La reprise économique se renforce en France, et cela se traduit immanquablement par un rebond des importations. Sous l’effet d’une forte poussée des approvisionnements de véhicules automobiles et de l’achat de navires méthanier et offshore à la Corée du Sud et à Saint-Vincent (Caraïbes), conjugués à un tassement des livraisons d’Airbus et au rebond des achats de métaux, le déficit de la balance commerciale française s’est creusé de 1 milliard d’euros en avril 2016 pour s’établir à -5,2 milliards d’euros contre -4,2 milliards d’euros en mars (chiffre révisé), d’après les dernières données mensuelles du commerce extérieur publiées le 7 juin par les douanes françaises.
Après un recul de 3,5 % en mars, les exportations françaises ont augmenté de 1,8 % en avril à 37,1 milliards d’euros, toutefois, leur croissance à été moins dynamique que celle des importations, qui ont bondi de +4,1 %, après -5,5 % en mars, atteignant 42,3 milliards d’euros.
Forte accélération des approvisionnements de véhicules automobiles
Après avoir marqué le pas en mars, les importations dans l’industrie automobile (véhicules automobiles, pièces et équipements) « repartent vivement de l’avant », commentent les douanes qui précisent que « leur progression est trois fois supérieure à celle des exportations ». Ainsi, après s’être contractés en mars, les achats de voitures à l’Allemagne et l’Espagne se sont amplifiés en avril.
À l’export, les livraisons d’automobiles, en hausse vers l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, ont chuté à destination du Royaume-Uni. De même, hors Union européenne (UE), la Douane observe que de moins bonnes performances vers la Turquie et les États-Unis ont contrebalancé des hausses vers l’Afrique (Algérie et Maroc) et l’Asie (Japon, Chine et Corée du Sud).
Dans ce contexte, le déficit de l’industrie s’est creusé fortement pour s’établir à -1,1 milliard d’euros en avril contre -776 millions d’euros le mois précédent.
Aéronautique-spatial : les exportations battent de l’aile
Les ventes dans la filière aéronautique et spatiale ont fléchi. Les exportations « souffrent d’une performance en retrait pour les livraisons définitives d’Airbus et de l’absence de toute vente de satellite », résument les douanes. En avril, les livraisons définitives de l’avionneur européen ont atteint 2,36 milliards d’euros pour 26 appareils (dont deux A380), contre 2,72 milliards d’euros pour 33 appareils (dont deux A380) en mars.
À l’inverse, les importations continuent, elles, de progresser. En avril, de nouveaux Boeing ont été livrés depuis les États-Unis. Dans ce contexte –tassement des livraisons et poursuite de la progression des importations– l’excédent de la filière s’est encore réduit, passant de +1,38 milliard d’euros en mars à +990 millions d’euros le mois suivant.
Le rebond des achats de métaux est selon les douanes lui aussi déterminant dans l’aggravation du déficit de la balance commerciale en avril.
Reprise des achats de métaux
En avril, les importations ont effacé en grande partie leur repli de mars. Rappelons en effet que la baisse des importations était surtout sensible en mars pour les produits sidérurgiques (Allemagne et Belgique), l’uranium naturel depuis les fournisseurs tiers, l’aluminium depuis l’UE, et des produits de consommation (outillage, couverts, …) depuis la Chine. Les approvisionnements se sont rétablis en avril notamment pour l’uranium naturel (poussée depuis le Kazakhstan et la Namibie), pour l’aluminium depuis l’UE, l’or depuis la Suisse ou bien encore pour certains produits de consommation (outillage, couverts…) depuis la Chine.
À l’exportation, la baisse se poursuit, les livraisons de produits sidérurgiques enregistrant un important recul à destination des pays tiers (États-Unis, Chine, Algérie, Turquie et Canada).
La hausse globale des importations enregistrée en avril concerne la plupart des branches industrielles, à l’exception de la chimie et de la pharmacie.
Pharmacie et chimie : l’excédent bondit
Dans l’industrie pharmaceutique, « l’excédent bondit du fait d’une forte hausse des exportations combinée à une légère baisse des importations », renseignent les douanes. « La poussée des ventes de médicaments tient d’abord à l’amplification des livraisons à l’Italie », explique la Douane. S’y ajoute un notable renforcement des envois en Afrique dans le cadre de campagnes contre l’onchocercose et la fermeté des ventes aux États-Unis, à la Suisse et à l’Iran. En revanche, les ventes ont diminué vers l’Algérie et l’Asie (Japon et Chine).
La réduction des importations concerne essentiellement les achats depuis la Belgique (principes actifs), l’Allemagne (médicaments et produits sanguins) et les États-Unis (principes actifs). Les approvisionnement sont cependant fermes auprès de l’Irlande, de la Suisse et du Royaume-Uni.
Après leur chute de mars (voir notre article), les exportations de produits chimiques « reprennent partiellement », signalent l’administration des douanes dans sa publication des chiffres du commerce extérieur français. « Les importations sont stables, ce qui favorise un retour à l’excédent », ajoute l’administration. Le surplus commercial s’établit à +100 millions d’euros, après un déficit d’un montant similaire en mars.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez les chiffres mensuels du commerce extérieur publiés par les Douanes, en fichier PDF ci-joint.