Le 9 avril, les acteurs de la filière ferroviaire française étaient réunis au ministère de l’Économie et des finances pour signer le « contrat de filière ferroviaire » avec l’État, en présence de l’association Régions de France, qui représente les régions françaises auprès des pouvoirs publics français et des institutions européennes, et des organisations syndicales. Ce contrat de filière a été paraphé par Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, chargée des Transports, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, Henri Poupart-Lafarge, président du Comité stratégique de filière (CSF) ferroviaire (également à la tête d’Alstom), et Louis Nègre, vice-président du CSF ferroviaire (notre photo).
Attendu de la part d’une filière industrielle réputée pour son savoir-faire technologique et sa capacité d’innovation, ce contrat doit définir et mettre en œuvre une feuille de route partagée par tous les acteurs de la filière, avec un volet internationalisation important. Le volet international du CSF constitue à cet égard l’un des 5 axes structurants du contrat. Les pouvoirs publics veulent ainsi réaffirmer leur engagement aux côtés des 29 000 salariés de cette filière industrielle dont l’avenir s’inscrit dans la révolution des transports qui, pour ses promoteurs, doit conduire vers une mobilité durable, connectée et décarbonée.
L’international, un défi
Fleuron de l’industrie française, la filière ferroviaire rassemble 1 300 entreprises, à 90 % des PME, qui réalisent 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 26 % à l’export. Sur la scène mondiale, cette filière a de sérieux atouts à faire valoir avec des acteurs comme Alstom qui enchaîne les succès à l’export avec des méga-contrats.
Mais elle a aussi un certain nombre de faiblesses : un tissu industriel fragile composé de TPE et PME de petite taille, un manque d’ETI et de grosses PME, une faible attractivité professionnelle, une internationalisation de ses TPE, PME et petites et moyennes industries (PMI) encore trop faible.
La filière industrielle ferroviaire française est marquée de longue date par une faiblesse chronique concernant la taille et le développement à l’international de ses PME-PMI. Cette insuffisance s’explique en partie par un manque de performance dans la maîtrise de la supply chain, analyse Bercy. En effet, dans cette industrie d’avenir, la supply chain se caractérise par un nombre important de TPE et PME sous-traitantes confrontées à diverses problématiques (difficulté à trouver des clients, déficit de main-d’œuvre qualifiée, etc.), ainsi que par des difficultés en termes d’optimisation des cycles et de délais de livraison.
L’accompagnement à l’international de ses acteurs est donc un défi majeur que doit relever la filière pour rester compétitive sur les marchés extérieurs. Le contrat propose de ce fait des actions en ce sens.
Le projet pilote CARE pour renforcer la supply chain
Dans ce contexte, le renforcement de la filière dans sa cohérence et la maîtrise de la supply chain sont considérés comme un préalable par les acteurs de la filière pour accroître sa capacité à être compétitive sur les marchés étrangers. De ce fait, le volet international du contrat, prévoit en premier lieu la création d’un projet pilote « Compétitivité Accompagnement Rail Emploi » (CARE) qui vise à améliorer intrinsèquement la performance industrielle et la compétitivité des TPE, PME et ETI impliquées dans la chaîne d’approvisionnement ferroviaire. À travers cette démarche, il s’agit d’atteindre :
– un meilleur fonctionnement interne ;
– une plus grande efficacité de la gouvernance ;
– la mise en œuvre de stratégies et de visions robustes ;
– un renforcement des capacités de développement des PME et PMI.
Le projet CARE sera réalisé par l’Association des industries ferroviaires des Hauts-de-France (AIF) et piloté par l’État, la Région des Hauts-de-France, la Fédération des industries ferroviaires (FIF), Alstom et Bombardier Transport. Il sera d’abord déployé au niveau régional en Hauts-de-France et ensuite étendu sur l’ensemble du territoire national.
Un groupe de travail de la FIF, incluant les Régions membres de Régions de France, sera chargé de définir des modalités d’extension de CARE à l’échelle nationale sur la base de l’évaluation des actions menées dans la région Hauts-de-France d’ici fin 2019.
Le projet CARE sera ensuite lancé à l’échelle nationale en 2020 avec un soutien public dans le cadre du dispositif des 10 000 accompagnements vers l’industrie du futur.
CARE constitue l’action n° 1 du volet international du contrat du CSF. Les deux autres actions étant :
l’élaboration d’une stratégie internationale de filière ; l’implication des clusters dans l’accompagnement des PME sur les marchés extérieurs.
Ces trois actions envisagées visent à renforcer la maturité et la gouvernance des TPE et PME et à mobiliser la filière à l’exportation. L’enjeu est de renforcer le positionnement des PME et PMI sur les marchés de l’Union européenne et à l’international.
Les 4 autres axes d’action du contrat de filière
Pour mémoire, outre l’axe international, la filière industrielle ferroviaire s’est engagée autour de quatre autres axes stratégiques :
- recherche et innovation : développement de technologies de trains décarbonés (train à hydrogène ainsi que train à batterie) et de trains autonomes ;
- numérique : déploiement d’une plateforme numérique de filière pour accélérer la numérisation des PMI ;
- compétences : gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) permettant de faire évoluer les compétences des salariés pour accompagner les projets majeurs de la filière ;
- transformation industrielle du réseau ferré national : modernisation du réseau ferré national, qui constitue la pierre angulaire du système ferroviaire français et de la filière industrielle qui s’y rattache. avec une volonté commune de travailler pour renforcer la compétitivité du mode ferroviaire français et préparer son avenir.
Ces axes sont déclinés en 13 actions prioritaires* qui permettront d’améliorer la compétitivité future de la filière et de mieux répondre aux défis du développement durable et de la révolution numérique.
V. A.
* Les 13 actions prioritaires de la filière :
Recherche et innovation
– Action n° 1 : Modélisation et prévision ferroviaire
– Action n° 2 : Centre d’essai ferroviaire – le projet CEPCIE
– Action n° 3 : Train autonome
– Action n° 4 : Train à hydrogène
– Action n° 5 : Train à batteries
Numérique
– Action n° 6 : Industrialisation et déploiement d’une plateforme numérique pour la « supply chain » (FerConnect)
– Action n° 7 : Codification des pièces et équipements commune à la filière
– Action n° 8 : Gestion numérique des flux documentaires
International
– Action n° 9 : Projet CARE d’amélioration de la performance industrielle des PME
– Action n° 10 : Élaboration d’une stratégie internationale de filière
– Action n° 11 : Implication des clusters dans l’accompagnement des PME sur les marchés extérieurs
Compétences
– Action n° 12 : Élaboration d’un plan d’action sur les emplois et les compétences
Transformation industrielle du réseau ferré national
– Action n° 13 : Établissement d’une feuille de route sur la modernisation du réseau, faisant appel aux compétences des entreprises de la filière