Spécialiste du sourcing et éditrice d’un logiciel de gestion des achats, la start-up Sourcing Force lorgnait depuis des années le marché nord-américain, où elle a des bureaux depuis deux ans, avant que ne survienne la crise sanitaire. Pas de quoi désarçonner la startup lyonnaise qui fourmille de projets à l’international.
La crise a réussi à Sourcing Force. En 2020, son chiffre d’affaires a fait un bond spectaculaire de 160 % pour atteindre 12,8 millions d’euros. La raison ? Une connaissance fine des chaînes d’approvisionnement et des arcanes de la logistique qui a permis à l’entreprise de dénicher des protections individuelles contre le Covid-19 (masques, blouses…) quand il était difficile de s’en procurer. « Grâce à notre réseau en Asie et en Europe de l’Est, nous avons pu fournir l’État, en l’occurrence les centres pénitentiaires, mais aussi de grandes entreprises comme Thalès, se remémore Olivier Audino, P-dg de Sourcing Force (notre photo).
Une solution e-achats utilisée par Rolls Royce, Daikin, Roche et bioMérieux
Mais cette crise n’a pas eu que des effets bénéfiques, elle a aussi fait prendre du retard à la startup dans ses ambitions internationales. Non pas dans l’externalisation des achats pour d’autres entités, mais dans son autre activité : le logiciel de gestion dématérialisée des achats qu’elle a développée.
Cette suite intégrée totalement personnalisable, équivalent d’un CRM achats, permet de gérer le stock, la facturation des fournisseurs, les contrats… Bref d’optimiser la chaîne d’approvisionnement et d’augmenter la compétitivité. Un sujet d’actualité ! De grands comptes comme Rolls Royce, Daikin, Roche ou bioMérieux sont équipés de cette solution. Et la startup de 60 personnes basée à Ecully, dans la banlieue de Lyon, souhaite l’exporter sur le marché américain.
Pourquoi les États-Unis ? « Nous songions à développer l’Europe, mais cela demandait d’adapter l’outil en fonction de chaque langue et chaque culture, nous avons préféré fournir cet effort une fois », explique Olivier Audino.
Depuis deux ans, Sourcing Force loue des bureaux à Toronto et à Chicago afin de lancer son activité. Elle a embauché deux volontaires internationaux en entreprise (V.I.E.), un spécialiste du marketing digital et un commercial, et recruté deux personnes pour l’instant bloqués en France en raison des restrictions de déplacement.
L’aventure américaine repoussée à 2022
« En deux ans nous avions effectué un travail de partenariat avec des revendeurs et répondu à des appels d’offres d’entreprises américaines mais tout a été gelé », regrette le dirigeant qui s’est fait accompagner dans son développement à l’international par Altios et Business France.
En outre, avant que ne survienne la pandémie de Covid-19, un programme de sept conférences organisées en partenariat avec des acteurs français et locaux (Axis, Fynlam, Procurement Academy) avait été établi afin de faire connaître la startup auprès des clients américains. Toutes annulées.
Partie remise en 2021, pour cette série de « salons privés » et la continuation du travail relationnel, avant une année 2022 que le dirigeant espère concluante sur le continent nord-américain. En attendant, il réfléchit aussi à développer la solution de Sourcing Force en Europe. « Nous pensons à faire une acquisition externe, ce que nous n’avons jamais fait et ciblons l’Allemagne, confie Olivier Audino. Le marché s’y prête avec un important tissu d’ETI et de grosses PME industrielles ».
Sophie Creusillet