenche une
animation en 3D du jouet.
Créée en
1999 par Bruno Uzzan et Valentin Lefèvre, Total Immersion est une entreprise basée
à Suresnes, en région parisienne, et spécialisée à l’origine dans les simulateurs
destinés à l’industrie automobile et à l’armement. « Nous sommes les premiers à avoir sorti cette technologie du
laboratoire », lance fièrement M. de Passorio. En l’occurrence celui
de l’école polytechnique de Lausanne, en Suisse. Les applications sont
multiples : essayage de lunettes depuis chez soi sur les sites d’Atol ou
de Smart Buy (un e-commerçant chinois), jeux vidéo (l’entreprise est un
discussion avec des opérateurs chinois et japonais), opérations marketings
(comme les chips Pringles pendant les Jeux Olympiques de Pékin ou le lancement des figurines des personnages d’Avatar),
l’aéronautique (essais virtuels de l’A380)…
Le modèle
économique suivi par cette PME de 100 personnes est celui du partenariat. « Pour rentrer dans notre réseau, qui compte
désormais 150 membres, il en coûte 6000 euros, alors qu’il y a deux ans le
ticket d’entrée s’élevait à 30 000 euros », explique M. de
Passorio. Les partenaires sont ensuite formés à l’utilisation du logiciel et y
apportent leurs propres contenus, qu’ils commercialisent ensuite et reversent
des royalties. Côté capital, la jeune pousse a d’abord fait appel à des
business angels, bientôt rejoints par les investisseurs Partech International
et Elaia Partners.
En mars 2011
l’entreprise a levé 5,5 millions de dollars américains au cours d’un round
dirigé par le fonds d’investissement Intel Capital. Et c’est justement avec
Intel, le géant américain des microprocesseurs que Total Immersion va
travailler à la prochaine évolution de sa technologie, à savoir son intégration
sur le chipset d’un ordinateur (soit directement dans les composants électroniques
de la carte mère). Une levée de capital qui doit également aider l’entreprise à
poursuivre son développement international. Présente en Europe, aux Etats-Unis,
à Dubaï, au Brésil et au Mexique, Total Immersion table sur le marché asiatique,
où elle réalise déjà 30 % de son activité. A Shanghai, elle dispose d’une « équipe
offshore » de développeurs.
Mais c’est à
partir de Hong Kong que l’entreprise a choisi de rayonner sur la région « Nous avons prospecté à Hong Kong sur
le conseil de nos investisseurs, explique le directeur régional. Sa situation est centrale, nous sommes à
deux heures d’avion de Shanghai, trois de Pékin et quatre de Tokyo. Il n’y pas
de taxes et il y a un certain prestige à être installé à Hong Kong ».
Seule ombre au tableau : les loyers exorbitants. Philippe de Passorio a
bien pensé au Cyberport, un gigantesque incubateur situé à l’est de l’île de
Hong Kong, mais « trop excentré,
loin des restaurants et des bars où l’on peut emmener nos clients ».Finalement,
il loue un bureau à la Chambre française de commerce et d’industrie, à un tarif
défiant toute concurrence (l’équivalent de 250 euros par mois).
Au départ
très peu connue du grand public, la réalité augmentée est en train d’investir le
quotidien des consommateurs. En grande partie grâce à cette entreprise pionnière
qui ne réalise désormais plus que 10 % de son chiffre d’affaires en France. Mais c’est à
Suresnes que travaille la matière grise de Total Immersion. « En Asie ou
aux Etats-Unis, nous ne trouvons pas de profils aussi pointus qu’en France en
mathématiques et en 3D », souligne Philippe de Passorio.
Sophie
Creusillet, envoyée spéciale à Hong Kong
Pour en savoir plus :
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