« C’est une année meilleure que prévue », a confirmé d’emblée Philippe Frantz (notre photo), le président du Cisma, le syndicat des équipements pour la construction, les infrastructures, la sidérurgie et la manutention, qui présentait le 31 mars à Paris lors de la conférence annuelle de l’organisation professionnelle les résultats pour 2015.
L’année 2015 s’est traduite par une légère amélioration (+1,7 %) du chiffre d’affaires (CA) réalisé en France, mais s’est surtout illustrée par « une nette accélération des exportations et une contraction marquée des importations », a commenté Philippe Frantz, dont c’est la dernière année à la présidence du syndicat.
Les exportations ont ainsi progressé de 3,8 % pour atteindre 4,84 milliards d’euros, tandis que les importations ont reculé de 3,1 % à 4,66 milliards d’euros. Il en résulte une balance commerciale positive qui s’est établie à 184 millions d’euros en 2015, à mettre en comparaison avec le solde négatif de -142 millions d’euros enregistré en 2014.
Biens d’équipement pour le BTP : les exportations portées par l’Amérique du Nord, l’UE et le Moyen-Orient
Le marché français des biens d’équipement pour le BTP reste atone, du fait du recul de l’activité du bâtiment en France, victime de huit années de crise quasi-continue. En 2015, l’industrie des biens d’équipement pour le BTP a vu son CA reculer de -5,4 % par rapport à l’année précédente à 790 millions d’euros, après une baisse plus prononcée de -7,74 % en 2014 par rapport à 2013.
A contrario, le marché international s’est montré plus dynamique au cours de l’année écoulée, « signe d’une amélioration partielle de l’économie mondiale dans ce secteur », estime l’organisation professionnelle. L’an dernier, les industriels du Cisma ont réalisé 71 % de leur chiffre d’affaires à l’international. « Les exportations ont continué à se développer », faisait ainsi remarquer le président du Cisma.
En 2015, les livraisons de biens d’équipement pour le BTP ont été portées par trois zones en particulier : l’Amérique du Nord (+18 %), l’Union européenne (+12 %) et le Moyen-Orient (+12 %).
L’Union européenne (UE) a été destinataire de 41 % du total des exportations françaises de biens d’équipement pour le BTP. L’Amérique du Nord a elle réceptionné 21 % des livraisons globales depuis la France. Dans le Top 3 des clients de la France figuraient respectivement en 2015 les États-Unis, l’Allemagne et l’Algérie.
À l’inverse, l’industrie française des biens d’équipement pour le BTP a essuyé d’« énormes reculs » au Brésil, affaibli par une profonde récession, en Russie –dont l’économie pâtit de la chute des prix du baril–, et en Chine, en proie au ralentissement de son économie. La croissance du PIB chinois (+6,9 % en 2015) a été la plus faible de ces 25 dernières années.
Matériels de manutention : un secteur tourné vers l’Europe
Avec des importations en hausse de 3 % à 2,68 milliards d’euros, soit un montant supérieur à celui des exportations (+3,5 %) qui s’élève à 2,48 milliards d’euros, la balance commerciale de l’industrie des biens d’équipement de manutention a été déficitaire en 2015. Elle a affiché un solde négatif de -203 millions d’euros. « Il y a beaucoup d’importations dans ce métier là », a justifié Philippe Frantz.
Dans ce secteur, le marché intérieur est en forte croissance (+12,8 %) à 1,19 milliard d’euros. À l’export, les biens d’équipement pour la manutention restent majoritairement vendus en Europe (63 %). L’UE a ainsi réceptionné plus de la moitié (54 %) des exportations totales du secteur en 2015. Et les pays européens hors UE ont été bénéficiaires de 9 % des exportations françaises.
À l’exception de la zone Asie-Pacifique, qui accuse une chute de 14 %, une progression des livraisons est observée dans toutes les zones géographiques. La baisse constatée en Asie-Pacifique est imputable en partie au ralentissement chinois, « mais aussi à la baisse des ventes vers le Vietnam qui bénéficiaient d’une année exceptionnelle en 2014 », explique au Moci Etienne Webre, secrétaire général du Cisma. En 2015, les exportations françaises de biens d’équipement de manutention à destination du Vietnam ont retrouvé leur niveau de 2013.
La décélération en Asie-Pacifique s’explique également par des livraisons vers le Japon qui subissent une baisse de 30 % « et cela depuis deux ans puisque 2014 était aussi en baisse », informe Etienne Webre.
En Afrique, les ventes se sont maintenues (+2 %), en Amérique du Nord, elles ont affiché une croissance de 8 % et de 9 % en Amérique du Sud. Mais la plus forte évolution a été observée au Moyen-Orient, région vers laquelle les exportations de biens d’équipement pour la manutention ont bondi de 40 % entre 2014 et 2015. L’organisation professionnelle constate que les achats de biens d’équipement de manutention dans la région sont tirés, à part égale, par l’Arabie saoudite (+40 % d’exportations) et les Émirats arabes unis (+40 %) ainsi que par le Qatar (+146 %), pays organisateur de la Coupe du monde de football en 2022. « En valeur, ces trois pays représentent la quasi-totalité de la progression », commente le secrétaire général du Cisma.
Biens d’équipement pour la métallurgie : hausse de +116 % des exportations vers l’Afrique
Dans ce secteur, « on ne fabrique pas ce qui est demandé, on importe », a signalé Philippe Frantz avant de reconnaître : « on a un problème de compétitivité ». Dans ce contexte, les importations ont augmenté de 10,5 % pour s’élever à 470 millions d’euros.
De leur côté, les exportations de biens d’équipement pour la métallurgie ont progressé à un rythme moindre (+4,1 %) à 450 millions d’euros. Les livraisons vers l’UE ont augmenté de 37 %. Vers le Moyen-Orient, les ventes sont stables (+3 %). Les ventes vers l’Afrique ont elles bondi de 116 %. « Le bond spectaculaire des exportations vers le continent africain est lié aux belles réalisations en Égypte et en Algérie. Ces deux pays représentent 60 % de cette croissance », explique Etienne Webre.
A contrario, les exportations ont chuté de 40 % vers l’Asie-Pacifique. Le recul des ventes est là encore largement imputable au ralentissement économique en Chine, pays « qui tire les exportations vers le bas avec une perte de 50 % de la valeur des ventes entre 2015 et 2014 », renseigne le secrétaire général du Cisma. Les ventes vers le Japon ont également baissé fortement, « mais l’année 2014, précise-t-il, bénéficiait d’un pic inhabituel. On revient au niveau de 2013 ».
Vers l’Amérique du Sud, grand donneur d’ordre du secteur, les livraisons françaises de biens d’équipement pour la métallurgie ont essuyé une baisse de 43 %, dans une région en panne de croissance, affaiblie par un ralentissement économique net. Les ventes ont reculé de 33 % vers le marché nord-américain. « Ce sont majoritairement les laminoirs et les fours électriques qui se sont moins vendus en 2015 aux États-Unis ».
Quant au marché intérieur, il a particulièrement souffert en 2015 avec un retrait de 11 %, enregistrant un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros.
Venice Affre