Seconds exportateurs européens derrière le Royaume-Uni, les cabinets d’architectes français regrettent de ne pas exporter plus, selon la synthèse d’un rapport* commandé par le ministère des Affaires étrangères (MAE) et dont la publication est prévue l’été prochain. Pour accélérer leurs activités à l’international, ils lorgnent sur le modèle britannique.
Les architectes français sont particulièrement recherchés à l’étranger, entre autres, pour la force conceptuelle de leurs projets, leur expertise sur des sujets spécifiques (bâtiments culturels, espaces publics…) ainsi que pour leur capacité d’adaptation au contexte local.
Pourtant, seulement 2,6 % des agences exportent et l’architecture française réalise à peine 4,2 % de son chiffre d’affaires à l’export, soit beaucoup moins qu’au Royaume-Uni (14 %), champion européen en la matière. Et également beaucoup moins que ce qu’ils souhaitent selon les résultats d’une enquête de l’Afex (Architectes français à l’export) diffusée par le Conseil national de l’Ordre des architectes : 65 % des architectes travaillant exclusivement en France, veulent aller à l’international.
Les freins à l’export sont nombreux : difficulté d’accès aux informations pertinentes sur les marchés et les appels d’offres, petite taille des agences, absence de stratégie d’export, etc. Le manque de données sur le chiffre d’affaires et les caractéristiques des agences exportatrices sont également un frein dans le soutien des pouvoirs publics aux architectes qui voudraient exporter.
Pour renforcer le potentiel de l’architecture française à l’export, l’Afex énumère plusieurs axes de développement possibles :
– Définir une série de pays et marchés cibles vers lesquels concentrer l’action des architectes et de leurs partenaires publics et privés.
– Intégrer la dimension internationale et export dans la formation initiale et continue.
– Adapter et faire connaître les dispositifs de soutien à l’export.
– Renforcer la mobilisation du réseau diplomatique et sensibiliser les agents publics en poste à l’étranger.
– Appuyer les réseaux professionnels et soutenir leurs initiatives, notamment l’accueil de jeunes professionnels dans les agences françaises (et réciproquement) et l’évolution de l’Afex vers une organisation de type « RIBA à la française ».
S’inspirer du Royal Institute of British Architects
Si le RIBA (Royal Institute of British Architects) britannique apparaît aux yeux des architectes français si pertinent en tant que levier à l’export, c’est en raison de sa capacité à fonctionner comme une source de ressources, concentrant à la fois des formations, des ressources sur l’export, un service de diffusion d’appels d’offre internationaux, l’accueil de stagiaires étrangers, un travail promotion de l’architecture … Bref, une activité bouillonnante et proactive.
Pour faire de l’Afex un « RIBA à la française », les architectes tablent notamment sur un renforcement des liens et du travail de coordination avec Business France. Ils attendent également beaucoup du volontariat international en entreprise (V.I.E.), « filière » de recrutement et d’aide à l’export dont la profession devrait pouvoir bénéficier.
Le réseau diplomatique français est également appelé à contribuer à la promotion des architectes français à l’international en sensibilisant les agents publics à l’étranger à leur poids économique, également important pour d’autres secteurs en raison de leur rôle de prescripteurs.
Signe que l’état d’esprit de ce rapport devrait trouver un écho favorable, il a été réalisé dans le cadre du Comarex (le Comité interministériel pour l’exportation de l’architecture), qui a été réactivé en janvier dernier par le Quai d’Orsay. La volonté politique de soutenir l’initiative des architectes français de structurer un dispositif de soutien à l’export est bien présente. Comme celle des agences de pas laisser l’international aux seules stars de la profession (en photo, le pavillon France à l’exposition universelle de Shanghai en 2010, conçu par Jacques Ferrier).
SC
*La synthèse du rapport de l’Afex Architecture française à l’export est dans le fichier Pdf attaché à cet article, ci-après.