Europe de l’Ouest et Amérique du Nord, telles sont les deux zones mises en lumière par l’organisme de promotion des programmes audiovisuels français à l’étranger TV France International (TVFI) et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), lors du 21e Rendez-vous des traditionnelles rencontres B to B à Biarritz, début juin dernier.
« Sur l’Europe de l’Ouest, première zone d’accueil, nous constatons un regain d’activité avec + 7,8 % en valeur et en Amérique du Nord, un pic, avec une hausse de 4,2 % », constate Mathieu Béjot, délégué général de TVFI . Dans cette zone, précise-t-il, « nous atteignons notre plus haut niveau historique grâce à la fiction ».
Globalement, avec un montant de ventes et de préventes de 210,3 millions d’euros en 2014, les exportations de programmes audiovisuels français ont franchi un cap historique et, si l’on y ajoute des apports en coproduction, ce chiffre montre à 266,6 millions d’euros. Toutefois, si les ventes et préventes en un an ont bondi respectivement de 12 et 33 % hors de l’Hexagone, les apports en coproduction ont reculé de 18 %.
Dans le détail, « la croissance des ventes de programmes français à l’étranger est soutenue en 2014 par la fiction, qui progresse pour la quatrième année consécutive, atteignant 38,9 millions d’euros (+ 49,3 % par rapport à 2013), supplantant ainsi le documentaire à 34,9 millions d’euros (+ 13,2 %) comme deuxième genre le plus vendu, ont commenté TVFI et le CNC à Biarritz. L’animation reste le genre le plus exporté, avec 45 millions d’euros (+ 29,2 %), même si son chiffre d’affaires à l’extérieur fléchit légèrement (- 3,9 %). Et les ventes de formats (trames ou concept d’une fiction, d’un jeu, d’une émission de variétés) sont également en hausse à 22,8 millions d’euros (+ 3,5 %) ».
La zone germanophone en pointe
En Europe de l’Ouest, l’audiovisuel bleu-blanc-rouge est particulièrement mis en lumière dans la zone germanophone, avec les succès des séries Un village français, Engrenages, Les hommes de l’ombre ou la série humoristique Lazzy Company achetée par RTL Allemagne. « Du côté de l’offre, notre fiction s’est bien renouvelée ces dernières années et, s’agissant de la demande, de nouvelles chaînes de fiction ont éclos », remarque Mathieu Béjot.
En Allemagne, les programmes sont acquis à des prix plus élevés qu’en Espagne, où la crise perdure contrairement à ce qui se passe en Italie. L’export a ainsi régressé de 13,7 % dans le pays au sud de l’Hexagone et gagné 21,2 % de l’autre côté des Alpes. Mais en Italie, l’offre française a aussi bénéficié de la montée en puissance de la télévision numérique terrestre (TNT). « Quand la TNT s’est développée il y a quatre à cinq ans, l’effet a été très négatif sur nos livraisons, parce qu’elle attirait peu d’annonceurs. Aujourd’hui, c’est différent, note le délégué général de TVFI, et un peu partout l’offre française est valorisée, comme en Scandinavie mais surtout en Italie ».
La fiction et le documentaire ont encore le vent en poupe dans les nations francophones, comme la Suisse et le Belgique. La série policière Les Témoins a été largement diffusée au Royaume-Uni. De façon plus anecdotique, des livraisons de programmes sont enregistrées sur des marchés inattendus. Ainsi, Slam, jeu quotidien de 30 minutes créé et produit par Effervescence pour France 3 et distribué à l’international par Can’t Stop Media, fait aujourd’hui « l’objet de nombreuses options sur le marché international et d’adaptation, notamment en Turquie et Slovénie », indiquent TFVI et La Fabrique des formats, lancée avec l’aide de l’État pour promouvoir les formats en France. Les deux organismes sont, d’ailleurs, associés à la remise des Prix Export Format, dont la deuxième édition dans le cadre du Rendez-vous 2015, a récompensé Slam et le documentaire 24H, produit et financé par des partenaires français et allemands.
Le succès de Taxi Brooklyn aux États-Unis
En Amérique du Nord, « de grosses fictions tournées en anglais se vendent ou sont prévendues auprès de diffuseurs aux États-Unis, comme Taxi Brooklyn, série télévisée franco-américaine, mêlant la comédie et l’action, inspirée par la série de films Taxi, et nous parvenons également à nous y ouvrir le marché des plateformes vidéo à la demande », se félicite Mathieu Béjot. Par ailleurs, certains programmes français ont brillé sur l’ensemble de la scène internationale, comme la série d’animation Sonic Boom, exportée dans plus de 70 territoires. Les Lapins Crétins et Sally Bollywood rencontrent aussi un succès planétaire. Les documentaires Duels et Jusqu’au dernier témoignent également, selon TVFI et le CNC, « de la reconnaissance du savoir-faire français à l’international ».
François Pargny