Innovation et exportation sont l’assurance d’une bonne santé économique. Pour autant, les PME ont souvent besoin d’être accompagnées. « Elles ont parfois des difficultés à structurer leur démarche et à mettre en œuvre leurs projets. Et ce, parce qu’il y a un grand nombre d’opérateurs : Bpifrance, les CCI, Business France, les Dirrecte (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi) », soulignait Emmanuel Bégot, responsable des Affaires internationales de la Caisse d’Épargne Loire Centre BPCE, lors 9e Forum annuel du Moci sur les « Risques et opportunités à l’international »*, qui s’est tenu le 27 juin.
« Elles ne savent pas à qui s’adresser et, selon lui, ont du mal à identifier les contraintes des différents marchés ou à évaluer la réalité d’un risque de change ». Emmanuel Bégot a ainsi évoqué le cas d’une entreprise, qui travaillait avec une marge de 20 % en Chine et qui aurait pu en perdre la moitié, faute d’avoir considéré le risque de change.
Si les pouvoirs publics offrent un accompagnement, le secteur privé doit aussi jouer son rôle, chacun dans ses métier.
D. Barthélémy : « deux à trois fois plus de demandes d’informations qu’en France »
Les banquiers sont outillés pour évaluer le risque de change d’une PME, de même que les spécialistes de l’information peuvent apporter des renseignements utiles sur la solvabilité de partenaires. Directeur général de Créditsafe France et Benelux, Damien Barthélémy s’est ainsi félicité de la croissance des demandes de renseignements – « le double », précisait-il – pendant les douze derniers mois.
Les demandes venaient en priorité d’Allemagne, de Belgique, du Royaume-Uni, d’Espagne et d’Italie. Et rien qu’en Belgique, il y aurait, selon lui, « deux à trois plus de demandes à l’international qu’en France ». La comparaison vaudrait aussi avec l’Allemagne, les Pays-Bas, les États-Unis ou le Royaume-Uni, « où les entreprises ont une démarche plus systématique de recherche de la solvabilité de leurs partenaires ». Damien Barthélémy notait, enfin, une hausse des demandes d’informations sur la Chine, l’Arabie Saoudite et la Turquie.
Recouvrement : intervenir en amont pour éviter le contentieux
Responsable des Solutions à l’international chez Intrum, numéro un mondial du recouvrement, Emmanuel Halamek mettait en garde les entreprises françaises au sujet de la durée de recouvrement de leurs créances. « Au-delà de 90 jours, vous avez 50 % de chance de ne plus récupérer une facture », assurait-il. Pour éviter un impayé, elles peuvent recouvrir à des spécialistes de la gestion des sommes dues. Les plus amont possible favoriserait une médiation entre les parties et repousserait ainsi le risque de contentieux.
D’après Emmanuel Halamek, « en Scandinavie, les sociétés externalisent la gestion de leurs créances à 60-90 jours en moyenne. En France, on recourt à un spécialiste du recouvrement pour des factures impayées depuis 108 jours en moyenne ». Si les grandes entreprises sont outillées ou ont externalisé pour optimiser et accroître leur trésorerie, les PME accusent un retard certain en la matière. Laissant aller ou en mal de gérer leurs relances, les impayés auraient un impact plus conséquent.
François Pargny
*Forum Moci 2018 : l’export reste porteur pour les PME, malgré l’America First
Pour prolonger :
Guide Gérer les risques d’impayés à l’export – 1ère édition 2018