Le territoire français semble relativement attractif pour les investisseurs étrangers, quoique subsistent quelques freins : c’est ce qu’indiquent les résultats, publiés le 8 juillet, de la toute première édition de l’Indice d’attractivité du territoire* (18 pages), édité par les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF).
L’« Indice d’attractivité du territoire » est présenté sous la forme d’une « note » sur 100, et permet par ailleurs une exploitation par secteur d’activité ou zone géographique. Il est construit sur la base d’un sondage mené en ligne en mai 2015, avec le soutien de Eurogroup Consulting, auprès du réseau des CCEF qui recense 3 900 conseillers dont près des deux tiers sont basés à l’étranger dans 146 pays. Ils devaient se prononcer sur 12 critères**, allant de la fiscalité à l’environnement culturel.
Au total, 33 % des CCEF interrogés ont répondu, soit 1 300, ce qui donne un bel échantillon des milieux d’affaires français.
Mauvais et bons scores
Premier constat, l’attractivité du territoire français souffre d’une mauvaise perception de sa compétitivité dans des domaines essentiels comme la fiscalité, la charge administrative et le coût du travail :
– Une fiscalité trop élevée. Ce critère obtient une moyenne de 17/100, donnée par les CCEF interrogés de tous secteurs et zones géographiques confondus.
– Un marché de travail considéré comme peu flexible et un climat social difficile : 16/100
– Une charge administrative et réglementaire trop contraignante : 17/100
– Un coût de la main d’œuvre perçu comme trop élevé : 25/100
En revanche, le critère d’un environnement culturel « attrayant » obtient le score de 91/100 et celui de la qualité des infrastructures 88/100.
« Depuis 2000, la progression du coût horaire de la main d’œuvre a, en effet, été nettement plus rapide en France qu’en Allemagne, avec des hausses respectives de 46 % et 26 %. Le taux nominal d’imposition sur les bénéfices des entreprises est en France parmi les plus élevés de la zone euro. Il existe en revanche également un fort consensus autour des nombreux atouts que notre pays peut faire valoir aux yeux des investisseurs en matière d’environnement culturel attrayant, de qualité des infrastructures, ou encore de capacités d’innovation et de recherche (…) », commente Gilles Bonnenfant, administrateur du Comité national des CCEF (CNCCEF) en charge de l’attractivité et président du comité Hauts-de-Seine des CCEF, dans un communiqué rendant compte des résultats de ce premier sondage.
Toutefois, l’indice d’attractivité varie par région du monde.
Le manque de flexibilité du travail, principal frein pour les dirigeants d’entreprises d’Amérique du Nord et d’Asie-Pacifique
Selon l’indice, les investisseurs établis en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique semblent, par exemple, plus critiques que les autres lorsqu’il s’agit d’évaluer le niveau de « flexibilité du travail » proposé par la France. Ce critère constitue pour eux un frein à l’attractivité du territoire hexagonal.
Dans les pays d’Amérique du Nord, les investisseurs reprochent également à la France une « charge administrative très lourde ». Ce critère est considéré comme un facteur pénalisant très fortement l’attractivité de la France.
En Asie-Pacifique, les investisseurs paraissent, eux, moins enthousiastes quant à la capacité de la France à offrir une réelle « sûreté des personnes ». Les CCEF interrogés considèrent par ailleurs l’Allemagne comme beaucoup plus attractive en termes de « sûreté des personnes » que la France.
S’agissant du « coût de la main d’œuvre », il paraît assez logiquement un frein plus important pour les investisseurs des pays émergents, notamment de la Communauté des États indépendants (CEI). Les CCEF interrogés considèrent par ailleurs l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis comme beaucoup plus compétitifs que la France.
Pour les auteurs de l’indice, qui a été remis aux gouvernements, cette première édition de l’Indice d’attractivité du territoire montre qu’en dépit de la bonne image de la French Touch, capital immatériel important qui contribue à faire rayonner la France hors de nos frontières, « la France semble néanmoins, depuis plusieurs années, moins attractive ». « Rendre le territoire français plus attractif est un défi majeur pour l’économie nationale […]. La création le 1er janvier 2015 de Business France traduit cette prise de conscience […] », conclut le communiqué.
Venice Affre
*Le CNCCEF a créé au début de l’année une Commission en charge de la promotion de l’attractivité française dont le rôle premier consiste à mettre en place, en France et à l’étranger, des actions de promotion de l’attractivité du territoire français. Pour ce faire, cette commission a créé cet « Indice d’attractivité du territoire ».
**Les 12 critères de cet indice, pour lesquels les CCEF attribuent une note sur 100, sont : charge administrative et réglementaire ; fiscalité ; qualité de la main d’œuvre ; coût de la main d’œuvre ; flexibilité du travail et climat social ; sécurité juridique ; approvisionnement énergétique et coût de l’énergie ; qualité des infrastructures ; capacités d’innovation et de recherche ; qualité de vie et environnement ; sûreté des personnes ; environnement culturel.
Pour en savoir plus :
Contactez le Comité national des CCEF (CNCCEF) : www.cnccef.org