Arguant d’une baisse de ses volumes d’activité, le géant américain de la livraison de colis a lancé un avertissement sur ses résultats, jeudi 15 septembre. Traditionnellement lus comme un baromètre en temps réel du commerce international, cet alerte est interprétée comme un signe avant-coureur d’un futur coup de frein des échanges de biens, tempéré toutefois par des annonces moins pessimistes de ses grands concurrents UPS et DHL.
L’annonce de FedEx Corp a jeté un froid sur les perspectives des échanges internationaux de biens. L’expressiste américain a en effet déclaré que les résultats du premier trimestre de son exercice fiscal, clôturé au 31 août, avaient souffert de « la faiblesse macroéconomique en Asie » et des « défis » en Europe. Cette baisse de l’activité a entraîné un manque de chiffre d’affaires de 500 millions de dollars pour sa division FedEx Express.
« Les volumes globaux ont décliné tandis que les tendances macroéconomiques se sont significativement détériorées vers la fin du trimestre, aussi bien au niveau international qu’aux États-Unis », a commenté le directeur général de FedEx Corp, Raj Subramaniam, dans un communiqué. Le deuxième trimestre, qui court de début septembre à fin novembre, ne s’annonce pas mieux. L’entreprise, qui emploie 275 000 personnes et couvre 220 pays et territoires, dit en effet s’attendre à une nouvelle détérioration de son activité.
Face au ralentissement des flux de colis, et alors qu’il avait choisi de compenser une baisse de l’activité depuis début 2022 par une hausse de ses tarifs, FedEx a choisi cette fois de réduire la voilure. Le groupe prévoit notamment d’abaisser la fréquence de ses vols, de mettre fin à certaines opérations le dimanche, de différer de nouvelles embauches ou encore de fermer 90 bureaux et dépôts.
UPS et DHL se montrent plus confiants
En attendant, cet avertissement sur les bénéfices de FedEx a nourri la fébrilité du marché boursier sur la santé de l’économie mondiale, avec, en toile de fond, sa possible entrée en récession. L’action de FedEx a dévissé de 20 % au lendemain de l’annonce de ces résultats préliminaires pour le moins décevants (les résultats définitifs sont attendus le 22 septembre).
Reste que les concurrents de FedEx Express semblent l’entendre d’une autre oreille, à commencer par l’américain UPS qui a confirmé, courant septembre, le maintien de ses objectifs financiers pour l’ensemble de l’année.
Au deuxième trimestre 2022, l’allemand DHL a quant à lui annoncé une augmentation de 23,4 % de son chiffre d’affaires en glissement annuel, à 24 milliards d’euros (Md EUR), ainsi qu’un résultat d’exploitation (EBIT) record de 2,3 Md EUR, malgré la flambée des coûts de transport et d’énergie. L’expressiste allemand a par ailleurs dévoilé le 15 septembre un plan d’investissements de 500 millions d’euros pour développer son réseau dans les villes secondaires en Inde.
Ces divergences dans les résultats et les perspectives des principaux expressistes, aux premières loges des fluctuations des échanges internationaux de marchandises, peuvent laisser penser que les difficultés rencontrées par FedEx lui sont propres et ne dont pas forcément annonciatrices d’une récession généralisée.
Selon les prévisions macroéconomiques publiées par Allianz Trade le 19 septembre, la croissance du commerce mondial en 2023 restera faible, mais positive, à + 1,2 %.
Sophie Creusillet