L’ e-export a été l’un des deux thèmes phares du 2e Forum des PME à l’international, organisé le 14 juin à Paris au centre de conférences ministériel du ministère des Affaires étrangères et du développement international, en présence d’environ 400 PME et ETI. Le sujet a notamment fait l’objet d’une table ronde intitulée « E-export : mode d’emploi pour réussir ».
E-commerce : « On est mauvais »
« Le e-export, aujourd’hui, change radicalement la façon de faire de l’export !», s’est réjoui Mounir Mahjoubi, le nouveau président du Conseil national du numérique (CNNum), une instance consultative ayant pour mission de formuler de manière indépendante et de rendre publics des avis et des recommandations sur toute question relative à l’impact du numérique sur la société et sur l’économie.
En France, « 5 % des PME et ETI exportent par Internet et seulement 15 % vendent en ligne. On est mauvais », a déploré ce jeune homme de 33 ans. Pour lui, les « freins » sont encore multiples : accès au financement pour se doter d’un site Internet, recours à des ressources internes pour traiter les commandes, réglementation douanière pour livrer le client à l’étranger, gestion de la chaîne logistique (frais de livraison élevés), autant de points de blocage pour les entreprises qui souhaitent “e-exporter”.
Or, les outils existent : « Aujourd’hui, on peut vendre en ligne sans avoir de site Internet, en allant sur eBay, Amazon ou Alibaba », a insisté Mounir Mahjoubi, qui assure que « les entreprises françaises qui ont rendu accessible leur offre en ligne ont 40 % de chance de plus de faire de l’export que celles qui n’ont pas de site en ligne ». Et des PME ont développé avec succès une telle démarche, y compris dans des secteurs plutôt traditionnels.
Le site Internet de Cristel propose des versions spécifiques dans 18 pays
Premier exemple, le fabricant français de casseroles en inox à poignée amovible et d’articles de cuisson haut de gamme Cristel lui a ainsi très tôt présenté son offre de produits sur Internet, à la fin des années 90 en plein essor du web. « On a commencé à faire de “l’e-exportation” en 1999, car nous n’étions pas présents dans tous les pays. Avoir un site Internet était donc un moyen d’exporter la marque dans tous les pays », a expliqué Emmanuel Brugger, directeur général de Cristel, qui témoignait lors de la table ronde du Forum intitulée « E-export : mode d’emploi pour réussir ».
Au premier trimestre 2016, l’entreprise, dont le site de production est implanté à Fesches-le-Châtel dans le Doubs, a vu ses exportations bondir de 450 %. « Cela fait plus de trente ans que nous exportons », a indiqué Emmanuel Brugger. Représentant 25 % des ventes, le Japon est le premier marché à l’export du fabricant d’ustensiles culinaires. Mais Cristel a également investi le marché aux États-Unis, où il a ouvert une filiale de représentation commerciale en 2011. Outre-Atlantique, les articles de cuisson Made in France du fabricant de Bourgogne Franche-Comté sont vendus dans les réseaux physiques (grands magasins), via le télé-shopping et sur son site Internet, qui dispose d’une version américaine.
Le site de vente en ligne de Cristel propose des versions spécifiques pour 18 pays en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et en Afrique. Cependant, il n’est pas possible d’acheter en ligne dans tous ces pays. Sur le site japonnais, les internautes peuvent consulter sa gamme de produits, mais le site fournit aussi la liste des revendeurs locaux. « Aujourd’hui, Internet doit représenter environ 15 % de notre chiffre d’affaires tous marchés confondus », a informé Emmanuel Brugger.
Kadalys exporte la moitié de son chiffre d’affaires
L’e-commerce a également porté Kadalys, première marque de cosmétologie naturelle aux actifs de bananiers, à l’international. « Dès le départ, j’ai voulu aller à l’export », a confié Shirley Billot, fondatrice et P-dg de Kadalys. En 2012, la jeune entreprise qui venait d’être créée s’est dotée d’un site Internet bilingue en français et anglais avant même d’avoir en stock sa gamme de produits.
Le chiffre d’affaires 2016 de Kadalys va approcher les 700 000 euros, dont la moitié est réalisée à l’export. La marque est présente dans une dizaine de pays essentiellement en Asie et Océanie : Japon, Corée du Sud, Taïwan, Chine, Australie. Outre le français et l’anglais, le site de Kadalys se décline dans les langues suivantes : canadien, sud-coréen et japonais. Car les Coréens ne parlent pas tous l’anglais. Shirley Billot a imaginé en amont son site Internet pour toucher les internautes à l’export.
« Le téléchargement du site, conseille la jeune femme, doit être fluide pour pouvoir être consulté depuis un smartphone ou une tablette ». En effet, en Corée du Sud et au Japon, les internautes achètent en ligne depuis ces supports mobiles. De plus, le téléchargement des pages du site ne doit pas être trop lourd car, en Afrique, les internautes sont parfois confrontés à des problèmes de connexion au réseau. La marque Kadalys est également présente sur les réseaux sociaux.
Sur les traces de ces deux entreprises, d’autres PME, voire TPE, pourraient elles-aussi mieux se servir de l’outil Internet à l’export.
Venice Affre
Pour prolonger :
Forum des PME à l’international / Export : le bilan positif des réformes un an après la première édition