Dès la création de l’entreprise, en 1974, les fondateurs, Maurice et Monique Gorgy, misent tout sur l’électronique. Le métier de la société, c’est la « synchronisation horaire », c’est-à-dire le transport d’une information horaire sécurisée quelle que soit la distance, et la datation d’événements de haute précision. « Nous sommes le leader technologique européen dans notre métier », affirme Maurice Gorgy.
L’entreprise commence par de l’import-export de produits d’horlogerie suisse et japonaise haut de gamme pour l’industrie.
En 1979, la gamme d’horloges numériques à Led de Gorgy Timing est prête. Elles remplaceront les 2 000 horloges analogiques de Radio France. Dans la foulée, Gorgy reçoit ses premières commandes de grands donneurs d’ordres séduits par son audace technologique. Le constructeur Saudi Oger International introduit la PME grenobloise en Arabie Saoudite dans les palais, les hôtels, les hôpitaux. La même année, l’entreprise libanaise d’électricité Debbas les emmène au Liban. « Nos produits voyagent bien ; pas besoin de spécialiste pour la maintenance, comme avec les horloges électromécaniques. » Gorgy attaque l’export avec des agents. Elle en compte 18 aujourd’hui dans le monde.
Autre grande nouveauté technologique : Gorgy Timing fiabilise le mode de transmission de l’heure sur de grandes distances (jusqu’à 20 km), par la mise au point d’un code binaire horaire, via une simple ligne téléphonique. Tous les secteurs où la datation horaire est critique adoptent ce nouveau code et, très souvent, font appel à Gorgy Timing : les stations de radio et les chaînes de télévision (60 % du marché européen), les chemins de fer, les métros, les centres de contrôle aérien internationaux (plus de 600 centres équipés), les centrales d’énergie, les hôpitaux. La PME ouvre des filiales à l’étranger. En Allemagne, en 1990, pour couvrir les pays nordiques et l’Europe de l’Est. Et en Espagne, en 1995, pour desservir le marché ibérique et l’Amérique latine.
Son grand concurrent est l’américain Symmetricom et son département Temps/Fréquence, omniprésent à l’international. Aussi, en 2002 Gorgy Timing engage un partenariat avec le suisse Oscilloquarz pour répondre aux marchés de « temps/fréquence », système utilisé pour une datation ultrafine des événements des centrales d’énergie et des télécommunications.
À partir de 2004, Maurice Gorgy se déplace en Asie avec deux objectifs : faire du sourcing et trouver des distributeurs. Qu’il déniche : le premier à Taïwan, puis un deuxième à Shanghai. « C’est le marché de la synchronisation des centrales d’énergie qui est visé, marché mature pour les hautes précisions ». Mais « les distributeurs sont peu fidèles et à la recherche du prix ». Comment s’ancrer en Chine, tout en protégeant son savoir-faire ? Gorgy Timing crée une joint-venture avec Polaris, un groupe de 3 000 personnes, appartenant à 100 % à l’État chinois. Polaris Gorgy Timing Technologie Co Ltd répond aux marchés nationaux dans le domaine des transports ferroviaires, où le potentiel est colossal. Elle réalise un chiffre d’affaires de 850 000 euros en 2010.
« Nous ciblons aussi les Émirats et les pays de la Méditerranée », indique Nicolas Gorgy, le fils des fondateurs. Avec sa sœur Amandine, ils prendront les rênes de l’entreprise en 2014. À cette date, selon Maurice Gorgy, l’entreprise réalisera 70 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Séverine Cattiaux