Malgré un contexte de durcissement des sanctions américaines contre l’Iran allant crescendo depuis la fin juillet –de nouvelles sanctions ont été votées par le Congrès américain visant son programme de missiles balistiques et à l’encontre des Gardiens de la révolution–, les grandes entreprises françaises à l’instar de Total et plus récemment de Renault, continuent néanmoins d’avancer leurs pions dans un marché jugé prometteur.
Il est vrai que le marché est porteur : au premier semestre 2017, les seules exportations françaises d’automobiles ont fait un bond en valeur de quelque 277 % par rapport à la même période de l’an dernier, passant de 12,2 à 46,2 millions d’euros selon les statistiques de la douane française compilées par la base de données GTA du groupe IHS. Un signe que les courants d’affaires reprennent. Globalement, sur le premier semestre, malgré la persistance des difficultés à trouver des circuits financiers fiables, l’ensemble des exportations françaises de biens sont sur une dynamique de croissance extrêmement forte, avec une progression de 162,2 % (763,7 millions d’euros) !
Une nouvelle coentreprise avec IDRO et Parto NEGIN Naseh Company
Le constructeur automobile français a ainsi franchi une nouvelle étape le 7 août, en signant à Téhéran l’accord final (notre photo) pour la création d’une coentreprise en Iran avec le fonds d’investissement et de rénovation public iranien IDRO (Industrial Development & Renovation Organization of Iran) et Parto NEGIN Naseh Company, l’importateur des produits de Renault en Iran. La création de cette nouvelle structure, dont Renault est l’actionnaire majoritaire, avait été précédée, à l’automne dernier, de la signature d’un accord stratégique annoncé à l’occasion du dernier Mondial de l’Automobile à Paris (1er-16 octobre 2016).
Avec cette nouvelle coentreprise, le constructeur français renforce sa présence dans le pays où il est installé depuis 2003 grâce à une autre coentreprise avec les constructeurs iraniens Saipa et Iran Khodro. Elle intègrera un centre d’ingénierie et d’achats « qui favorisera le développement des fournisseurs locaux », précise le communiqué de Renault, ainsi qu’une usine d’une capacité de production de 150 000 véhicules par an dans un premier temps, qui s’ajoutera aux capacités existantes (200 000 véhicules) du groupe dans le pays.
Une production de véhicules mais aussi de moteurs
Les premiers véhicules produits dans cette usine seront les nouveaux modèles Symbol et Duster. Outre l’usine de véhicules annoncée en septembre 2016, une usine de moteurs d’une capacité de 150 000 unités par an est également prévue. Le site sera localisé à Saveh, à 120 km de Téhéran. « Dans un marché iranien en forte expansion, il était indispensable de se doter d’usines, mais aussi d’un centre d’ingénierie et d’achats. Cette joint-venture nous permettra d’accélérer notre croissance dans le pays », a déclaré Thierry Bolloré, membre du comité exécutif, directeur délégué à la Compétitivité, cité dans le communiqué.
La coentreprise avec ses partenaires historiques Saipa et Iran Khodro continuera pour sa part à produire et à distribuer la gamme actuelle : Tondar, Tondar pick-up, Sandero et Sandero Stepway, « et ceci indépendamment du démarrage de la nouvelle JV », précise le constructeur dans un communiqué.
Au cours du premier semestre 2017, les ventes en Iran de la marque au losange ont doublé par rapport à 2016, atteignant un total de 68 365 véhicules et une part de marché de 9,7 %. Le nouvel accord prévoit également le développement d’un réseau de distribution exclusif Renault en complément du réseau actuel de Negin Khodro. « Avoir un réseau de distribution exclusif renforcera la position du groupe Renault en Iran. La signature de cette nouvelle joint-venture confirme les choix stratégiques que nous avons faits dans ce pays et nous ouvre de nouvelles perspectives dans un marché qui devrait atteindre 2 millions de véhicules en 2020 », a estimé Stefan Mueller, membre du comité exécutif, directeur délégué à la Performance. De quoi permettre à Renault de revenir dans la course aux côtés de PSA.
Venice Affre
Sur la photo de gauche à droite : Thierry Bolloré, membre du comité exécutif, directeur délégué à la Compétitivité, Mansour Moazzami, vice-ministre et président de IDRO, Kourosh Morshed Solouk, directeur général du groupe NH.
Pour prolonger :
– Iran / Automobile : Renault va renforcer sa présence avec une nouvelle coentreprise
– France / Iran : rétablissement imminent d’un canal de financement export