Entre le Bénin en Afrique de l’Ouest et le Cameroun en Afrique centrale, deux nations de l’ancien pré carré français, François Hollande, dans le cadre de sa tournée africaine (2-4 juillet), avait choisi l’Angola, géant africain et de l’Afrique australe, riche en hydrocarbures et en ressources minières avec lequel les relations politiques et économiques, longtemps gelées par le dossier de « l’Angolagate » ont été renouées l’an dernier.Un pays où Michel Sapin, le ministre français des Finances et des comptes publics, l’a d’ailleurs rejoint.
S’adressant ainsi à la communauté française à Luanda (notre photo), le président de la République a souligné « que beaucoup d’entreprises viennent participer à la diversification de l’économie, notamment dans le secteur touristique, hôtelier, dans le secteur également des infrastructures, dans le secteur de la construction ». Selon le chef de l’État, « la France doit prendre toute sa place » dans cette dynamique. D’après le Service économique à Luanda, en 2013, l’Angola a reçu trois milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), mais 45 % étaient encore concentrés dans les industries extractives, et ses exportations, de l’ordre de 68 milliards de dollars, étaient à 95 % des livraisons de pétrole.
Dans le sillage de François Hollande, une cinquantaine d’entreprises françaises était de cette tournée présidentielle en Afrique. Un forum économique France-Angola avait été organisé à Luanda le 3 juillet et plusieurs importants contrats ont été signés. D’abord par Total, premier opérateur pétrolier dans l’ancienne colonie portugaise, avec quelque 700 000 barils par jour, ce qui représente le tiers de la production angolaise. Alors que l’émirat africain est aujourd’hui handicapé par la chute brutale des cours de l’or noir, la major française a renforcé son partenariat avec la compagnie nationale Sonangol. Total a également indiqué qu’il serait aussi prêt à distribuer des lampes solaires dans les zones rurales et à investir dans le futur dans la production de gaz liquéfié.
Diversification économique avec Accor, Eiffage, Air France…
Plusieurs contrats ont toutefois été signés dans des domaines de diversification. Dans les infrastructures, Eiffage va ériger pour 200 millions de dollars 104 passerelles pour piétons. Dans les services et le tourisme, Air France a annoncé une troisième liaison hebdomadaire entre Paris et Luanda, Météo France s’est engagé à moyen-long terme (7 ans) avec son homologue angolaise sur un plan de modernisation, dont une première phrase pour une valeur de 20 millions. Enfin, Accor gèrera d’ici à 2017 50 hôtels de la société angolaise AAA.
Parallèlement, la fondation AfricaFrance a signé une convention avec l’Association des entrepreneurs de Luanda pour « faciliter les flux humains, économiques et technologiques entre les deux pays ». Dans ce cadre, elle recevra, dès septembre prochain, une délégation d’entreprises et de collectivités locales de la région de Luanda.
Enfin, l’Agence française de développement (AFD) a indiqué, en présence de Michel Sapin, son intention d’ouvrir un bureau à Luanda pour faciliter le financement des investissements français. Le ministre, qui accompagnait le président en Angola et au Cameroun, a insisté sur la volonté de la France de se développer dans la ville durable. A cet égard, les autorités angolaises prévoient pour le plan directeur métropolitain de Luanda 2015 une étude et des appels d’offres pour cette année.
La France entend se développer dans plusieurs domaines d’excellence – transports, tourisme, agroalimentaire, eau, énergies renouvelables notamment – pour renforcer une présence encore modeste : 2 450 Français résidant en permanence, près de 70 entreprises françaises installées (Alcatel Lucent, Necotrans, Cegelec, Veolia, Bureau Véritas…), soit sous forme de filiale, succursale ou bureau de représentation. Enfin, on compte une trentaine de sociétés angolaises fondées par des Français, d’après un décompte en décembre 2014 du Service économique à Luanda.
Le potentiel d’augmentation des échanges et des investissements est non négligeable : seulement à la dixième place comme pays fournisseur de l’Angola, la France figurerait, néanmoins au deuxième rang comme employeur étranger, derrière le Portugal, avec 25 000 emplois, et troisième comme investisseur, avec 7,6 milliards d’euros de stocks, mais, il est vrai, à 85 % réalisés dans les hydrocarbures.
Hors de l’activité pétrolière et de tout l’aval, du parapétrolier à la construction et la logistique (Ponticelli, Technip, Spie, Bolloré, CMA-CGM…), les gros investissements français sont rares. On les trouve dans les boissons, avec Castel (bière) et Pernod Ricard (vins et spiritueux), la restauration collective (Newrest, Sodexo). Razel est aussi très présent dans les BTP et Mazars dans le conseil.
François Pargny
Pour prolonger, voir les vidéos et les discours du président Hollande sur le site de l’Élysée