Portées par une actualité riche, les quatrièmes Rencontres internationales des grands événements sportifs (RIGES), qui se sont déroulées à Paris au siège de Business France le 26 mai, en plein Roland-Garros et à quatorze jours du coup d’’envoi de l’Euro 2016 en France, ont réuni quelque 300 représentants d’entreprises et décideurs de pays organisateurs (Côte d’Ivoire, Cameroun, Russie, Qatar).
Lancement du catalogue en ligne « Team France for Sport »
« Les rencontres sportives représentent 50 milliards d’euros dans le monde par an. Elles constituent une opportunité fantastique pour un pays comme le notre », a indiqué Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, qui introduisait ces rencontres. Mais a-t-elle prévenu « la concurrence à l’international est très forte ». Pour conquérir ces marchés – Russie (FIFA 2018), Japon (JO d’été 2020), Qatar (FIFA 2022) ou encore Chine (JO d’hiver 2022) – dont les retombées économiques sont considérables pour le marché national, les entreprises tricolores pourront mettre en avant la longue tradition française en matière d’organisation de manifestations sportives et d’accueil de compétitions internationales.
« Nous avons la chance de disposer de nombreuses fédérations sportives. La France est depuis longtemps une terre d’accueil de grands événements sportifs internationaux. Certains sont récurrents comme Roland-Garros, qui se déroule actuellement, et le Tour de France », a ainsi déclaré Jean-Marc Ayrault (notre photo), le ministre des Affaires étrangères et du Développement international dans son allocution d’ouverture, avant d’énumérer la liste des autres grandes rencontres sportives, à venir, que la France accueillera : championnat du monde de handball fin janvier 2017, Ryder Cup de golfe en 2018… « La marque France est synonyme d’un style de vie et d’un art de vivre déjà reconnus dans le monde entier mais qu’il faut promouvoir davantage », a commenté Jean-Marc Ayrault. Les marchés internationaux de biens d’équipements sportifs et d’infrastructures sportives « offrent de considérables opportunités de croissance à nos entreprises », a poursuivi le ministre en s’adressant à l’audience. « Notre objectif, a-t-il affirmé, est de mieux identifier les marchés porteurs, d’en comprendre les ressorts et de vous aider à mieux les aborder ».
Ces rencontres ont par ailleurs été l’occasion pour Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports de lancer « Team France for Sport », le catalogue en ligne de l’offre française à l’export dans les grands événements sportifs (cliquer sur le lien : http://businessfrance.jpm-associes.com/Team-France-Sport). « Cet outil, a précisé le ministre, était l’une des mesures prévues par le contrat de la filière sport signé le 23 mars (à Bercy) ».
Qatar, Japon, Russie et Chine, des marchés à opportunités pour les entreprises françaises
– La Coupe du monde de football 2022 au Qatar représente des opportunités pour les entreprises françaises. « Le Supreme Committee for Delivery and Legacy va livrer des infrastructures de standard très élevé », a informé Khalid Al Kubaisi, chef du département conseil du Supreme Committee for Delivery and Legacy, l’organisme en charge de coordonner la livraison de l’ensemble des infrastructures liées au mondial du Qatar, des cinq nouveaux stades et d’une partie des centres d’entrainement.
Pour les entreprises étrangères, les débouchés sont en particulier importants dans les secteurs du BTP, de l’hôtellerie et de la grande distribution. Le Qatar prévoit d’investir 140 milliards de dollars dans les infrastructures de transport : nouvel aéroport, réseaux de métro, tramways et transports routiers pour accueillir les visiteurs lors de la Coupe du monde de football. La construction d’hébergements sera également importante car pour l’heure, le parc hôtelier (20 000 chambres) n’a pas la capacité d’accueillir l’ensemble des spectateurs et des délégations.
– De son côté, la Russie accueillera la Coupe du monde de football 2018, l’un des projets les plus ambitieux de ces dernières années avec onze villes hôtes : Moscou, Saint-Pétersbourg, Kazan, Sotchi, Ekaterinbourg, Volgograd, Kaliningrad, Nijny Novgorod, Samara, Saransk, Rostov-sur-le-Don. Le budget global atteint 664 milliards de roubles (environ 15 milliards d’euros en 2013 et 9 milliards d’euros en 2016). La construction des sites sportifs étant en phase finale, les principales opportunités pour les fournisseurs français résident dans « la gestion du transport des passagers dans les villes côtières », rapportait pour sa part Terenti Mescheriakov, directeur Transport du comité d’organisation Russie 2018. Des opportunités existent également dans l’aménagement touristique.
– Le Japon sera hôte de la Coupe du monde de rugby en 2019 et des Jeux olympiques et paralympiques d’été, qui se dérouleront à Tokyo en 2020. « C’est la première fois qu’une Coupe du monde de rugby est organisée au Japon », a souligné Akiko Hori, chef du bureau Business France de Tokyo. « Cette discipline sportive, a-t-elle continué, est devenue très populaire au Japon ».
Le pays, qui avait déjà organisé les JO d’été en 1964, dispose d’infrastructures (stades et installations sportives) de qualité pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 2020. Toutefois, le Japon pourrait avoir besoin de l’expérience de la France dans la gestion et l’organisation des événements sportifs. Les entreprises tricolores pourront donc apporter leur savoir-faire dans la gestion de l’accès aux stades et dans le domaine des systèmes de sécurité. Pour pénétrer le marché japonais, Akiko Hori conseille aux entreprises françaises de la filière sport de « trouver des partenaires locaux et de créer des joint-ventures » et de « proposer un service clé en main ».
– Pékin qui était la ville hôte des Jeux olympiques d’été de 2008 organisera les Jeux olympiques d’hiver de 2022. Ce projet présente « des défis d’aménagement de la montagne. Le climat est froid et sec, il n’y a pas de neige », a prévenu Clément Marquet, du bureau Business France de Canton. Certes le pays devra recourir à de la neige artificielle mais pas seulement. La pratique nouvelle du ski est en forte croissance en Chine, soutenue par l’enrichissement de la classe moyenne qui accède aux loisirs. À horizon 2050, 800 stations de sports d’hiver devraient être construites dans les régions montagneuses à proximités des zones urbaines. La Chine a des besoins en matière d’équipements sportifs pour la pratique des sports de glisse mais aussi dans le domaine de la formation pour former les Chinois à la pratique de ces nouvelles disciplines.
Des opportunités existent également dans la pratique du football. Le 13ème plan quinquennal (2016-2020) a pour objectif de faire de la Chine une superpuissance mondiale du football en 2050 avec 50 millions de pratiquants et 70 000 terrains d’ici 2020, contre 10 000 existants aujourd’hui. Des coopérations internationales sont attendues notamment en matière de formation (clubs et centres de formation).
Outre le Japon ou le Qatar, les entreprises tricolores peuvent se tourner vers de nouveaux marchés qui regorgent d’opportunités à saisir dans l’organisation d’événements sportifs et dans la fourniture d’équipements.
La Côte d’Ivoire, le Cameroun et l’Inde, les nouveaux marchés pour les événements et équipements sportifs
« Nous avons un gros chantier avec l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2021 », a informé pour sa part François Albert Amichia, ministre des Sports et des Loisirs de Côte d’Ivoire. Des opportunités existent pour les entreprises françaises dans l’ingénierie et la maîtrise d’ouvrages complexes pour la construction et la réhabilitation de stades. Dans le cadre de la mise en œuvre de son programme d’équipement en infrastructures sportives aux normes internationales en vue de l’organisation de compétitions de grandes envergures, le gouvernement ivoirien a lancé à travers le pays des travaux de réhabilitation et de constructions. « Un programme de construction de 2 nouveaux sites et de réhabilitation de 13 sites vieillissants est en cours », a ainsi détaillé le ministre ivoirien.
En novembre 2016, le Cameroun accueille la CAN féminine de football. Des travaux de réhabilitation de stades et la construction de nouveaux stades à Yaoundé et Douala sont également en cours.
Dans le cadre de la préparation de la CAN féminine, la plupart des marchés de construction et rénovation d’infrastructures a déjà été attribuée et est en cours d’exécution. Il reste cependant des possibilités de fournitures d’équipements et services en sous-traitance et dans le cadre de l’organisation événementielle pour laquelle tout ou presque reste à faire, à sept mois de l’événement. Les prestataires dans des domaines de l’éclairage, la billetique, la sécurité, les réseaux télécoms et informatiques, la programmation événementielle, la communication, ou encore les transports peuvent encore faire valoir leur offre.
La 17ème édition du tournoi 2017 FIFA U-17 World Cup, championnat international biannuel de football masculin (moins de 17 ans), est prévue en Inde du 19 août au 10 septembre 2017. « C’est la première fois que l’Inde accueillera une compétition sportive au niveau mondial », a expliqué Brinder Rault du bureau Business France de New Delhi. Le football est l’un des sports les plus populaires en Inde, après le cricket. La population indienne est jeune et connectée aux réseaux sociaux. « L’Inde a besoin d’entraineurs », a signalé Brinder Rault. Il y a donc des opportunités à saisir dans la formation à la pratique du football.
Mais aussi en Afrique du Sud et en Arabie saoudite
En plus d’être considérée comme une nation de sports, l’Afrique du Sud a affirmé sa capacité à organiser de grands événements internationaux lors de la Coupe du monde de football en 2010 et précédemment la Coupe du monde de rugby en 1995 ainsi que les championnats du monde d’athlétisme en 1998. « Le football, le cricket et le rugby sont les sports les plus suivis », a indiqué pour sa part Sarah Watine en vidéoconférence live depuis le bureau Business France de Johannesburg. Le pays accueillera les Jeux du Commonwealth à Durban en 2022, une première pour une ville africaine. 70 nations seront représentées et 18 disciplines seront pratiquées durant les 260 compétitions qui s’étaleront sur trois semaines, rassemblant 5 000 athlètes.
L’un des principal défi pour le pays sera essentiellement de poursuivre le développement de l’accès au sport pour tous notamment via la création d’infrastructures sportives dans les écoles publiques. Les entreprises françaises peuvent se positionner sur ce marché.
Au même titre que son voisin le Qatar, « l’Arabie saoudite rêve d’organiser un jour de grandes compétitions sportives », a signalé de son côté Laura Mazeh du bureau Business France de Djeddah. À moyen-long terme, la construction de 11 nouveaux stades, à l’image du King Abdullah Sport City à Djeddah (62 000 places) inauguré en mai 2014, est prévue. La population est jeune, 65 % des habitants ont moins de 30 ans. « Le football est le sport national », a également informé Laura Mazeh. Le ballon rond jouit d’une grande popularité dans le Royaume. La première fédération sportive créée dans le Royaume était rappelons-le celle du football (1959). L’Arabie saoudite a par ailleurs été le premier pays arabe à accéder aux huitièmes de finale d’une Coupe du monde en 1994 et compte parmi les championnats nationaux de football les plus développés du Moyen-Orient.
À l’export, les grands événements sportifs constituent un enjeu économique majeur pour les entreprises françaises. Les pays organisateurs sont de plus en plus en attente d’une offre organisée d’entreprises : la fédération et la promotion de l’offre française sont donc stratégiques.
Venice Affre