Ce sont 36 % des vins méditerranéens qui sont exportés, d’après le cabinet Wine Intelligence, qui a réalisé pour le compte d’Adhésion Group, organisateur du Salon international des vins et spiritueux méditerranéens (Vinisud), une étude sectorielle sur les identifications géographiques et les appellations d’origine protégée (IGP et AOP) produites dans 17 pays méditerranéens (*).
Dévoilée lors de la conférence de presse de présentation de Vinisud 2017 (29-31 janvier) et du lancement de l’Observatoire économique des marchés internationaux méditerranéens, le 24 novembre à Paris, l’étude montre de sérieuses différences entre pays : en Espagne notamment, 51 % des vins méditerranéens sont écoulés à l’étranger (70 % s’agissant des seules IGP), alors que cette part est de seulement de 27 % en France.
J-P. Perrouty : « 40 % de la croissance sont venus du Royaume-Uni et des États-Unis »
Au total, 29,3 millions d’hectolitres (hl) de ces vins ont été exportés en 2015 (27,8 % des flux mondiaux) pour un chiffre d’affaires de 8,8 milliards d’euros. Près des deux tiers, 64 % exactement, ont été livrés à l’intérieur de l’Union européenne (UE) et le reste hors de l’UE, avec souvent une valorisation supérieure (2,5 euros par litre dans l’UE, 3,9 euros à l’extérieur).
En volume, trois pays reçoivent en priorité les IGP et AOP méditerranéennes, dans l’ordre Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis, mais la zone la plus valorisante est l’Amérique du Nord. De fait, l’Allemagne est demeurée en 2015 numéro un, en absorbant 5,6 millions hl, malgré une baisse de 3 % en deux ans. Selon Jean-Philippe Perrouty (notre photo), directeur de Wine Intelligence, « 40 % de la croissance ces dernières années sont venus du Royaume-Uni et des États-Unis ». Ainsi, les exportations dans ces deux pays ont augmenté respectivement de 9 % à 4,6 millions hl et 8 % à 4,2 millions hl par rapport à 2013. Ce qui représentait 32 % des vins importés au total outre-manche l’an dernier et 35 % outre-atlantique.
« Le Royaume-Uni est, notamment, le premier débouché extérieur des vins méditerranéens effervescents – prosecco, cava, limoux – et cette catégorie de produits a aussi constitué la première contribution à la croissance des importations de vins méditerranéens dans ce pays, avec une hausse de 12 %, alors que, pour les vins tranquilles, la progression a été moindre, de l’ordre de 3 % », a précisé Jean-Philippe Perrouty.
Les États-Unis auraient, de leur côté, enregistré une forte progression des achats de rosé. Une tendance portée par les milléniums (nés après 1980), qui a, en particulier, profité au rosé de Provence, dont les volumes exportés auraient quintuplé en trois ans. En matière de valorisation, les États-Unis en 2015, se plaçaient avec 4,2 euros par litre en deuxième position, juste derrière le Canada, avec 4,3 euros, soit bien plus que la moyenne, qui atteignait 3 euros.
France : le dynamisme de l’AOP Provence
S’agissant de la France, l’an passé, l’IGP pays d’oc se taillait la part du lion avec 36 % des exportations françaises de vins méditerranéens, mais avec une valorisation relativement faible, égale à 2,2 euros par litre. Venait ensuite l’AOP Vallée du Rhône, avec 27 %, mais, en revanche, une valorisation bien supérieure, de 5 euros par litre.
« Globalement, les vins méditerranéens français ont connu une croissance à l’étranger de 12 % en valeur par litre en deux ans, ce qui est relativement important compte tenu de la faiblesse de l’inflation. On n’a pas hésité à relever des prix, ce qui explique, c’est normal, une petite baisse des exportations en volume de 1 % », a commenté Jean-Philippe Perrouty. En outre, le directeur de Wine Intelligence a souligné la forte dynamique de l’AOP Provence : + 50 % des volumes exportés et + 22 % de la valorisation à 5,6 euros par litre.
François Pargny
(*) Espagne, Italie, France, Portugal, Croatie, Slovénie, Grèce, Bosnie, Monténégro, Macédoine, Israël, Liban, Turquie, Algérie, Égypte, Maroc et Tunisie.