Le gouvernement français reste inquiet de l’état insuffisant de préparation des entreprises, en particulier les PME et TPE au Brexit. Le vote historique espéré le 19 octobre au Parlement britannique sur le nouvel accord annoncé triomphalement deux jours plus tôt le 17 octobre à Bruxelles, n’a finalement pas eu lieu.
La Chambre des communes britannique a voté pour un report de son vote sur ce nouvel accord, dont la principale modification concerne la question de l’Irlande du Nord et le remplacement de la solution du backstop par un nouveau mécanisme évitant la réintroduction d’une frontière physique entre les deux Irlande. Elle prolonge ainsi l’incertitude sur les modalités de cette sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, avec ou sans accord sur une sortie organisée.
D’où une nouvelle mobilisation décrétée par Bercy. Dans un communiqué publié le 21 octobre, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, appelle l’ensemble des entreprises « à se saisir sans délai des outils mis en place par l’État pour les aider à préparer l’échéance du Brexit ». « Le Brexit, avec ou sans accord, aura un impact sur des milliers d’entreprises : sur celles qui commercent directement avec le Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi sur leurs clients et fournisseurs », rappelle-t-elle. Or, « beaucoup de PME font preuve d’attentisme ».
La majorité des PME est encore insuffisamment préparée
En effet, une consultation menée début octobre par la Direction générale des entreprises (DGE) auprès de près de 3 000 entreprises particulièrement exposées au Brexit confirme qu’une majorité de PME est encore insuffisamment préparée.
Plus précisément, 53 % des entreprises interrogées déclarent aujourd’hui ne pas être bien préparées pour la sortie du voisin britannique de l’UE. En outre, une proportion équivalente (54 %) n’a pas encore évalué les conséquences d’un Brexit sans accord pour son entreprise.
« Je ne peux me satisfaire de ce que 54 % des entreprises interrogées déclarent ne pas avoir examiné les conséquences d’un Brexit pour leur activité », a déploré la secrétaire d’État qui appelle les entreprises ayant un lien commercial avec le Royaume-Uni à « évaluer les risques et passer sans délai à l’action en prenant les mesures nécessaires ».
Pis, d’après la consultation menée par la DGE, seules 16 % des entreprises ont prévu des mesures en cas de Brexit sans accord.
« Il n’est pas trop tard, mais il faut se dépêcher »
Certes comme l’a rappelé Agnès Pannier-Runacher, le gouvernement est là pour accompagner les entreprises, « mais nous ne pouvons pas nous substituer à elles », a-t-elle lancé. « Il n’est pas trop tard, mais il faut se dépêcher », a-t-elle encore prévenu.
De son côté, le gouvernement a, depuis octobre 2018, déployé un important dispositif de sensibilisation des entreprises et mis plusieurs outils à leur disposition :
– Le site brexit.gouv.fr réunit l’ensemble de l’information gouvernementale disponible sur le Brexit ;
– La mise en place d’un outil d’auto-diagnostic en ligne accessible depuis le portail brexit.gouv.fr, permettant aux chefs d’entreprises de réaliser rapidement et gratuitement un premier diagnostic de leur situation face au Brexit ;
– L’organisation en régions de plus de 150 réunions d’information à destination des entreprises. La liste des prochaines réunions est accessible ICI.
Le communiqué de Bercy rappelle également la mise en place d’adresses mail dédiées aux questions des entreprises au sein des différents ministères dont :
– [email protected] (questions générales)
– [email protected] (questions douanières)
– [email protected] (questions liées aux produits agricoles)
– [email protected] (questions fiscales)
S’agissant des formalités douanières, qui représentent la majorité des questions des entreprises, les entreprises peuvent également obtenir des informations auprès d’Infos Douane Service (0 811 20 44 44, numéro non surtaxé).
À dix jours du Brexit, toujours prévu le 31 octobre, il est impératif pour Bercy que les entreprises commerçant directement ou indirectement avec le Royaume-Uni examinent les conséquences d’un Brexit avec ou sans accord sur leur activité et prennent des mesures pour en limiter l’impact.
Desk Moci