En 2017, le chiffre d’affaires du syndicat des industries d’équipement pour la construction, les infrastructures, la sidérurgie et la manutention (Cisma) a augmenté de 11,6 % pour s’établir à 8,77 milliards d’euros. « Les chiffres sont bons, mais il faut rester prudent », a affirmé Jean-Claude Fayat, le président du Cisma, lors d’une conférence de presse, le 12 avril. Car, comme l’a fait remarquer le président du Cisma, le taux d’export de la production est « en baisse ». Les 200 entreprises adhérentes du Cisma –PME, PMI et filiales de grands groupes– ont exporté l’an dernier 54 % de leur production contre 58 % en 2016.
Soutenues par les livraisons vers les pays européens, les exportations ont augmenté de 4,3 % par rapport à 2016 pour s’établir à 4,8 milliards d’euros. Les entreprises membres du Cisma exportent, mais elles importent aussi. « Nous n’avons pas assez d’industries en France », a justifié Jean-Claude Fayat. Ainsi, pour répondre aux besoins du marché domestique et à la demande à l’export, les entreprises de l’association professionnelle se fournissent à l’étranger. En 2017, la croissance des importations a été supérieure à celle des exportations +7,5 % (5,53 milliards d’euros). De ce fait, la balance commerciale est négative, pis, elle se creuse chutant à -757 millions d’euros contre -567 millions l’année précédente. Voici les évolutions par secteur d’activité.
Biens d’équipement pour le BTP : la part de l’export dans le CA se dégrade
Les adhérents du Cisma issus du secteur des biens d’équipement pour le BTP ont réalisé 57 % de leur chiffre d’affaires à l’international en 2017. Le taux d’export, de 62 % l’an dernier, est passé en dessous de la barre des 60 % sous l’effet d’une moindre progression des exportations (+3,3 % à 1,87 milliard d’euros) en comparaison avec un marché domestique très dynamique grâce à des carnets de commande bien garnis.
S’agissant de la répartition géographique des exportations, l’Union européenne (UE), zone bénéficiaire de 49 % du total des exportations du secteur, a été le marché le plus dynamique l’an dernier. Les ventes de biens d’équipement pour le BTP ont augmenté de 13 % vers l’UE. Néanmoins, le déficit avec l’Allemagne s’établit à -219 millions et celui avec l’Italie à -189 millions d’euros. Les livraisons de biens d’équipement pour le BTP ont également progressé vers les autres pays européens (+15 %). À l’inverse, vers les autres destinations, les exportations ont baissé : -4 % vers l’Asie-Pacifique, -8 % vers l’Amérique du Nord, -11 % vers l’Amérique du Sud, -11 % vers l’Afrique, -14 % vers le Moyen-Orient.
Vers la Chine, les exportations ont chuté de 33 % du « fait de problèmes de financement », a glissé Jean-Claude Fayat. Le marché chinois souffre d’une limitation des financements liés à la sortie des capitaux pour l’achat de produits étrangers. De plus, « un grand nombre de constructeurs établis en France, qu’ils soient d’origine française ou non, produisent maintenant localement en Chine. C’est par exemple le cas de Manitowoc (ex-Potain) », indique au Moci Renaud Buronfosse, délégué général du Cisma.
Quant à la baisse des livraisons de biens d’équipement pour le BTP à destination de l’Afrique, elle est en partie imputable à l’Algérie, pays vers lequel les exportations ont plongé de 26 % du fait « des tensions politiques », a indiqué Jean-Claude Fayat. « C’est un marché complexe », a-t-il ajouté. En février dernier, le Cisma avait d’ailleurs alerté ses adhérents sur le fait qu’une attestation de libre circulation était désormais demandée pour exporter des produits en Algérie. « Une limite administrative complémentaire pour les exportateurs d’équipements vers ce pays, non membre de l’OMC », avait alors dénoncé l’association professionnelle.
En ce qui concerne le recul des exportations (-14 %) vers le Moyen-Orient, « c’est conjoncturel », explique Renaud Buronfosse. « Il y a eu, développe-t-il, un marché très important pour les matériels de levage comme les grues à tour qui, en 2017, n’a pas été au rendez-vous ». De plus, une baisse des achats de l’ensemble des pays de la zone est observée en raison de la baisse globale de leurs rentrées financières imputable aux prix faibles du pétrole.
S’agissant des importations, elles ont bondi de +12,8 % à 2 milliards d’euros. Le déficit du secteur des biens d’équipement pour le BTP s’établit ainsi à -134 millions d’euros.
Biens d’équipement de manutention : un déficit commercial de -564 millions d’euros
Après une diminution de 3 % en 2016, les exportations de biens d’équipement de manutention ont progressé de 7 % l’an dernier totalisant un chiffre d’affaires de 2,56 milliards. Les importations en hausse de 5,5 %, se sont elles élevées à 3,13 milliards d’euros. « On a une balance commerciale déficitaire malgré un taux d’export de 56 % », a ainsi déploré Jean-Claude Fayat. La balance commerciale de la filière demeure négative et s’établit à -564 millions d’euros en dépit du rebond des exportations (+7 % en 2017 après -3 % en 2016).
Les livraisons de biens d’équipement de manutention ont progressé vers toutes régions à l’exception de l’Asie-Pacifique (-13 %) et du Moyen-Orient (-5 %). Elles ont ainsi augmenté de 9 % vers l’Union européenne, région qui a réceptionné l’an dernier 59,5 % du total des exportations de la filière. Vers les autres pays européens, bénéficiaires de 10 % du total des exportations, les livraisons ont augmenté de 6 %. Les équipements de manutention sont majoritairement vendus en Europe (70 %).
Les exportations ont augmenté respectivement de 16 % vers l’Amérique du Nord et 18 % vers l’Amérique du Sud, tandis qu’elles ont enregistré une hausse de 18 % vers le continent africain.
Biens d’équipements pour la métallurgie : les exportations ont diminué de près de 8 %
Dans le secteur des biens d’équipements pour la métallurgie, « le taux d’export est plus faible, il est de 36 % », a commenté Jean-Claude Fayat. Et, il est également en baisse. En 2016, les entreprises de la filière réalisaient 40 % de leur chiffre d’affaires à l’export. D’après le syndicat, le recul des exportations (-7,9 % à 350 millions d’euros) explique cette baisse de la part du chiffre d’affaires réalisé à l’export par les membres du Cisma.
Toutes les zones géographiques, à l’exception des pays européens (+7 %) et de l’Afrique (0 %) sont concernées par le recul des exportations. Ainsi, les livraisons de biens d’équipement pour la métallurgie ont baissé dans toutes les autres régions : -2 % vers l’Union européenne (zone qui a pesé en 2017 pour 61 % du total des exportations), -5 % vers l’Asie-Pacifique, -50 % vers l’Amérique du Nord, -71 % vers l’Amérique du Sud, -39 % vers le Moyen-Orient.
Malgré des résultats positifs en 2017 (chiffre d’affaires des industries du Cisma en hausse de +11,6 % contre +8,9 % en 2016), des réalités différentes se dégagent donc selon les différents secteurs d’activité qui composent le Cisma.
Venice Affre
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