La patience a fini par payer : après quatre ans de négociations difficiles, portant notamment sur les prix mais aussi sur les transferts de technologies et la localisation en Inde d’une partie de la fabrication, le contrat entre l’Inde et la France pour la livraison des avions de combat Rafale de Dassault Aviation a enfin été signé aujourd’hui par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian et son homologue indien Manohar Parrikar. Moins ambitieux que le projet lancé en 2012 pour quelque 120 appareils dont une grosse partie fabriquée sur place, pour lequel des discussions se poursuivent, il porte tout de même sur l’achat par l’Inde de 36 appareils, soit le plus gros contrat export du Rafale après ceux conclus l’an dernier avec l’Égypte et le Qatar (24 appareils chacun).
D’après des informations relayées par la presse française, le premier Rafale doit être livré en 2019, puis les suivants dans les trente mois qui suivront. Le montant exact du contrat n’a pas été dévoilé, la presse indienne évoquant un montant de l’ordre de 8 milliards d’euros, avec un important volet de compensation en offset, 50 % du montant devant être compensé par des transferts de technologies et contreparties industrielles.
Cette signature est la concrétisation d’un engagement pris par le Premier ministre indien, Narendra Modi, lors de sa visite à Paris, les 10 et 11 avril 2015* : il avait alors de sa volonté d’équiper rapidement son armée de l’air de 36 Rafale et le montant évoqué du contrat était de 4,3 milliards d’euros. Mais l’accord n’avait pu être officiellement signé lors de la visite en Inde du président français, François Hollande, fin janvier dernier**. Les ministres de la Défense des deux pays se sont impliqués personnellement dans le dossier pour faire progresser les négociations.
Pour l’avionneur français, qui s’est félicité de ce contrat, cet aboutissement est aussi le fruit d’une coopération ancienne remontant au Mirage 2000. « Dans la foulée du Mirage 2000, dont l’efficacité dans les Forces Aériennes Indiennes a largement contribué à la réputation des avions Dassault, le Rafale avait été choisi par l’Inde en 2012 à l’issue d’une compétition lancée en 2007, rappelle Dassault dans un communiqué. Ce nouveau contrat témoigne de la relation stratégique et du partenariat exemplaire qu’entretiennent les deux pays, et marque l’aboutissement naturel d’une relation de confiance née en 1953 quand l’Inde est devenue le premier client export de Dassault Aviation ».
L’industriel français, qui précise que quelque 500 partenaires industriels sont concernés par le Rafale, estime aussi à demi-mot que ce nouveau succès est aussi le fruit d’une diplomatie économique efficace en soulignant qu’il « récompense le travail d’une équipe « France » soudée » et qu’à cet égard, il marque « une étape décisive pour l’implantation de Dassault Aviation en Inde en vue de développer une coopération d’envergure dans le cadre de la politique du « Make in India » prônée par Monsieur Narendra Modi ».
C. G.
*France-Inde : tout sur la rafale d’accords dans l’aéronautique, l’espace, le rail ou l’énergie
**France / Inde : ce qu’il faut savoir des accords signés pendant la visite présidentielle