En parallèle de la tenue de la conférence sur le climat COP21, qui se tient du 30 novembre au 11 décembre sur le site de Paris-Le Bourget, le WWF (World Wide Fund) et LichtBlick, principal distributeur d’énergie renouvelable en Allemagne, ont publié le 7 décembre un rapport sur les tendances mondiales en matière de transition énergétique intitulé Megatrends in the global energy transition, lequel identifie cinq grandes tendances qui pourraient « radicalement changer le secteur de l’énergie ».
Ce rapport révèle que l’Allemagne, première économie européenne, n’est plus la seule pionnière sur le secteur des énergies renouvelables. De plus en plus de nations à l’instar de la Chine et des États-Unis, responsables de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre, commencent à se tourner vers les énergies renouvelables, abandonnant le nucléaire et les énergies fossiles. Les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux des énergies renouvelables sont autant d’arguments en faveur d’une transformation énergétique mondiale.
« Les citoyens veulent aller de l’avant en matière de transition énergétique, explique ainsi Stephan Singer, directeur du programme global sur les politiques énergétiques du WWF International. Nous avons donc besoin d’un accord ambitieux sur le climat à Paris et d’un véritable soutien politique pour avancer encore et toujours dans la transition énergétique mondiale. En donnant encore plus d’ampleur aux tendances actuelles, nous pourrons accélérer le déploiement des énergies solaires et éoliennes. Il faut également envoyer un message fort aux investisseurs afin d’encourager le désinvestissement massif et rapide des énergies fossiles ».
« Nous sommes au cœur d’une révolution industrielle qui va complètement bouleverser le secteur de l’énergie, explique pour sa part Heiko von Tschischwitz, directeur général de LichtBlick. L’énergie renouvelable n’est plus un luxe : elle est accessible par tous à des prix compétitifs (…) Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons relier des millions de petits sites de stockage et de production d’énergie renouvelable décentralisés pour construire un système énergétique largement aussi rentable et fiable que le charbon, le pétrole, le gaz naturel et l’uranium. »
Renouvelables et décentralisées
Le rapport identifie cinq grandes tendances :
-« L’ère des énergies fossiles touche à sa fin »
En prévision de la mise en place d’objectifs climatiques plus stricts et compte tenu des coûts liés aux impacts sociaux et environnementaux des énergies traditionnelles, les investisseurs retirent progressivement leur soutien aux énergies fossiles. L’exemple le plus récent concerne la compagnie d’assurance internationale Allianz qui s’est désinvesti du charbon, souligne le rapport.
-« Un nouveau futur énergétique est en marche »
Le rapport met en évidence que pour la première fois en 2013 et de nouveau en 2014, davantage de sites de production d’énergie renouvelable ont été construits que de sites fossiles ou de centrales nucléaires. En 2014, les sommes investies dans l’électricité renouvelable étaient deux fois plus élevées que celles investies dans les combustibles fossiles. Depuis 2000, la puissance installée en photovoltaïque dans le monde a été multipliée par 50.
-« L’énergie de l’avenir est renouvelable »
Les changements observés s’expliquent par les grandes avancées technologiques et la chute vertigineuse des prix. Le prix de revient d’un kilowatt/heure d’énergie solaire a diminué en quelques décennies et est passé d’un euro à moins de 10 centimes d’euro dans les pays les plus ensoleillés. À l’avenir, il pourrait chuter à deux centimes d’euro, selon l’Institut allemand Fraunhofer Institute.
-« L’énergie de l’avenir est décentralisée »
La production d’énergie est désormais assurée par des milliards de petites et grandes centrales d’énergie renouvelable. Grâce à des techniques toujours plus efficaces et décentralisées, la pauvreté énergétique pourrait être éradiquée.
-« L’énergie de l’avenir est numérique »
Après la réduction des coûts de production des renouvelables, la mise en place de la législation et la mobilisation de ressources financières par le secteur privé, le passage au numérique et la décentralisation de la production caractériseront de nombreux aspects du futur système énergétique.
Sur le contexte français, Pierre Cannet, responsable du programme Énergie et Climat au WWF France, souligne qu’avec « 14,2 % de part d’énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d’énergie en 2013, la France sur le rythme actuel accusera un retard qui ne lui permettra pas d’honorer son objectif de 23 % d’ici 2020. Si la loi pour la transition énergétique a su fixer des jalons encourageants pour le déploiement des renouvelables, l’application, la programmation pluriannuelle et les moyens alloués seront déterminants. La France doit ainsi traduire par des actes le choix des renouvelables si elle ne souhaite pas rester sur la touche aux niveaux européen et mondial. »
V. A.
Pour en savoir plus :
Retrouvez le rapport Megatrends in the global energy transition et ses infographies sur :
http://www.energiewendebeschleunigen.de/fileadmin/fm-wwf/lichtblick/Megatrends-of-Energy-Transition.pdf