Les PME allemandes sont plus actives dans le dépôt de brevets que leurs homologues françaises, les premières déposant presque deux fois plus de brevets que les secondes. C’est le principal constat dressé par le fonds d’investissement en propriété intellectuelle France Brevets, créé par l’État français, l’Agence nationale de la recherche (ANR) et la Caisse des dépôts et consignations, dans sa nouvelle étude qui compare les politiques de propriété intellectuelle mises en place par les entreprises françaises et allemandes, dont les résultats ont été publiés le 8 mars.
L’étude comparative menée par France Brevets entre 1996 et 2016 auprès d’un échantillon d’environ 2 000 PME basées en France et en Allemagne montre en effet que le nombre moyen de brevets déposés, au cours de la période donnée, par les PME françaises s’établit à 6,9 contre 12,4 pour les PME déposantes outre-Rhin.
Les entreprises allemandes ont une culture forte de la propriété intellectuelle
L’étude révèle également que sur les vingt dernières année, seules 575 PME françaises ont déposé des brevets alors que presque trois fois plus de PME allemandes, 1 401 au total, ont déposé, sur cette période, au minimum un brevet dans le cadre de leur stratégie de développement. En outre, entre 1996 et 2016, le volume de dépôts de brevets par les PME allemandes a affiché une croissance régulière – illustrant la forte culture de la propriété intellectuelle parmi les entreprises allemandes – tandis que le volume de dépôts de brevets des PME françaises est resté stable sur vingt ans.
Autre constat noté par l’étude, la France demeure absente du Top 50 des entreprises déposantes de brevets dans le monde alors que l’Allemagne se distingue comme « leader européen » avec des grands déposants comme Bosch et Siemens, uniques sociétés européennes avec le Néerlandais Philips figurant dans le classement des 50 principaux déposants de brevets à l’échelle mondiale. Les premiers déposants de brevets mondiaux se trouvent en Asie avec le trio de tête Japon (Toshiba, Toyota, Mitsubishi, Seiko…), Corée (Samsung, LG…), Chine (Huawei…). « Malheureusement nous n’avons pas de Français dans le Top 50 », a déploré Didier Patry, directeur général de France Brevets, qui présentait les résultats de l’étude comparative consacrée aux stratégies de dépôt de brevets par les PME françaises et allemandes.
Les PME allemandes qui déposent des brevets sont « championnes à l’export »
L’Hexagone compte 139 500 PME et 5 800 ETI tandis que le tissu économique allemand est constitué de 12 000 ETI. De plus, la France possède moins de PME-ETI exportatrices que l’Allemagne. L’étude pointe « la fragilité de notre tissu de PME-ETI qui n’exportent pas assez », a ainsi commenté Didier Patry. L’étude montre également que la réussite à l’export des fameux « champions cachés » du Mittelstand allemand –formé aussi bien par les artisans que les entreprises familiales, indépendantes de plus de 1 000 salariés– s’accompagne d’une politique de brevets structurée et cohérente qui s’installe dans une vision à long terme. Ces « champions cachés » qui investissent dans la R&D et ont une culture d’excellence sont offensifs sur les dépôts de brevets. Ainsi, les entreprises allemandes ayant déposé un grand nombre de brevets ont également une politique offensive à l’export. La propriété intellectuelle est un facteur de reconnaissance qui permet aux entreprises d’aller conquérir de nouveaux marchés avec confiance, estime France Brevets. « Pour réussir à l’export, il faut avoir une capacité d’innovation constante qui soit ambitieuse », a conclu Didier Patry.
Venice Affre
Pour prolonger :
– Europe / OEB : 2017, année record pour les demandes de brevets
– Focus Allemagne : comment le « mittelstand » français outre-Rhin exporte, investit et réexporte