La confiance des ménages et des entreprises de retour en Europe, surtout à l’ouest, la Compagnie française d’assurance-crédit export (Coface) affiche son optimisme. Un optimisme, toutefois, prudent, car, si dans son dernier panorama de risques sectoriels (juillet 2016), les évaluations y sont les plus favorables par rapport aux autres régions du monde, quelques domaines d’activité, comme le textile-habillement, continuent à souffrir et le Brexit introduit une nouvelle incertitude, qui va freiner le dynamisme de l’économie britannique.
Quatre secteurs ont ainsi été réévalués en Europe de l’Ouest : automobile passé de risque moyen à faible, construction de risque élevé à moyen, métallurgie de risque très élevé à élevé, et technologies de l’information et la communication (TIC) de risque moyen à faible. De même, en Europe de l’Est, un secteur, l’automobile, est passé, comme à l’ouest, de risque moyen à faible. Ainsi, d’après le baromètre des risques de 12 domaines d’activité dans 6 régions (Amérique du Nord, Asie émergente, Union européenne, Amérique latine, Europe centrale et Moyen-Orient + Turquie), le retour de la confiance en Europe est sensible dans l’automobile et la construction (notamment en Espagne, Allemagne et France), ce qui profite à la métallurgie. En effet, si le secteur est toujours soumis à la concurrence de l’acier chinois, ses débouchés sont répartis à 12 % dans l’automobile et à 52 % dans la construction. Pour autant, le risque y demeure très élevé dans deux États : Italie et Royaume-Uni.
Royaume-Uni : distribution, automobile, textile, transports, construction, pharmacie, tous menacés
S’agissant des conséquences du Brexit, les économistes de Coface, Paul Chollet, Khalid Ait Yahia et Guillaume Rippe-Lascout (notre photo) estiment que « si la confiance des ménages et des industriels est affectée par la volatilité des marchés financiers et par les incertitudes politiques, la consommation privée et les secteurs qui en dépendent (distribution, automobile, textile-habillement, transports) seront fragilisés par une augmentation de l’épargne de précaution des ménages et par une remontée de l’inflation ». La construction, précisent-ils, « un moteur historique de la croissance au Royaume-Uni (6,1% du PIB), devrait être le secteur le plus affecté à court terme par les effets secondaires du référendum, car pénalisé par le renchérissement du coût de ses intrants importés en raison de la baisse de la livre ».
Selon eux, « l’ajustement du marché immobilier devrait engendrer des conséquences négatives sur la consommation des ménages ». S’agissant encore des biens industriels, ils ajoutent que « les plus exportés par le Royaume-Uni sont la pharmacie (0,8% du PIB et 7,8% des exportations) et l’automobile (0,9% et 11,3%). A court terme, ces biens ne bénéficieront pas ou peu de la baisse de la livre car la demande adressée est relativement peu sensible aux baisses de prix. En revanche, l’instauration éventuelle de droits de douanes à moyen terme serait pénalisante car elle modifierait la structure de coûts des entreprises britanniques ».
Risque maximum en Amérique latine, minimum dans la santé
D’après Coface, le risque maximum se situe en Amérique latine, notamment dans l’énergie, la métallurgie et la construction. Seule embellie, le secteur papier-bois réévalué de risque élevé à moyen. Aux avantages comparatifs dans la production, s’ajoute au Brésil l’affaiblissement du réal de 45 % face au dollar en 2015, ce qui explique que les exportations y aient grimpé de 10 % pendant les cinq premiers mois de cette année. Ce secteur est aussi classé en risque moyen au Mexique, où trois autres domaines d’activité bénéficient de la meilleure évaluation en risque faible : automobile, distribution, pharmacie.
A cet égard, l’assureur crédit français note que la santé est le domaine le moins risqué au monde. En Amérique du Nord, il a ainsi été replacé en risque faible. Au Moyen-Orient, avec la chute des cours de l’or noir, plusieurs secteurs sont déclassés en risque élevé : automobile, agroalimentaire, distribution, textile-habillement. Et dans l’Asie émergente, la construction est, elle aussi, tombée dans la catégorie la plus élevée de risque.
François Pargny