L’Algérie est incontestablement un pays porteur. Si l’environnement réglementaire peut paraître lourd et les circuits de décision opaques pour les entrepreneurs étrangers, il est loin d’être insurmontable.
Les priorités des autorités algériennes sont claires : réduire la « vente comptoir » et créer de la valeur ajoutée sur place. Autrement dit, l’heure est aux partenariats. Mais attention, le pays n’est pas d’un abord facile. « Quand on vient investir, cela doit être sur la durée. Et il faut absolument se faire entourer car le respect de la réglementation est fondamental », prévient Laurent Dupuch, directeur général de BNP Paribas El Djazaïr et président de la section algérienne des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF).
Pour les PME françaises, la démarche n’est pas simple. L’économie est encore largement administrée par l’État. Le secteur privé, malgré quelques belles réussites d’entreprises familiales, est émergent, et l’informel a pris de l’ampleur. L’environnement législatif et réglementaire est instable depuis quelques années : la fameuse Loi de finance complémentaire d’août 2009, qui a notamment imposé le crédit documentaire pour le paiement des importations et l’obligation pour les investisseurs étrangers de céder 51 % du capital à un actionnariat algérien, avait été introduite soudainement, prenant de court tout le monde. Depuis, face aux critiques du patronat algérien, des aménagements mineurs ont été apportés et de nouveaux assouplissements ont été promis cette année pour faciliter la vie des PME. Mais nul ne sait exactement de quelle ampleur ils seront et quand ils interviendront. « La règle du 49/51, ce n’est pas ce que craignent les investisseurs français. Ce qu’ils craignent, c’est l’insécurité législative et juridique », confirme Alain Boutebel, directeur de la Mission économique Ubifrance à Alger. Quant à la bureaucratie, elle est légendaire et déroute même les Algériens. Les améliorations dans ce domaine, souhaitées par le gouvernement, prendront du temps. « Des progrès ont eu lieu essentiellement grâce aux nouvelles technologies : en matière de registre du commerce, par exemple, le délai est moins long car le traitement s’est informatisé », indique Amina Kerrak, directrice de Salvéo Djazaïr, la filiale algérienne d’une société française spécialisée dans l’accompagnement des entreprises sur les marchés extérieurs.
Enfin, est-ce facile de trouver des partenaires dans ce pays ? « Facile oui, rapide non, répond sans hésiter Younès Merad, directeur général de WorldXport Consulting, un confrère de Salvéo basé à Marseille, installé en Algérie depuis près de 15 ans. Il faut être présent, persévérer, prendre du temps. » Son conseil de base : « Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur les organismes et réseaux d’affaires comme Ubifrance, les chambres de commerce, les sociétés d’accompagnement françaises, les CCEF. » Selon lui, « il y a de nombreux consultants privés de qualité en Algérie, mais ils sont discrets ». Une dizaine de sociétés d’accompagnement françaises sont actives dans le pays. « Il faut vraiment venir ici avec une idée précise, des contacts avec des gens sérieux », confirme Amina Kerrak. La société qu’elle dirige a accompagné quelque 300 clients depuis sa création, en 2007.
Le prochain Forum de partenariat Algérie-France des 30 et 31 mai, dont Ubifrance est l’organisateur côté français, sera une bonne opportunité pour les 122 PME inscrites. L’Algérie en vaut la peine, mais elle exige de la persévérance, comme en témoignent les différents témoignages que nous présentons ici.
C. G.