Malgré les turbulences sociales, la France continue d’attirer les investisseurs étrangers. Alors que le mouvement de grèves contre la réforme des retraites a succédé à la crise des « gilets jaunes », fragilisant les commerces et l’ensemble du secteur de la logistique et du transport de marchandises, les investisseurs étrangers sont toujours au rendez-vous.
Au total, plus de huit milliards d’euros d’investissements étrangers ont été annoncés par le gouvernement lors de la 3ème édition du sommet « Choose France », qui s’est déroulée le 20 janvier dernier à Versailles dans les Yvelines. Emmanuel Macron et Édouard Philippe avaient convié pour l’occasion sous les ors du château de Versailles 200 décideurs et patrons d’entreprises étrangers investissant en France ou projetant d’y investir.
Objectif : convaincre des grands groupes et grands investisseurs de choisir la France et d’investir en France au cœur des territoires. Leur montrer que le pays bouge, fait des réformes sur les plans de la fiscalité, du travail et de l’organisation des territoires pour attirer les investissements.
Ce nouveau sommet aura été fructueux en matière de promesses d’investissements. Voici les principaux engagements annoncés qui se chiffrent en millions d’euros, dans les chantiers navals, la modernisation de sites industriels ou la création de centres de R&D et de sièges sociaux.
MSC Croisières : une commande de 2 Mds EUR aux Chantiers de l’Atlantique
L’armateur italo-suisse MSC Croisières et les Chantiers de l’Atlantique implantés à Saint-Nazaire (Pays de la Loire) ont annoncé, lors d’une cérémonie en amont du sommet, le matin à l’Hôtel de Matignon, la signature de contrats fermes pour la construction de deux nouveaux navires MSC World Class GNL, qui seront livrés en 2025 et 2027.
Actuellement en cours de construction aux chantiers de Saint-Nazaire, le premier des deux paquebots de croisière devrait entrer en service en 2022. Il deviendra le plus gros navire exploité par une compagnie de croisière européenne ainsi que le premier navire de croisière propulsé au GNL (gaz naturel liquéfié) jamais construit en France.
Les contrats représentent un investissement global de la part de MSC Croisières de plus de 2 milliards d’euros (Mds EUR) et devraient générer pour le chantier naval et ses fournisseurs quelques 14 millions d’heures de travail supplémentaires. « On ne signe pas tous les jours des contrats de cette importance pour l’économie française et l’avenir de nos territoires », s’est réjoui le Premier ministre dans un tweet.
Coca-cola annonce 1 Md EUR sur 5 ans
James Quincey, P-dg de The Coca-Cola Company, a pour sa part annoncé un plan d’investissement « majeur » en France. La firme de la célèbre boisson à bulles née à Atlanta (Géorgie) et Coca-Cola European Partners (CCEP), son principal partenaire embouteilleur en France, prévoient en effet d’investir ensemble jusqu’à 1 Md EUR au cours des cinq prochaines années.
Cette somme sera investie dans le lancement de nouvelles boissons sur le marché français, le développement de la capacité d’embouteillage et la modernisation des cinq usines de production de CCEP en France, ainsi que le développement permanent des marques.
CCEP investira ainsi dès cette année, dans son usine de Socx près de Dunkerque (Hauts-de-France), pour l’équiper d’une ligne d’embouteillage aseptique de pointe afin de répondre à la demande croissante pour les thés glacés Fuze Tea lancés en 2018, et les boissons aux fruits de la marque française Tropico acquise par The Coca-Cola Company en septembre 2018.
En parallèle, le géant américain s’engage à investir 500 M EUR pour soutenir le développement de ses marques dans les médias, par des expériences de marques ou par des partenariats stratégiques, comme le soutien aux Jeux olympiques de Paris 2024.
AstraZeneca investira plus de 450 M EUR d’ici 2025
Un an seulement après l’extension de son site industriel de Dunkerque (Hauts-de-France), l’entreprise biopharmaceutique AstraZeneca – née de la fusion en avril 1999 du suédois Astra et du britannique Zeneca – a annoncé un nouvel investissement pluriannuel de plus de 500 millions de dollars (M USD) soit environ 453 M EUR qui s’étendra sur cinq ans.
Une première enveloppe de 230 M USD sera consacrée au développement industriel pour la création d’une chaîne de montage autonome et de deux lignes de montage et d’emballage totalement intégrées. Elle servira également à la modernisation des équipements et des infrastructures existantes afin de répondre aux exigences les plus récentes de l’industrie pharmaceutique.
Un autre investissement d’un montant de 275 M USD sera engagé dans la stratégie de recherche et développement (R&D) qui sera renforcée sur le territoire français. Enfin, l’entreprise anglo-suédoise investira 15 M USD dans l’implantation d’un hub européen de l’innovation à Paris.
Toyota va injecter 100 M EUR supplémentaires sur son site de Valenciennes
En marge du sommet, le constructeur japonnais a annoncé le 14 janvier sa décision d’introduire un nouveau modèle dans sa gamme européenne : un SUV citadin dont le nom, la date de lancement et les volumes prévisionnels seront communiqués ultérieurement.
C’est le site de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF), situé à Onnaing, près de Valenciennes (Hauts-de-France), qui produira ce nouveau véhicule en complément de la Yaris, modèle phare de la marque. Toyota prévoit de débourser 100 M EUR supplémentaires sur son site de Onnaing. Un investissement de 300 millions d’euros avait déjà été annoncé en janvier 2018 par le constructeur pour moderniser son site du Nord de la France et rendre possible la production d’un modèle additionnel.
FedEx Express investit 30 M EUR
Le spécialiste américain du transport express international, FedEx Express, a annoncé à l’occasion du sommet Choose France un investissement de 20 M EUR sur son hub de Paris-Charles de Gaulle, au cours des exercices fiscaux 2020 à 2022, pour de nouvelles installations dédiées au transport de fret lourd et des équipements de pistes aériennes.
Par ailleurs, 10 M EUR seront investis au cours des exercices fiscaux 2020 et 2021 pour moderniser des sites et des équipements en régions, avec notamment la création de nouveaux sites près de Toulouse (Occitanie) et la transformation de systèmes de tri de colis à Lille (Hauts-de-France) et Valence (Auvergne-Rhône-Alpes).
Adecco, Ericsson, Netflix et les autres
D’autre sociétés étrangères ont fait des annonces, pour des montants moins importants.
La société suisse experte du recrutement intérim, Adecco, va ainsi investir 100 M EUR pour former 45 000 personnes en France en 2020 : 10 000 personnes via le CDI intérimaire, 2 000 intérimaires via les dispositifs d’insertion, 27 000 intérimaires et 6 000 collaborateurs permanents.
L’entreprise suédoise de télécommunications Ericsson a annoncé à l’occasion du sommet qu’elle ouvrira cette année un nouveau site de R&D en France qui emploiera jusqu’à 300 salariés. Ce site se concentrera d’abord sur le développement et la sécurité des logiciels 5G. Une première unité sera établie dans les bureaux d’Ericsson à Massy dans l’Essonne (Ile-de-France), dans le quartier de Paris-Saclay, l’une des plus grandes zones d’innovation d’Europe.
Pour Franck Bouétard, P-dg d’Ericsson en France, cet investissement « est la reconnaissance de l’excellence française en matière de compétences d’ingénierie et d’expertise R&D ». Il permettra au fournisseur suédois de services de télécommunications « de s’appuyer sur la richesse de l’écosystème français, en mettant l’accent sur la 5G et la sécurité ». Ericsson possède 18 centres de R&D en Europe implantés en Finlande, Allemagne, Hongrie, Irlande, Italie, Pologne, Espagne et en Suède.
En marge du sommet, la plateforme américaine de streaming Netflix a célébré le 17 janvier l’ouverture de son nouveau bureau parisien au cœur du IXème arrondissement. Le siège français, où travaillent 40 personnes, devient le quatrième bureau de Netflix en Europe.
Des mesures pour attirer les startup étrangères
À l’occasion du sommet Choose France, le gouvernement a aussi annoncé de nouvelles mesures d’attractivité à destination des startup ainsi que de leurs salariés français et internationaux.
– Parmi ces mesures, des dispositions concernent l’initiative French Tech Visa afin d’attirer les startup et les talents étrangers en France.
Visa le plus ouvert au monde pour les entreprises technologiques, le French Tech Visa est désormais disponible pour les startup étrangères basées en France afin de favoriser un meilleur accès aux talents mondiaux. Rappelons que le visa French Tech est une procédure simplifiée pour les investisseurs, fondateurs et collaborateurs de startups non-européens qui souhaitent s’installer en France.
« La France a l’ambition claire d’être un pays leader mondial en matière de technologies. Pour y parvenir, notre écosystème technologique doit être profondément international », a ainsi déclaré Cédric O, secrétaire d’État chargé du Numérique, présent à Versailles. « C’est pourquoi nous avons adopté ces mesures clés pour les talents et les startup étrangères ».
– Le gouvernement a également annoncé des mesures concernant les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE), outil d’intéressement au capital le plus couramment utilisé par les jeunes pousses pour leurs salariés.
D’une part, il a été clarifié que les salariés de startup étrangères installées en France pourront maintenant recevoir des BSPCE sur les titres de la société-mère. Cette mesure vise à favoriser l’implantation de startup en France.
D’autre part, les employés des startup pourront bénéficier d’une décote sur le prix d’exercice de leurs bons par rapport au prix d’acquisition payé par les investisseurs lors de la dernière levée de fonds de la société, lorsqu’ils ne disposent pas des mêmes droits. Les conditions financières seront ainsi plus favorables pour les salariés, élément clé pour les attirer et les fidéliser dans un contexte de fortes tensions sur les recrutements.
Le French Tech 120 dévoilé
Avant de rejoindre le sommet Choose France à Versailles, Cédric O a révélé le nom des 83 entreprises sélectionnées pour intégrer le dispositif French Tech 120 à l’occasion de la visite des locaux de l’entreprise Biolog-id installée à Bernay en Normandie, lauréate du programme French Tech 120.
L’entreprise normande experte de la santé connectée a conçu une solution innovante de gestion et de traçabilité des produits thérapeutiques sensibles basée sur la technologie RFID (Radio Frequency IDentification). Elle a été retenue pour intégrer le programme French Tech 120.
Ce programme destiné aux startup offre un accompagnement aux entreprises françaises de tout le territoire en capacité de devenir les leaders technologiques de demain. Le French Tech 120 est composé des entreprises du Next40 – une sélection annuelle des 40 startup les plus prometteuses de l’Hexagone, ayant un fort potentiel pour devenir des leaders technologiques de rang mondial, dévoilée par le président de la République le 18 septembre dernier – et de 83 nouvelles entreprises dévoilées le 20 janvier.
Une cote élevée auprès des décideurs internationaux
En dépit des turbulences sociales, l’attractivité de la France se maintient à un niveau élevé d’après les résultats 2019 du dernier baromètre de l’attractivité de la France réalisé par Kantar – Business France en amont du sommet.
Mené entre fin octobre et fin décembre auprès de 573 cadres dirigeants à l’étranger (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis, Inde, Chine, Émirats arabes unis), le baromètre montre que pour 87 % des dirigeants d’entreprises interrogés la France est attractive. Elle est ainsi le deuxième pays européen jugé le plus attractif après l’Allemagne et devant le Royaume-Uni.
De plus, 85 % des décideurs économiques internationaux considèrent que la France est un pays qui engage des réformes pour moderniser son économie, citant en tête des réformes pour améliorer son attractivité l’allègement de la fiscalité des entreprises et les mesures prises en faveur de l’innovation.
Entre outre, 84 % des personnes interrogées estiment que l’environnement juridique et fiscal des affaires en France est stable.
Desk Moci
Pour en savoir plus :
Consultez les résultats du baromètre Kantar – Business France de l’attractivité de la France en fichier PDF joint ci-dessous