Selon le dernier baromètre annuel de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham), les inquiétudes des investisseurs américains en France portent davantage sur le climat social et les « vieux démons » français que sur l’impact de la crise sanitaire.
L’image de la France reste attractive pour les investisseurs américains mais le choc de la pandémie a fait ressurgir leurs inquiétudes historiques sur le climat social du pays, la flexibilité du marché du travail, la fiscalité et la complexité administrative. Tels sont les principaux enseignements du dernier baromètre annuel du moral des investisseurs américains en France en 2020, publié le 11 février par la Chambre de Commerce américaine en France (AmCham) et le cabinet de conseil Bain & Company.
Ce baromètre, qui mesure chaque année la perception des investisseurs américains de l’attractivité de la France et de son environnement économique, montre que notre pays les divise de plus en plus. Ainsi, si 48 % d’entre eux estiment que leur entreprise a une bonne image de l’Hexagone, cette proportion baisse pour la première fois depuis 2015 et atteint son plus bas niveau depuis 2017. En 2019, ils étaient près de 65 % à avoir une bonne image de la France !
Le climat social, premier critère observé par les entreprises américaines
La crise planétaire participe notamment à polariser davantage les opinions en France. Alors qu’environ 40 % des dirigeants interrogés en 2020 prévoient une évolution positive du contexte économique en France dans les 2 à 3 prochaines années (- 2 % qu’en 2019), ils sont 23 % à anticiper une évolution négative (+12 %).
Mais la crise actuelle ne suffit pas à expliquer cette hausse de prévisions négatives. Elle réveille surtout les « vieux démons » de la France pointés par les investisseurs américains et qui refont surface : un climat social difficile, une fiscalité lourde, un coût de travail élevé, un manque de flexibilité du marché du travail et la complexité administrative.
Le climat social devient d’ailleurs le premier critère observé par les dirigeants américains. « 54% le voient même comme un frein à leurs investissements en France, comparé aux autres pays européens », souligne Marc-André Kamel, Vice-Président de l’AmCham en France, et co-auteur du baromètre.
Le Plan de relance plébiscité
Les entreprises américaines implantées sur notre territoire saluent toutefois depuis 2017 les réformes et la baisse des impôts de production qui ont permis de rendre les conditions d’investissement en France plus attractives. Et 96 % d’entre elles approuvent les mesures de soutien prises par le gouvernement en 2020 ainsi que son plan de relance.
Un bémol cependant : 70 % se déclarent inquiètes du creusement de la dette publique française lié aux mesures d’urgence de gouvernement. Elles craignent des ajustements fiscaux forts dans les années à venir.
En attendant, les investisseurs américaines, premiers employeurs étrangers en France, se préparent à payer le contrecoup de la crise sanitaire sur l’emploi. Ils ne sont plus que 27 % à penser que le nombre de leurs employés va augmenter, contre 51 % en 2019.
Enfin, la Covid-19 a manifestement peu entamé leur moral. Près de 60 % pensent que la crise sanitaire n’aura pas d’impact à moyen terme sur leurs investissements. La majorité pense qu’il leur faudra deux ans ou moins pour retrouver une activité économique comparable à 2019. Plus d’un tiers envisage même un retour à la normale en moins d’un an.
Bruno Mouly