Huit PME et ETI françaises* se rendront en Australie du 24 septembre au 2 octobre prochain, dans le cadre du programme Maritime Connection Days in Australia, préparé par Business France, en coopération avec Naval Group, le Gican (Groupement des industries de construction et activités navales) et les pôles Mer Bretagne et Paca.
Sélectionnées par un jury d’experts**, ces sociétés vont participer à la réalisation de 12 sous-marins, un contrat de 50 milliards de dollars remporté en avril 2016 par Naval Group***.
Construire une escadre française pour 50 ans
Cette affaire qui engage « l’escadre française sur le long terme – une cinquantaine d’années – a été bouclée en un an », a rappelé, le 21 juin en présence des huit lauréats (notre photo), le directeur général de Business France Christophe Lecourtier, qui connaît bien le projet, puisqu’il était à l’époque des faits l’ambassadeur de France à Canberra (juillet 2014-juin 2017).
Deux ans après la décision de l’Australie de retenir Naval Group, il faut maintenant « accélérer », a expliqué Antoine Sajous, directeur au sein du groupe du programme, appelé Australian Future Submarine Program Sovereignty. « Nous avons échangé des informations avec tous, joué la transparence. Il y a des moments où il faut se monter patient, d’autres où il faut accélérer ».
D’où le programme d’accélération de Business France, avec une première promotion de lauréats, qui a, selon lui, « muri naturellement », parce qu’il « y a eu une prise de conscience très réelle qu’il y a une opportunité au moment où l’Australie veut engager la construction de son industrie ».
Les trois étapes du programme Business France
Le programme Maritime Connection Days in Australia comprend ainsi trois étapes, a exposé Estelle David, chef du département transports et travaux publics à Business France.
- la formation (commencé le 20 juin). Au menu, le territoire australien, ce qui est important pour le choix éventuel d’une implantation, la propriété industrielle, les négociations ou encore les pitch à l’australienne.
- le déplacement du 24 septembre au 2 octobre, pendant lequel les lauréats vont bénéficier d’un programme individualisé de rendez-vous en vue d’envisager partenariats, joint-ventures ou rachats.
- le suivi. Le salon Euronaval, du 23 au 26 octobre au Bourget, sera l’occasion pour les acteurs français et australiens de se revoir. Business France se concentrera sur cette mission de suivi.
« Il faut aussi accélérer, a souligné Antoine Sajous, parce que 2018 est l’année où on finalise un accord de partenariat stratégique et un contrat de conception sur les quatre à cinq années à venir ». La construction du premier sous-marin devrait commencer en 2022-2023 et sa phase d’essais et de validité, avant son admission au service actif, interviendrait alors vers 2030-2031.
Les premiers pas avec le voyage d’ E. Macron
Un certain nombre des lauréats des Maritime Connection Days étaient dans la délégation propulsée en Australie par le président français Emmanuel Macron, qui y a effectué une visite officielle du 1er au 3 mai****. Ainsi, Sylvain Doco, président chez Adexflow International (informatique), s’est félicité des contacts établis à cette occasion, avec, y compris, « une visibilité sur les États-Unis ». Interrogé par Le Moci sur les différences culturelles avec ce pays du Commonwealth, Sylvain Doco a insisté sur le fait que Français et Australiens « ont la même approche de la mer et du métier ».
Pour le groupe Gérard Perrier Industrie (équipements électriques, électroniques, instrumentation), son patron de l’international, Philippe Rosenwald, a indiqué que sa société avait profité du voyage présidentiel pour nouer des contacts en vue de partenariats, voire une implantation. Car, a-t-il insisté, « nous sommes une entreprise familiale et si nous décidons d’y aller, alors ce sera pour 50 ans ». En outre, a-t-il ajouté, « nous voyons en Australie des opportunités de diversification, dans le pétrole et le gaz, les mines et même l’agroalimentaire ».
Le choix du bon mode d’implantation
Autre PME, Socitec. Ce fabricant de ressorts industriels et d’amortisseurs, déjà très internationalisé (présence en Chine, des affaires avec Lockheed Martin…), a été racheté il y a deux ans par son actuel président, Michel Albrecht. « Aujourd’hui, a-t-il confié au Moci, nous sommes présents en Australie, mais à travers des grands comptes comme Thales. Demain, si nous nous implantions, nous pourrions attaquer le marché en direct et diversifier notre activité à d’autres domaines ».
Pour autant, poursuivait-il, « est-ce que l’Australie est un pays de cocagne ? Est-ce qu’il faut y installer une unité de vente ? Devons-nous ensuite y produire pour l’Asie Pacifique ? ». En fin de compte, ce sont des questions que se posent aujourd’hui tous les lauréats des Maritime Days. Des questions auxquelles ils espèrent aussi apporter des réponses le plus rapidement possible. Peut-être dès septembre-octobre.
François Pargny
*Sociétés participantes : Squad (cybersécurité), Adexflow International (informatique), Gérard Perrier Industrie (appareils électriques), Socitec (amortisseurs), Planitec (management de projet), Souriau (solutions de connexion), Sabella (turbines hydroliennes), Sofren (ingénierie, étude)
** Memlbres du jury : Teresa Lloy, CEO Maritime Industry Australia; Mathilde Nancy Prevost, International Development Manager chez Bpifrance; François Cotier, Business France Country Director for Australia & New-Zealand; Michael Taylord, Trade & investment advisor chez Austrade; Philippe Monbet, Deputy director chez Pôle Mer Bretagne; Charles Bouquet des Chaux, Export manager au Gican; Eve Raymond, International development manager chez Pôle Mer Méditerranée; et l’Australian Industry Defence Network.
***Défense / Export : DCNS remporte un méga-contrat de sous-marins en Australie
****Australie / France : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron
Pour prolonger :
Notre Fiche pays : Australie