Cananga est un groupe familial de Mayotte, spécialisé dans le négoce de matériaux de construction et la distribution d’articles de bricolage. Il a implanté l’enseigne Mr Bricolage à Maurice en 2008.
Gamil Kakal a succédé à son père à la tête de l’entreprise en 1986. En 1999, il décide de délocaliser à Maurice l’activité de négoce, jusqu’alors basée à La Réunion.
« Je recherchais un relais de croissance et j’ai pensé que Maurice, où les coûts du travail sont maîtrisés, serait un centre opérationnel pour rayonner dans l’océan Indien, en particulier à Madagascar et aux Seychelles », relate Gamil Kakal. Pari gagné, puisqu’il vient d’implanter son entreprise dans le port franc mauricien, à Port Louis. « Nous y avons installé un centre de stockage, ce qui va permettre d’accompagner notre distribution à Maurice et Mayotte », précise le président du directoire de Cananga. « Le port franc est une véritable rampe de lancement pour notre groupe. En outre, insiste-t-il, ce pays stable politiquement dispose d’un aéroport constituant une porte d’entrée vers l’Afrique et le sous-continent indien. »
En 2008 – soit cinquante ans après sa création –, le groupe établit l’enseigne Mr Bricolage, spécialisée dans l’habitat et le bricolage, à Maurice. Son magasin sous franchise de 3 300 m2, à Trianon, compte huit rayons (bois, quincaillerie, outillage, électricité, sanitaires, décoration, matériaux et jardinage) et quelque 30 000 références. Il est ouvert 7 jours sur 7 et géré par une équipe de 30 personnes.
« Nous avons souffert pendant 18 mois, car la distribution n’était pas structurée et le concept et l’enseigne étaient inconnus », se souvient Gamil Kakal. Néanmoins, à l’époque, l’évolution était favorable à plusieurs titres : hausse du pouvoir d’achat, croissance de la classe moyenne, succès des hypermarchés, accès à la propriété facilité, donc développement de l’habitat, et apparition du « faire soi-même » (do it yourself) aux dépens du « faire faire ».
Aujourd’hui, la fréquentation du magasin de Trianon augmente, au point que Cananga a décidé d’ouvrir à la mi-2012 un deuxième magasin Mr Bricolage, plus grand – 3 700 m2 – à Grand Baie. Toutefois, si Gamil Kakal se félicite du « bon niveau scolaire d’ensemble » à Maurice, en revanche, il note « une certaine difficulté à trouver du personnel spécialisé dans la distribution ». C’est une activité qui, selon lui, doit être aussi mieux réglementée, et donc dotée de normes protégeant les consommateurs.
Par ailleurs, si le président du directoire de Cananga juge l’administration, notamment le Board of Investment (BOI), « efficace » pour aider les entreprises dans leur implantation, il regrette le « manque de fluidité de cette même administration dans les phases d’exploitation de la société ». Enfin, le patron français dénonce la concurrence déloyale et les écarts de prix, résultant de la contrefaçon dans l’île.
François Pargny
Un paradis fiscal
Maurice a bien du mal à se défaire de l’image de paradis fiscal qui lui colle à la peau. D’après l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), l’activité offshore représente 3 % de son produit intérieur brut et 100 milliards de dollars de fonds investis sur place.
Le Centre Vale de l’université de Columbia, dans un rapport sur les investissements entrants en Inde publié en mars 2010, note que Maurice compte à lui seul pour une part de 42 % en 2009. Un taux qui n’est pas contesté par Ken Poonoosamy, directeur au Board of Investment (BOI) à Maurice, lequel constate aussi que son pays est « le premier investisseur étranger en Inde ».
« Maurice, explique les rapporteurs du Centre Vale, fournit des exemptions fiscales aux sociétés étrangères s’établissant sur place. Et comme il y a un accord en matière de taxation entre Maurice et l’Inde, les compagnies qui passent par Maurice pour investir en Inde retirent encore un plus grand avantage fiscal. »
Maurice, de façon générale, ne répond pas tout à fait aux normes du Forum mondial sur la transparence et l’échange d’informations fiscales. Dans un rapport, rendu public le 31 janvier, le Forum, abrité par l’OCDE, indique que les autorités nationales appliquent imparfaitement le cadre légal et réglementaire. Il observe ainsi que certaines informations échappent aux autorités, notamment des renseignements sur la propriété et les comptes de quelques sociétés offshore. De même, l’accès à des informations détenues par les banques serait difficile à obtenir.
F. P.