L’industrie française de l’agroéquipement est attaquée sur son marché domestique. Et comme les entreprises françaises, souvent des PME, y sont occupées à défendre leurs positions, leurs exportations stagnent. Les derniers chiffres, présentés par l’Union des industriels de l’agroéquipement (Axema) le 2 avril, sont, à cet égard, éclairants : entre octobre 2102 et septembre 2013 : les livraisons hors de l’Hexagone ont augmenté de 1 % à 3,05 milliards d’euros, pendant que les acquisitions de biens ont bondi de 14 % à près de 4,65 milliards. Une hausse sensible, qui venait déjà après une progression forte de 13,7 % en 2012.
« Nous sommes meilleurs sur notre propre marché qu’à l’export. Et comme la France est le plus important en Europe, nous ne pouvons que nous faire piquer des parts de marché », commente Patrick Pérard, qui préside Axema. L’Allemagne est le premier client de l’Hexagone, mais aussi son premier fournisseur. De fait, si la France y réalise 22 % de ses ventes extérieures, ses importations proviennent aussi pour une part de 38 % de son voisin européen.
Avec 25 salariés, la petite et moyenne entreprise française possède un effectif moyen de moitié inférieur à celui de la PME allemande. Elle est aussi confrontée depuis 2008 à une montée des importations de l’est et du sud de l’Europe. « Les fournisseurs étrangers sont attirés par un marché technique en France, ce qui rend de plus en plus difficile la compétitivité de nos entreprises. Nous sommes arrivés à un point de vigilance et la seule solution est la montée en gamme », assure Laurent de Buyer, président de la commission économique d’Axema (notre photo).
« Nombre de nos membres n’exportaient pas il y a cinq-six ans et le font maintenant. On pense que c’est par l’innovation qu’ils peuvent gagner des parts de marché », renchérit Patrick Pérard. Globalement, la profession a bien résisté aux attaques, grâce au marché intérieur. Mais après plusieurs belles années, ponctuées par un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros en 2013, une baisse de 10 % à 5,4 milliards est attendue cette année.
Selon Elodie Dessart, responsable du pôle économique d’Axema, les industriels interrogés par l’union estiment que « le climat est propice » pour exporter surtout au Brésil et en Chine. Partenaire d’Ubifrance depuis plusieurs années, Axema travaille de concert aussi avec l’agence française et l’association chinoise des importateurs de matériels agricoles (Camda) pour la mise en place de « zones de marché » sur l’ensemble du territoire, dans le cadre d’un programme quinquennal soutenu par le ministère de l’Agriculture à Pékin. Les trois associés semblent avoir ciblé une province et une zone en particulier, mais Alain Savary, le directeur général d’Axema, préfère encore sauvegarder le secret. Sans doute par prudence. L’objectif étant de réunir sur site des espaces de démonstration et d’exposition de produits, des services de stockage, distribution ou encore de tests et de formation.
François Pargny