En déplacement officiel au Moyen-Orient pour rencontrer les milieux d’affaires et soutenir la présence des entreprises françaises, le Premier ministre Manuel Valls a achevé sa tournée de quatre jours dans les pays du Golfe, entamée avec l’Égypte et la Jordanie, en Arabie saoudite où il a assisté, hier 13 octobre à Riyad, à l’ouverture du Forum économique franco-saoudien (Business Opportunities Forum), qui se tenait en marge de la Commission mixte franco-saoudienne.
Une occasion pour la France de donner un nouvel élan à son commerce et à ses investissements dans un pays où ses exportations sont tombées sous la barre des trois milliards d’euros en 2014 (-13,43 % par rapport à 2013). Entre janvier et août 2015, les livraisons de la France ont d’ailleurs encore légèrement reculé, de plus de 2 % exactement par rapport aux huit premiers mois de 2013, s’établissant ainsi à 1,9 milliard d’euros. Elles étaient constituées de machines et produits mécaniques, à hauteur de 12,83 %, de machines et matériel électrique, 10,05 %, de produits pharmaceutiques, 9,88 %, de viandes et abats pour 5,87 %. Pour Paris, l’annonce de la levée de l’embargo sur le bœuf français pendant la visite de Manuel Valls est donc une excellente nouvelle.
De fait, au cours de la 2e session de la Commission mixte franco-saoudienne, co-présidée par Mohammed bin Salman, vice-héritier du Royaume d’Arabie saoudite, ministre de la Défense et président du conseil des Affaires économiques et du développement, et par Manuel Valls, des accords, des contrats et des lettres d’intention pour un total de dix milliards d’euros ont été signés ou confirmés par les deux pays, d’après un tweet du Premier ministre.
Côté saoudien, les participants comprenaient Adel al-Jubeir, ministre des Affaires étrangères, Twafiq al-Rabea, ministre du Commerce, Abdullah al-Hussein, ministre de l’Eau et de l’électricité, Khaled al-Faleh, ministre de la Santé, Hashim al-Yamani (King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy K.A.CARE), Abdulrahman Al-Mufadi et Yasser Al-Rumayyan (Fonds public d’investissement). Du côté des participants français se trouvaient Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, de la mer et de la pêche, et Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement.
Parmi les dossiers abordés, figuraient l’armement, l’Arabie saoudite ayant promis de formuler une commande de 30 patrouilleurs rapides d’ici la fin de l’année ; le métro et la gestion du réseau d’eau à Riyad, impliquant respectivement Alstom et Veolia ; le projet Kingdom City d’électricité et de services divers (gestion de l’eau, des déchets, électricité…) auquel sont associés Engie et Suez. Sans oublier le groupe Airbus, pour lequel on attendait une commande d’hélicoptères. En fait, c’est plutôt pour la flotte de la compagnie Saudi Airlines que les discussions semblent avoir porté.
Renforcer les relations bilatérales dans les financements, les énergies renouvelables, le naval
Dans bien des domaines, les deux parties ont affiché leur souhait de renforcer leurs relations bilatérales. Ainsi, à l’issue de cette seconde session de la Commission conjointe, plusieurs accords ont été signés. En voici la liste, communiquée hier en fin de journée par le Quai d’Orsay :
Coopération financière
– Le Fonds public d’investissement (PIF) a accordé 2 milliards de dollars à des fonds privés français avec pour objectif prioritaire les énergies renouvelables et les PME ;
– Le Fonds public d’investissement saoudien est en cours de négociations finales pour apporter 3 milliards de dollars à la Coface pour le financement des exportations ;
– Les deux parties sont en cours de discussions sur d’autres possibilités d’investissement pour le Royaume d’Arabie saoudite en France.
Coopération dans les énergies renouvelables
– La King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy (K.A.CARE) et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ont signé une lettre d’intention pour la coopération dans le secteur des énergies renouvelables.
Santé
Une usine de fabrication de plasma en Arabie saoudite sera implantée par le Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB). D’après notre confrère L’Usine Nouvelle, cette usine permettra d’apporter des réponses aux besoins sanitaires de la région afin de soigner les maladies graves, et souvent rares, grâce à des médicaments dérivés du plasma. L’accord porte sur un montant de 900 millions d’euros.
Recherche navale
Un accord de coopération a été signé entre la King Abdulaziz City for Science and Technology (KACST) et le Français DCNS, spécialiste mondial du naval de défense, pour la création d’un centre de recherche navale.
Les deux parties ont également pris les décisions suivantes :
– lancement de négociations en vue de fournir à l’Arabie saoudite des capacités satellitaires d’observation et de communication ;
– finalisation des négociations visant à fournir des patrouilleurs rapides aux forces navales saoudiennes en vue d’une conclusion d’ici la fin 2015 ;
– création d’un groupe de travail conjoint sur des projets navals ;
– intensification de la coopération dans le domaine des exercices militaires et de la formation en Arabie saoudite et en France ;
– négociation d’un accord entre les ministres de la Défense concernant la coopération scientifique et technique.
V. A. et F. P.