2018 a été une année solide pour la filière aéronautique civile et de défense française, dont le chiffre d’affaires, en progression de 1,2 % par rapport à l’année précédente, a atteint 65,4 milliards d’euros, dont 44 milliards à l’international. C’est ce qu’a dévoilé le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) qui présentait le 18 avril les résultats 2018 de la filière lors d’une conférence de presse à Paris.
Éric Trappier (notre photo), président du Gifas, organisation professionnelle regroupant 397 membres, depuis les constructeurs jusqu’aux PME en passant par les fabricants d’équipements embarqués, a souligné la « forte composante exportation » de cette filière, qui a dégagé à nouveau « le premier solde excédentaire de la balance commerciale nationale en 2018 : + 27 milliards d’euros », s’est félicité Éric Trappier, qui est également président-directeur général de Dassault Aviation.
Premier solde commercial de la France
Les ventes dans la construction aéronautique civile, en hausse, se sont établies à 50,4 milliards d’euros après avoir atteint 48,6 milliards d’euros en 2017. Elles ont ainsi représenté 77 % du chiffre d’affaires de la filière aéronautique civile et de défense. Airbus a enregistré un nouveau record de livraisons. L’avionneur européen a livré l’an dernier un total de 800 avions commerciaux (contre 718 appareils en 2017), dont 20 A220, 626 avions de la famille A320, 49 A330, 93 A350 et 12 A380.
Le Gifas soutient le développement « d’une industrie de défense européenne »
Dans la défense, l’activité est demeurée quasi stable à 15 milliards d’euros (après 15,4 milliards en 2017). Le marché militaire a bénéficié de la bonne exécution du budget défense en France, précise la fédération professionnelle. À l’international, les livraisons de Rafale se sont poursuivies au cours de l’année écoulée. Ainsi, 9 Rafale ont été expédiés en Égypte, portant à 23 le nombre total d’avions de combat livrés. Au Qatar et en Inde, les contrats respectifs des 36 Rafale commandés respectivement par les deux pays sont en cours d’exécution. « Il y a une réalité de l’exportation dans la défense », a expliqué le patron de Dassault Aviation. « Le marché intérieur n’est pas suffisant en Europe », a-t-il souligné. « Le marché intérieur aux États-Unis est grand, il suffit », a-t-il encore ajouté.
Pour la fédération professionnelle, il est indispensable de soutenir le développement d’une industrie de défense européenne « forte et ambitieuse » et de lancer davantage de programmes en coopération en prenant en compte la dimension export des équipements. Une préférence européenne, juge Éric Trappier, est la seule option possible face à la concurrence étrangère. Il a notamment rappelé les avancées du programme de coopération franco-allemande visant à donner naissance à un nouvel avion de combat baptisé système de combat aérien du futur (SCAF) qui doit remplacer, à horizon 2035-2040, les Rafale de l’armée française et les Eurofighter allemands.
Le Gifas prône une « Europe de l’espace »
S’agissant de la filière spatiale, elle reste « performante » selon la fédération professionnelle. Sa croissance est principalement portée par l’export, où d’importantes livraisons de satellites sont réalisées, et plus particulièrement par les ventes au secteur privé. Le chiffre d’affaires consolidé de la filière s’est ainsi élevé à 4,62 milliards d’euros en 2017, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, en progression par rapport à 2016 (4,46 milliards).
L’industrie spatiale française, comme l’a rappelé le patron du Gifas, occupe une position de leader en Europe. Cependant, elle fait face à des compétiteurs, américains en particulier, qui bénéficient de marchés institutionnels captifs. « Les États-Unis sont extrêmement mobilisés sur leur industrie. Le pays soutient ses industriels », rappelait ainsi Eric Trappier. Ce dernier a insisté sur la priorité à instituer une préférence européenne pour les lancements institutionnels et assurer la compétitivité sur le marché commercial. « Demain dans le spatial, la Chine va arriver et les États-Unis réagiront », a-t-il encore prévenu. « Nous osons plaider la préférence européenne dans le domaine de l’espace », a-t-il confié.
L’Union européenne a développé des nouveaux programmes à l’instar de Galileo et du lanceur Ariane 6, développé par l’Agence spatiale européenne (ESA) pour remplacer Ariane 5 à l’horizon 2020. Arianespace a déjà signé avec l‘ESA six contrats de lancement pour Ariane 6. Pour autant, la filière est loin d’avoir achevé sa mue. Il y a urgence à persévérer, estime le Gifas.
Les équipementiers et les PME sont présents à l’export
À eux seuls, les équipementiers réunis au sein du Groupe des équipements aéronautiques et de défense (GEAD), la branche du Gifas qui défend les intérêts des équipementiers, ont réalisé un chiffre d’affaires de 20,36 milliards d’euros en 2017, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, dont 8,09 milliards à l’export. Les entreprises du GEAD ont ainsi réalisé 39,6 % de leurs ventes à l’international en 2017, d’après une enquête de la Banque de France (décembre 2018). « La profession commence à se tourner de plus en plus vers l’international », a commenté Patrick Daher, président du groupe éponyme et président du GEAD.
De leur côté, les petites et moyennes entreprises (PME), partenaires des maîtres d’œuvre sur l’ensemble des programmes aéronautiques et spatiaux, sont elles aussi actives à l’export. Les entreprises membres du comité AERO-PME du Gifas, présidé par Christophe Cador, ont ainsi exporté 29,7 % de leur chiffre d’affaires (3,65 milliards d’euros) en 2017.
Créé au sein de la fédération professionnelle en juin 1996, le comité AERO-PME a pour mission la valorisation des performances des PME. Il regroupe les PME membres de la fédération professionnelle et indépendantes de grands groupes industriels.
Ensemble réunis, les adhérents du GEAD et du comité AERO-PME ont réalisé un chiffre d’affaires de 24 milliards d’euros en 2017, dont 9,2 milliards d’euros à l’international. L’export reste essentiel pour la filière. De ce fait, comme l’a rappelé Patrick Daher, « le Gifas prend des initiatives fortes pour soutenir les exportations » à l’instar de la mission industrielle conduite par la fédération professionnelle en Inde en avril 2018. Sur place, les PME et ETI de l’aéronautique et de l’espace ont pu rencontrer leurs homologues indiennes à New Delhi puis à Bangalore.
Par ailleurs, 30 PME et ETI ont intégré en novembre 2018 la deuxième promotion d’Ambition PME-ETI. Ce programme d’accompagnement, sur 18 mois, à l’initiative du Gifas et de Bpifrance, a pour objectif de booster la croissance des entreprises de la filière aéronautique. La première promotion d’Ambition PME-ETI avait été lancée en septembre 2017.
Le Gifas donne rendez-vous aux acteurs de l’industrie au Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, dont il est l’organisateur. La 53ème édition se déroulera du 17 au 23 juin prochains.
Venice Affre