Orange espère conclure cette année les négociations exclusives engagées avec Bharti Airtel, filiale néerlandaise de l’indien Airtel, pour l’acquisition de plusieurs de ses filiales : Burkina Faso, Congo, Tchad, Sierra Leone. Ces quatre nouvelles implantations s’ajoutant aux 20 du groupe français dans la zone Afrique-Moyen-Orient (Amea), ne lui permettrait, cependant, pas de devenir numéro un en Afrique.
A lui seul, le sud-africain MTN dispose de « 200 millions de clients, dont 50 millions au Nigeria, un pays où il y a quatre opérateurs au total, ce qui explique que nous n’y sommes pas présents », expliquait Marc Rennard (notre photo), directeur exécutif d’Orange Amea, lors d’un petit déjeuner de presse, à Paris, le 20 novembre. Pour l’opérateur français, le plus important, c’est le Burkina Faso. « C’est important pour la transmission du signal par câble, de meilleure qualité que par le satellite notamment pour la vidéo, et pour la continuité géographique de notre réseau », a fait valoir Marc Rennard.
Deux plateformes technologies en février, à Dakar et Abidjan
Le Mali, le Niger, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, ou encore le Cameroun et la Centrafrique sont des États où Orange est déjà présent. Au Mali où il possède 13 millions de clients, les fibres optiques permettent la connexion de l’Internet via la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Orange et les membres du consortium Africa Coast to Europe (ACE) ont annoncé le 18 novembre le lancement de la seconde phase de déploiement du câble sous-marin ACE, qui permet à l’Afrique de bénéficier d’une connectivité haut-débit et de services numériques, avec une extension de 5 000 km, reliant l’île de São Tomé et Principe, dans le golfe de Guinée, et l’Afrique du Sud. De 17, le nombre de pays connectés va passer à 25, ce dont se félicite le directeur exécutif d’Orange Amea, pour qui « la fibre optique est de meilleure qualité que le satellite et moins chère ».
Preuve de l’importance du maillage géographique pour l’opérateur tricolore, il ouvrira en février prochain deux centres, à Dakar et Abidjan, pour piloter l’ensemble de son réseau en Afrique de l’Ouest (+ le Botswana). « C’est une première mondiale à laquelle nous travaillons depuis 2012. L’exploitation sera confiée sous forme de BOT pendant trois à cinq ans à un de nos partenaires, le chinois Huaweï. Notre motivation étant toujours d’anticiper les évolutions technologiques et de disposer des compétences techniques, nous pensons qu’il est impossible de détenir toutes les expertises dans chaque pays et c’est pourquoi nous mutualisons », a exposé Marc Rennard.
Pour le dirigeant français, 2016 devrait être « l’année du transfert » pour Orange, qui a ouvert une boutique Orange Money cette année. Ce n’est pas le groupe français qui a initié les transactions par mobile, mais Safaricom qui a lancé le système M-Pesa en 2007 au Kenya. « Nous nous sommes engouffrés dans la brèche et sommes maintenant leaders en Afrique de l’Ouest. Ce sont 20 % du produit intérieur brut du Mali qui passe par Orange Money aujourd’hui. Et alors que cette année, 8 milliards d’euros ont été facturés ainsi sur la zone Amea, nos outils nous permettront de transférer jusqu’à 10 milliards en Afrique en 2016 », a encore assuré Marc Rennard.
En attendant l’ouverture du marché des télécommunications en Éthiopie
Orange veut grossir de trois façons : par croissance organique, avec l’Internet sur smartphone, les services aux entreprises, ce que permet le câble en fibres optiques, et les services financiers. Le Plan 2018 du groupe prévoit 400 millions d’euros de revenus supplémentaires grâce aux services financiers, dont la moitié en Afrique. Un objectif qui paraissait au départ un peu trop ambitieux, mais qui, en définitive, pourrait être dépassé si l’Égypte, où l’opérateur français possède 33 millions de clients, permet le développement de ce type de services. Orange devrait aussi s’engager fermement dans la micro-assurance.
Reste le cas spécifique de l’Éthiopie, « seul grand pays où le monde entier se précipitera quand il s’ouvrira, mais qui n’est pas prêt de s’ouvrir », assure le directeur exécutif d’Orange Amea, selon lequel « le secteur des télécommunications est très rémunérateur pour l’État ». En effet, il y a un monopole public, assuré par Ethio Telecom, opérateur qu’Orange connaît bien, puisque sa filiale Sofrecom, que préside Marc Rennard, possède un contrat de management. « Nous l’aidons à se mettre aux normes internationales », précise le patron de Sofrecom. Orange a sans doute d’autres ambitions et saura se montrer patient.
François Pargny