Pour la première fois, l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) et l’agence nationale Business France étaient réunies sur un stand commun ‘France’ au Salon international de l’alimentation (Sial) dont l’édition 2018 se tient du 21 au 25 octobre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte. C’est donc sous la bannière commune « France » que l’Ania, qui représente 17 647 entreprises alimentaires françaises, et Business France ont décidé de s’associer. À la clé, un objectif commun : valoriser l’offre tricolore dans l’agroalimentaire auprès des visiteurs internationaux.
Il y a du pain sur la planche : les produits alimentaires français perdent des parts de marché à l’export et seules deux entreprises françaises sur dix du secteur exportent contre huit sur dix outre-Rhin. C’est le constat sans appel d’une étude menée par l’Ania sur les freins à l’export et dont les résultats ont été présentés le 22 octobre, lors d’une conférence de presse conjointe, avec Business France, à l’occasion du Sial. Les deux organismes en ont profité pour dévoiler leur ambition et leur plan d’action commun en faveur du soutien aux exportations de la filière agroalimentaire française.
« Les chiffres des PME qui exportent ne sont pas bons aujourd’hui », a commenté Michel Nalet (au centre sur la photo), président de la commission Europe et International de l’Ania. « Mais malgré tout, a-t-il nuancé, on a beaucoup de petites entreprises qui réussissent à l’export ». Le tableau n’est donc pas entièrement noir. Pour lever certaines barrières qui ralentissent encore les entreprises qui veulent se projeter à l’international, l’Ania a mené une enquête auprès d’une centaine d’entreprises parmi ses adhérents pour identifier les freins à l’export.
Trois freins ralentissent encore les entreprises
L’enquête pointe plusieurs difficultés.
En tête, les moyens humains. « Le premier frein, c’est un problème d’investissement sur l’humain », a révélé Michel Nalet, qui est également directeur de la communication et des relations extérieures de Lactalis. Au sein des entreprises, il n’y a pas assez de commerciaux dédiés à la prospection des marchés. « Il faut que les jeunes, aujourd’hui, se tournent vers ces métiers d’export », a clamé Michel Nalet.
Des dispositifs, à l’instar du volontariat international en entreprise (V.I.E), géré par Business France, existent pourtant pour aider les entreprises qui manquent de moyens humains pour aller prospecter des nouveaux marchés à l’export. Environ 300 entreprises agroalimentaires sont utilisatrices du dispositif V.I.E, a ainsi rappelé Christophe Monnier, directeur du département Agroalimentaire de Business France. C’est peu : « on a 12 000 entreprises agroalimentaires en France » a-t-il noté. Certes, elles n’ont pas toutes une activité à l’international, mais ce chiffre montre qu’une nette marge de progression est possible. « On souhaiterait qu’il y ait plus d’entreprises agroalimentaires qui aient recours au V.I.E », a précisé Christophe Monnier. « On y travaille avec l’Ania », a-t-il ajouté.
Le deuxième frein, c’est l’accès aux marchés, en particulier, hors Union européenne (UE). Les entreprises issues de l’agroalimentaire sondées par l’Ania ont en effet cité les barrières sanitaires et réglementaires comme étant les principaux freins rencontrés dans leur secteur pour exporter.
Enfin, le troisième frein pointé par l’étude est le manque d’informations sur les marchés, en particulier les pays tiers (hors UE), que ce soit en matière de réglementation ou d’identification des marchés à cibler.
Il faut « un plan Marshall pour l’export »
Devant ce constat, l’Ania avec l’aide de ses partenaires et des 17 Associations régionales des industries agroalimentaires (Aria) qu’elle représente, va mettre en place dès l’an prochain des outils et des actions concrètes pour permettre aux entreprises d’aller à l’export. « Nous à l’Ania, nous parlons de la nécessité d’avoir un plan Marshall pour l’export, et en particulier pour les PME », a déclaré Michel Nalet.
Que contient ce ‘plan Marshall de l’export’ imaginé par l’Ania ?
Concrètement, la fédération a décidé de mettre l’accent sur les programmes collectifs comme les missions d’entreprises qu’elle organise aux États-Unis et en Chine, qui apportent à ses adhérents des opportunités d’affaires.
Ce plan passera également par une montée en puissance de son club export agroalimentaire co-animé avec Business France. Ce club pourrait grossir pour accueillir davantage d’entreprises.
L’Ania va également lancer début 2019 avec Bpifrance un accélérateur dédié à la filière des industries agroalimentaires. La première promotion 2019/2020 intégrera 30 entreprises de l’agroalimentaire sélectionnées pour leur potentiel de transformation et leur ambition de développement, qui bénéficieront d’un programme d’accompagnement de 24 mois individuel et collectif.
Enfin, toujours dans le cadre de ce plan, l’Ania apportera sa contribution à la réussite des nouveaux dispositifs d’accompagnement individuel des entreprises avec le déploiement en régions des équipes de la ‘Team France Export’, nouveau dispositif de soutien à l’export dont les deux piliers sont Business France et les Chambres de commerce et d’industrie (CCI).
Business France et les CCI, partenaires dans les territoires
Comme l’a rappelé Christophe Monnier, la réforme du gouvernement en matière de dispositifs d’accompagnement des entreprises à l’international baptisée « Team France Export », annoncée par le Premier ministre Édouard Philippe en février dernier, « se traduit par une alliance stratégique entre CCI France, CCI International et Business France ».
De façon concrète, des conseillers Business France sectoriels spécialisés sur les questions de l’international, jusqu’alors basés au siège à Paris ou dans le réseau international, seront désormais présents dans les territoires, aux côtés de leurs homologues des CCI régionales. « Ces conseillers vont être déployés dans chacune des régions à compter du 1er janvier 2019 », a informé le chef du département Agroalimentaire de Business France. « Dans l’agroalimentaire, a-t-il encore précisé, on aura une cinquantaine ou une soixantaine de conseillers présents à l’horizon mi-2019 ». Plus largement, dans tous les secteurs d’activité, dont l’agroalimentaire, des équipes conjointes Business France / Chambre de commerce et d’industrie seront construites.
Lancement du guide de l’agroalimentaire « Où exporter en 2019 ? »
« Ce guichet unique est en train de voir le jour, les équipes maintenant sont physiquement regroupées dans des lieux communs en régions, tout ça va dans le bon sens », a insisté pour sa part Jean-Baptiste Lemoyne. Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, était présent au Sial, sur le stand France, pour le lancement du nouveau guide « Agroalimentaire, Où exporter en 2019 ? ».
Ce livre blanc de l’export dans le secteur de l’agroalimentaire, dont c’est la 11ème édition, est publié par le département Agrotech de Business France en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation.
« Ce guide n’est pas une nouveauté mais je crois vous permettra de toujours mieux cerner quelles sont les tendances et quelles sont les opportunités », a déclaré le secrétaire d’État. Au travers de 17 zooms sectoriels et de près de 40 fiches pays et de publi-reportages thématiques, les experts Agrotech de Business France ont identifié les nouvelles tendances de consommation et les opportunités de marché pour les produits agroalimentaires français.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Téléchargez le livre blanc de l’export « Agroalimentaire, Où exporter en 2019 ? », publié par le réseau Agrotech Business France en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, au lien suivant : https://events-export.businessfrance.fr/etudes-agro/ou-exporter/