La filière navale française, à travers le Gican, monte au créneau pour faire accepter une meilleure valorisation du Made in France dans les appels d’offres, sans tomber dans le protectionnisme.
Selon le Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), seulement 13 % des navires battant pavillon français sont aujourd’hui construits dans l’hexagone, contre 90 % dans les années 1990 ! La cause ? Dans la grande majorité de leurs appels d’offres, les armateurs français se tournent vers des chantiers étrangers, notamment asiatiques, contre lesquels les constructeurs tricolores ne peuvent rivaliser sur les seuls critères de coût.
C’est à partir de ce constat inquiétant pour la filière navale civile française, par ailleurs très exportatrice, que le Gican plaide pour une meilleure prise en compte du Made in France dans les appels d’offres des armateurs tricolores.
« Dans le contexte actuel de relocalisation et de réindustrialisation du pays lié à l’impact de la crise sanitaire, la part française dans les appels d’offres doit être mieux valoriser d’autant que les compagnies maritimes bénéficient de subventions publiques visant à améliorer leur compétitivité et qui pourraient bénéficier indirectement à l’écosystème naval local » indique-t-on au Gican.
Un critère supplémentaire sur la valeur ajoutée française
Pour cela, le syndicat professionnel (de plus de 190 industriels du domaine naval et maritime), propose d’ajouter « le critère supplémentaire de la valeur ajoutée tricolore dans les appels d’offres publics, émanant de régions comme par exemple la Bretagne, les Pays-de-la Loire ou l’Occitanie, pour le renouvellement de flottes de navires à passagers ».
Ce critère complèterait les trois critères courants techniques, financiers et RSE (responsabilité sociale et environnementale) des appels d’offre pour la construction de navire.
« L’ingénierie et la conception des navires qui représente 20 % à 30 % de leur valeur pourrait être effectuées en France, en s’appuyant sur le savoir-faire et les compétences de nos chantiers navals locaux de Concarneau, Cherbourg, des Sables d’Olonne ou de Boulogne-sur Mer… qui excellent notamment dans les navires câbliers, les bateaux à passagers et ceux qui participent aux plateformes offshores ou à l’éolien en mer » explique un porte-parole du Gican.
Une charte d’engagement et de responsabilité des armateurs privés
Autre préconisation du Gican : travailler avec les armateurs tricolores privés à une charte commune d’engagement et de responsabilité pour qu’une partie de la construction de leur navire soit faite dans l’hexagone. La conception et l’ingénierie pourrait également être octroyée dans leurs appels d’offres.
« L’objectif n’est pas d’imposer une part locale aux compagnies maritimes qui restent attachées aux principes de la libre concurrence, mais bien d’engager le dialogue pour une meilleure prise en compte dans les appels d’offres des retombées en termes d’emplois, d’activités et d’attractivité territoriales » assure-t-on au Gican.
A l’heure du Fontenoy du Maritime lancé ce mois de décembre par Annick Girardin, la ministre de la Mer, qui vise à renforcer la compétitivité du pavillon français, le syndicat veut en faire profiter à l’ensemble de l’écosystème naval national. « Nous plaidons pour une politique industrielle maritime qui fasse de notre filière un levier de développement économique de nos territoires » conclut-on au Gican.
Bruno Mouly