Les IAE (Instituts d’administration des entreprises) et les IUT (Instituts universitaires de technologie), structures spécialisées au sein de l’université française, veulent attirer plus d’étudiants étrangers. Solution : s’organiser en réseau et offrir plus de programmes en anglais. Les IAE ont une longueur d’avance.
Les IUT (Instituts universitaires de technologie), comme les IAE (Instituts d’administration des entreprises) ou les écoles d’ingénieurs des universités veulent faire valoir leur savoir-faire à l’international en se démarquant de l’université dont elles sont des composantes parfois méconnues.
Le 5 juillet 2012, les IUT (115 répartis sur tout le territoire), sont allés jusqu’au bout de cette logique en déposant leur marque auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Cette démarche – qui englobe l’appellation IUT, le logo du réseau des IUT (voir tableau en bas de page) et l’intitulé « Institut universitaire de technologie »- est une pratique plutôt inhabituelle dans le milieu de l’enseignement universitaire. Elle vient mettre un point d’orgue à la fronde que les IUT ont menée ces derniers mois contre la loi LRU (loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités) sur l’autonomie budgétaire des universités. Baisse de moyens, perte d’autonomie de gestion, différences de traitement selon la localisation des établissements, mise à l’écart des grands projets au sein de l’université… ces établissements réputés pour la bonne insertion professionnelle de leurs diplômés ont accumulé les doléances.
Aujourd’hui, alors que se profilent les prochaines discussions à propos de la nouvelle loi d’orientation sur l’enseignement supérieur et la recherche, ils affirment leur stratégie de communication avec un double objectif : s’émanciper de leurs universités de tutelle tout en affirmant leur identité au sein d’un réseau. « Une démarche d’autant plus légitime qu’à l’avenir les composantes de l’université auront un rôle à jouer pour développer leurs ressources propres », souligne Gregory Wegmann directeur de l’IAE de Dijon et vice-président « activités internationales » du réseau des IAE.
En l’occurrence, les IAE ont déjà montré le chemin. En 2012, ils s’affichent résolument comme une marque de l’université sous le libellé « IAE-écoles universitaires de management ».
Les IAE ont en effet leur propre identité, tout en inscrivant leur offre de formation dans le format européen « licence, master et doctorat ». « L’IAE a vocation à être une école de management universitaire, conformément au modèle classique des business schools dans les universités en vigueur à l’international », rappelle Gregory Wegmann.
Et pour mieux afficher ses spécificités, le réseau des IAE (voir tableau en bas de page) se lance seul dans le grand bain de la visibilité internationale. C’est ainsi que le réseau déploiera un stand à ses couleurs lors de la grande messe de l’European Association of International Education Dublin (EAIE), du 11 au 14 septembre 2012 à Dublin. Le réseau a également initié une démarche auprès de Campus France pour s’inscrire comme membre, en parallèle des adhésions en propre de chaque institut.
L’internationalisation des IAE implique également d’offrir plus de programmes en anglais. La moitié environ des 31 IAE ont un dispositif en anglais, généralement le master d’administration des entreprises (MAE), à bac +5. Pour la rentrée et pour 2013, précise Gregory Wegmann, de nombreux projets de diplômes en anglais sont en préparation, à l’instar du master (M1) « International master in business management » de l’IAE Gustave Eiffel-Ecole de management ou de celui de Dijon, qui planche sur une formule en anglais à la rentrée 2013, en plus de la formule classique du MAE. Les certifications internationales (Equis, Epas, AMBA, AACSB) seront également une priorité pour le réseau car elles permettent d’accueillir plus d’étudiants étrangers grâce à des logiques d’échanges internationaux avec des institutions accréditées.
Néanmoins, il est nécessaire de respecter la diversité des instituts qui n’avancent pas au même rythme à l’international. Ainsi, signale Jérôme Rive, directeur de l’IAE de Lyon, « certains IAE, comme Lyon, Pau, Aix, …ont déjà complètement basculé à l’international, d’autres ont besoin de faire partir plus d’étudiants à l’étranger et commencent par ouvrir une option internationale au sein du MAE. L’IAE de Pau-Bayonne (Université de Pau et des Pays de l’Adour) n’est pas un des plus grands, mais propose des formations très internationales ».
Sylvette Figari
IAE : les chiffres de l’international
– 3 000 étudiants accueillis chaque année
– 1 300 étudiants partent à l’étranger
– 80 pays partenaires des IAE