« Le maritime sera le premier mode à bénéficier du quadruplement du transport international de fret d’ici 2050 », a expliqué José Viegas (notre photo), secrétaire général du Forum international des transports (FIT), organisation intergouvernementale de 54 pays liée à l’OCDE, lors de la présentation, le 27 janvier à Paris, du « Panorama 2050 du transport ».
A cette date, alors que le volume global de marchandises transporté aura bondi à 307 615 milliards de tonne-kilomètre (t-k), le chiffre du fret acheminé par la mer aura augmenté de 327 %, à 256 433 milliards de t-k. D’après le rapport, le transport maritime est déjà « l’épine dorsale du commerce mondial, avec plus de 80 % du volume de fret ».
Les raisons sont multiples à la domination de la voie maritime. Selon José Viegas, « le transport maritime est bien huilé, alors que le système ferroviaire, par exemple, est encore contraint par des problèmes de management ou de connexion ». Par ailleurs, « un continent comme l’Afrique restera un gros exportateur de matières premières ». C’est pourquoi « il n’y a pas d’alternative au maritime », renchérit Jari Kauppila, coordinateur du rapport du FIT, mettant en exergue « le mauvais état des routes et le sous-équipement des voies ferroviaires en Afrique et en Asie » et « l’enclavement de certains pays en Afrique ».
La route dominera en Asie et en Afrique
Pour autant, les modes de transport autres que le maritime vont connaître les hausses les plus fortes en 2050 : + 482 % pour l’aérien, qui représentera un trafic de 1 110 k-t, + 384 % pour la route, qui progressera à 19 130 k-t, et + 349 % pour le rail à 256 430 k-t.
La route et le transport aérien progresseront notamment dans les pays enclavés. De même, s’agissant du commerce routier entre pays d’une même région. C’est, d’ailleurs, le commerce interrégional qui va connaître les progressions de trafic les plus importantes d’ici 2050. Quel que soit le mode de transport, il augmentera ainsi de 715 % en Afrique à près de 5 400 milliards de t-k et de 403 % en Asie à 29,65 milliards de t-k. Le transport routier sera alors dominant dans ces deux continents.
Toutefois, en volume, le plus spectaculaire sera le développement de l’axe Pacifique-Nord, qui deviendra le premier corridor international, avec 75 milliards de t-k en 2050, supplantant ainsi l’Atlantique Nord, avec 65,1 milliards. A cette date, le transport dans l’océan Indien représentera un trafic de 53 milliards de t-k, dépassant ainsi le transport dans la Méditerranée et la Caspienne, avec 42 180 milliards de t-k.
Aller vers plus d’efficacité dans le management et l’utilisation des équipements
Par produit, ce sont des métaux, les produits miniers et agricoles qui seront les plus échangés, ainsi que le matériel électronique en valeur et le gaz en volume. Dans son Panorama 2015, Le FIT émet quelques recommandations, comme l’amélioration de la capacité managériale. « Les facilités existantes sont sous-utilisées. Il faut plus d’efficacité », commente José Viegas.
Autres nécessités, selon les auteurs du rapport, investir dans les liens manquants et dans les connexions multimodales toujours par souci d’efficacité et dans l’infrastructure, y compris à l’intérieur des terres, préparant à l’explosion des méga-navires. « Les ports ne sont pas équipés », soutient le secrétaire général du FIT. Enfin, il convient, affirme-t-il, « mieux utiliser les véhicules, éviter les retours à vide notamment ». Les rapporteurs du Forum plaident ainsi pour un accroissement des taux de charge et à une diminution des période d’inactivité.
François Pargny
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