C’est une bonne nouvelle pour l’industrie navale en France, menacée de faillite il y a quatre ans : STX France, derniers grands chantiers navals français dont l’État est actionnaire à hauteur de 33 % (aux côtés d’actionnaires coréens), vient de décrocher une commande historique auprès de l’armateur italo-suisse MSC Croisières, qui lui a passé commande de quatre nouveaux paquebots géants pour un montant total de 4 milliards d’euros.
Au total, c’est huit super paquebots de la classe Meraviglia, fruit d’une coopération étroite depuis 30 ans entre les ex-Chantiers de l’Atlantique et son client privilégié, que STX France va construire. Quatre navires avaient été précédemment commandés, dont 2 début février 2016. La totalité de la flotte du croisiériste italo-suisse –12 navires– a été conçue et construite à Saint-Nazaire. C’est ainsi pour mieux servir son client italien –et aller plus vite– que le chantier français a acquis l’an dernier un portique géant capable de transporter des blocs de 1 000 tonnes. Un investissement qui a compté pour la dernière commande.
On comprend pourquoi c’est donc en grande pompe depuis l’Élysée que le chantier STX de Saint-Nazaire, basé en Loire-Atlantique, et MSC Croisières, ont officialisé le 6 avril la signature du contrat pour la construction par STX France de quatre nouveaux navires de croisière qui disposeront chacun de 2 750 cabines. La cérémonie (notre photo) s’est tenue au palais de l’Élysée, en présence de Laurent Castaing, directeur général de STX France et de Gian Luigi Aponte, président directeur général de MSC Croisières.
MSC, premier client privé de l’export français
« Depuis 2012, que de chemin parcouru, en à peine quatre ans. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si vos carnets de commandes sont suffisants mais comment vous allez pouvoir répondre à toutes les demandes qui vous sont adressées », s’est réjoui le président de la République François Hollande, après la signature du contrat. Les chantiers de Saint-Nazaire ont, de fait, de quoi travailler jusqu’en 2026.
Mais pour parvenir à ce résultat, plusieurs conditions ont été nécessaires, a rappelé le chef de l’État, citant en premier lieu l’accord de compétitivité signé en janvier 2014 par STX France, à l’issue de négociations sociales difficiles et d’un processus long entamé dès 2012. Une décision qualifiée par François Hollande de « collective », qui avait été prise par les salariés, leurs représentants et la direction pour engager les efforts en vue d’améliorer la compétitivité des chantiers et permettre à STX France d’être capable de remporter des marchés.
La deuxième condition, a souligné le président français, a été la mise en place d’une « stratégie de production et d’exportation qui supposait des investissements (…) Alors, il fallait aussi que les pouvoirs publics fassent leur part, prennent également leurs responsabilités, ce que nous avons fait comme actionnaire mais surtout comme soutien à l’exportation ». Une allusion à l’arsenal de nouveaux mécanismes de soutien financier à l’exportation mis en place depuis 2012*.
« Il nous était apparu, a justifié le chef de l’État, que sur certains produits, nous pouvions être mieux placés que d’autres, et donc avoir la capacité de remporter le marché, mais au dernier moment nous ne l’emportions pas parce que nos crédits d’exportation, notre soutien, notre système de garantie n’était pas suffisamment efficaces pour combler l’écart avec d’autres qui moins bons technologiquement pouvaient obtenir l’attribution du marché ». De fait, Emmanuel Macron l’avait souligné début février, à l’occasion de la signature à Saint-Nazaire d’une lettre d’intention de MSC pour deux paquebots : au titre des grands contrats export, le croisiériste italo-suisse est désormais le premier client privé de la France !
La signature de cette nouvelle commande géante par MSC Croisières et STX France permet de confirmer quatre nouveaux navires de croisière, qui seront construits sur les chantiers de Saint-Nazaire entre 2022 et 2026, garantissant à STX France un carnet de commandes garni sur les dix prochaines années. Longs de 335 mètres, ces quatre navires sont les plus grands jamais construits en Europe. Au total, le chantier représente 37 millions d’heures de travail et 3 500 emplois directs sur 10 ans.
Christine Gilguy, avec Venice Affre
*Financements export : Bercy muscle encore son arsenal de soutien aux exportateurs