Y a-t-il un effet Rafale en Inde ? Alors que le 27 octobre Dassault et son partenaire local Reliance ont posé la première pierre de leur usine de fabrication de jets de combat à Nagpur, dans l’ouest, le ministre français de l’Europe et des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense en septembre 2016 au moment de la signature du contrat de vente de 36 Rafale à l’Inde, effectue un déplacement dans ce pays, les 17 et 18 novembre, pour préparer la visite d’Emmanuel Macron, annoncée, selon nos informations, « tout début janvier 2018 ».
Un nouveau coup de pouce à la vente d’avions de combat supplémentaires évoqués fin octobre lors du voyage en Inde de la ministre des Armées Florence Parly. Jean-Yves Le Drian devrait confirmer la venue du président français à la fin de son séjour celle-ci devant être annoncée peu après. Fruit du hasard, Eric Trappier, le patron de Dassault se rendra lui-même en Inde en janvier, mais avec sa casquette de président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), pilotant une cinquantaine de sociétés françaises.
Paris veut attirer plus d’étudiants indiens
La fabrication locale de Rafale entre dans la politique du Make in India si chère au Premier ministre indien, Narendra Modi. Le sous-continent veut du contenu local, produire et bénéficier de transferts de savoir-faire. Il dispose lui-même de compétences reconnues et de cerveaux. Paris en est conscient et c’est pourquoi le patron du Quai d’Orsay insistera sur le « partenariat humain », avec son volet mobilité. Il s’agit à la fois d’attirer plus de touristes dans l’Hexagone (seulement 500 000 touristes indiens en 2016), plus de chercheurs et d’universitaires et plus d’étudiants. Pour ces deniers, l’objectif est de progresser de 4 000 à 10 000 d’ici 2020.
Le séjour du ministre de l’Europe et des affaires étrangères coïncide avec le lancement, à Jaipur, de la troisième édition de Bonjour India, un évènement célébrant la créativité, l’innovation, la coopération franco-indienne dans 33 villes et dans tous les domaines (culture, recherche, économie, éducation). Parmi les nombreuses manifestations prévues jusqu’en février prochain, l’exposition The Experience, une expérience virtuelle et de réalité augmentée, retracera les grandes étapes de la relation bilatérale.
Le retour de PSA
La coopération entre les pays est déjà ancienne. En 1998, un partenariat stratégique a été conclu. Les grands domaines sont la défense, la sécurité, le contre-terrorisme, le nucléaire civil, le spatial. Par ailleurs, on compte environ 1 000 implantions françaises sur place. Les entreprises de l’Hexagone ont ainsi investi en Inde près de 20 milliards d’euros et emploient 300 000 personnes.
« La libéralisation économique, l’ouverture aux investissements étrangers, l’harmonisation fiscale, l’instauration d’une TVA unique, la croissance économique forte, l’Inde indiscutablement est au devant de la scène », se félicite Thibaut Fabre, directeur de Business France Inde, dont l’activité d’accompagnement de son équipe (une trentaine de personnes) au profit des PME tricolores a augmenté de 20 % en deux ans et demi.
Le retour de PSA va également rendre la France plus visible. En janvier, c’était l’annonce de deux coentreprises de véhicules et de moteurs en coopération avec l’indien de CK Birla, l’objectif étant de se doter d’une capacité initiale de fabrication de 100 000 véhicules par an à l’horizon 2020, suivie un mois après du rachat de la marque locale Ambassador, très prisée d’une certaine élite. PSA serait en train d’identifier ses fournisseurs locaux et de sélectionner les modèles de voiture. La sortie de la première voiture est prévue fin 2019.
François Pargny
Pour prolonger :
–Inde / Aéronautique : lancement de la construction de l’usine Dassault Aviation-Reliance
–UE-Inde / Libre-échange : des négociations en coulisses pour relancer les pourparlers
–Inde / France : les entreprises françaises séduites par le défi du Make in India
Et aussi la dernière édition de L’Export en 10 étapes, guide à l’usage des entrepreneurs