Pour la première fois, les échanges de la filière française du cuir (cuirs et peaux bruts, tannerie-mégisserie, chaussures et maroquinerie) ont présenté un solde commercial positif : c’est ce que révèlent les résultats 2018* du commerce extérieur de la filière dévoilés le 11 mars par le Conseil national du cuir (CNC), l’organisation interprofessionnelle de producteurs et utilisateurs de cuir. Les exportations ont enregistré l’an dernier une croissance à deux chiffres (+ 10 %) et atteint 11,72 milliards d’euros tandis que les importations ont, elles, baissé de 8 % par rapport à 2017 s’établissant à 10,70 milliards d’euros. De ce fait, la balance commerciale excédentaire s’est établie à +1,02 milliard d’euros en 2018.
Le luxe tire les exportations de maroquinerie
À l’exception des cuirs et peaux bruts ; de la ganterie ; des produits divers, dont les ventes à l’export ont diminué respectivement de 13 %, 6 % et 3 %, les exportations ont connu des évolutions positives dans toutes les autres branches d’activité.
Ainsi, les livraisons d’articles en maroquinerie ont augmenté de 12 % à 7,3 milliards d’euros, celles de chaussures et articles chaussants de 11 % (3,5 milliards d’euros) et celles de vêtements en cuir de 10 % (200 millions d’euros), soutenues en particulier par l’industrie du luxe.
Les exportations d’articles de maroquinerie (sacs à main, articles de voyage, petite maroquinerie…) ont représenté 62 % des exportations de la filière en 2018, d’après les chiffres de l’Observatoire économique du CNC.
Les marchés asiatiques en plein essor pour la maroquinerie
A cet égard, la demande étrangère pour les produits de luxe français est toujours forte notamment en Asie. Vers Hong Kong, premier pays client de maroquinerie française, les ventes de produits de maroquinerie ont progressé de 9 % à 1 milliard d’euros tandis que les livraisons à destination de Singapour, deuxième client pour ce type d’articles, ont augmenté de 16 % à 934,8 millions d’euros. Les États-Unis sont le troisième pays client avec des livraisons en hausse de 12 % totalisant 901,3 millions l’an dernier.
Les exportations d’articles de maroquinerie vers la cité-État et la Chine ont explosé respectivement de 449 % et 302 % depuis 2010. Bien que les ventes destinées à la Chine ne représentent que 4 % du total des exportations françaises, le marché chinois est un marché en plein essor. « Les consommateurs manifestent un réel intérêt pour les marques françaises », affirme le CNC dans un communiqué. En 2018, les achats d’articles français de maroquinerie réalisés par le géant asiatique ont bondi de 36 % pour une facture d’achats de 301,7 millions d’euros. « Le luxe à la française ne cesse de traverser les frontières et de gagner des parts de marché, notamment en Chine », a déclaré Frank Boehly, président du CNC, cité dans le communiqué.
Progression de toute la filière vers ses marchés clés
En ce qui concerne les marchés d’exportations de la filière, toutes activités confondues, les ventes vers les trois premiers clients de l’Hexagone ont enregistré des croissances à deux chiffres en 2018 par rapport à l’année précédente. Les exportations vers l’Italie (1,6 milliard d’euros), Hong Kong (1,2 milliard) et les États-Unis (1,14 milliard) ont ainsi respectivement augmenté de 11 %, 10 % et 13 %.
Le Royaume-Uni est un partenaire important en tant que quatrième marché à l’export –en 2018, les exportations de la filière se sont élevées à 1,11 milliard d’euros contre 162 millions d’euros pour les importations. Les échanges avec ce pays sont largement excédentaires. Dans ce contexte, « il est naturel de s’interroger sur les conséquences du Brexit pour les entreprises françaises », estime l’organisation interprofessionnelle qui regroupe 20 fédérations ou syndicats professionnels dont les activités vont de l’élevage jusqu’à la distribution des produits finis.
S’agissant des importations, c’est la première fois depuis 2009 qu’elles sont en repli, analyse l’Observatoire économique de l’organisation interprofessionnelle. Les achats en provenance d’Europe (44 % des importations) ont chuté de 17 % à 4,7 milliards d’euros. Parallèlement, les commandes en provenance d’Asie-Océanie (51 % des importations) ont augmenté de seulement 1 % à 5,4 milliards d’euros.
L’année 2018 aura donc été un excellent cru pour la filière française du cuir qui a exporté plus qu’elle n’a importé notamment portée par l’engouement pour ses produits de luxe.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consulter les chiffres 2018 du commerce extérieur de la filière française du cuir dans le document joint ci-dessous en PDF