2015, année de tous les records, pourrait-on dire, pour l’Agence française de développement (AFD). En présentant le bilan de l’année passée, Anne Paugam, la directrice générale de l’établissement public dépendant de trois ministères (Outre-mer, Finances, Affaires étrangères), s’est ainsi félicitée du montant en hausse de 3 % du total des engagements, qui se sont ainsi élevés à 8,3 milliards d’euros, et des niveaux jamais atteints en Afrique, qui a reçu 3,8 milliards, dont 3,1 milliards engagés au sud du Sahara, et dans le domaine du climat et de la croissance verte, avec 2,9 milliards d’euros.
Anne Paugam a rappelé que « l’impact sur l’environnement était un mouvement entamé depuis plus dix ans dans la maison » et que l’objectif de 50 % dans les Etats étrangers qui lui était assigné était déjà dépassé, avec un taux de 55 % en 2015, après 53 % en 2014. Après la 21e Conférence des Nations Unies pour les changements climatiques (Cop 21) à Paris, elle a rappelé que François Hollande avait annoncé, en septembre dernier, la mise en place d’ici 2020 de quatre milliards par an de financement supplémentaire en prêt, dont 50 % pour le climat.
Des synergies avec la CDC dans l’environnement et la ville durable
D’autre part, l’AFD, habituée à lancer « des solutions concrètes » en matière d’environnement, est chargée d’aider « les pays qui le souhaitent » à développer « de façon opérationnelle » leurs contributions nationales à la Cop 21. Il s’agit ainsi « dans les programmes d’investissement existants de faire émerger des réalisations concrètes et de faire aussi émerger des programmes d’investissement que pourraient financer les bailleurs de fonds », a précisé la patronne de l’agence publique.
Enfin, le climat, les énergies renouvelables et la ville durable devraient être des axes de coopération retenus avec la Caisse de Dépôts (CDC), les deux institutions, appelées à se rapprocher, devant signer en été (peut-être en juillet) une convention de partenariat à l’occasion du prochain Comité interministériel pour la coopération et le développement (Cicid). Ce sont, au demeurant, des thèmes sur lesquels l’AFD travaille déjà, car elle va dès cette année bénéficier d’une manne supplémentaire de 700 millions d’euros et donc atteindre à la fin de l’année un nouveau sommet d’engagements à 9 milliards d’euros.
Normes sociales et pays en crise
Parmi les autres domaines d’intervention de l’AFD, conformément aux objectifs du développement durable (ODD) fixés dans le cadre des Nations Unies, devront figurer la protection sociale, l’accès à la santé ou encore la couverture universelle. « Des pays à revenu intermédiaire ou émergents, y compris la Chine, sont confrontés à ces questions, aux problèmes de la petite enfance ou du travail des femmes », a souligné Anne Paugam, qui revendique aujourd’hui « une mission unique de financeur du développement durable ». En d’autres termes, développement, environnement-climat et normes sociales constituent « une mission universelle », affirme-t-on à l’AFD.
La patronne du « bras séculier du gouvernement français » en matière d’aide au développement a également insisté sur l’activité croissante de l’agence dans les pays en crise. A l’instar de l’aide apportée au Liban et à la Jordanie en matière de gestion des effets de l’accueil massif de réfugiés de Syrie, l’AFD cherche à traiter les causes des crises, à renforcer les capacités d’adaptation et de prévention. Mais qu’en est-il des zones de conflit et du risque terroriste ? Il n’y a pas de risque zéro, a convenu Jacques Moineville, directeur général adjoint de l’agence française, qui a, néanmoins, mis en garde. « Les zones dangereuses, ce sont celles où le terrorisme se développe si on ne fait rien » et, selon lui, il faut donc intervenir, mais si reconnaît-il, « c’est difficile. Il faut intervenir dans des conditions d’efficacité, pérennes et en ne mettant pas en péril la sécurité de nos propres équipes ».
François Pargny